RÈGLE DE TROIS CATHERINE MEURISSE Après La Légèreté, où elle racontait son après-Charlie Hebdo (alors caricaturiste du journal, elle avait échappé de peu à la tuerie), la nouvelle BD de Catherine Meurisse, Les Grands Espaces, relate son enfance à la campagne, dans une vieille bâtisse retapée amoureusement par ses parents. Elle a répondu à notre questionnaire cinéphile. 3 films qui vous donnent des envies de campagne ? Chambre avec vue de James Ivory. La scène où George Emerson et Lucy Honeychurch s’embrassent fougueusement dans la campagne florentine donne envie de partir vivre fougueusement en Toscane. Amarcord de Fellini. De nouveau il s’agit de la campagne italienne, dont on sent le vent chaud, les odeurs de terre et de paille. Bright Star de Jane Campion. Parce qu’un peu de pluie sur un jardin ne fait jamais de mal. L’acteur ou l’actrice qui vous faisait fantasmer à 13 ans ? Jean Reno dans Les Visiteurs. Il y avait quelque chose de sexy et grunge dans la cotte de maille peu ragoûtante de Godefroy de Montmirail, et j’enviais Valérie Lemercier qu’il emmenait sur son destrier à la fin du film. Décrivez-vous en 3 personnages de films. Audrey Hepburn, quand elle se met à danser dans une cave de Saint-Germaindes-Prés dans Funny Face de Stanley Donen. Elle finit exténuée mais elle a fait ce qu’elle voulait. Tous les personnages de One, Two, Three. Chez Billy Wilder, il y a la conscience que rien ne tient debout sans humour. Chihiro. Je garde ce personnage de Miyazaki à l’esprit pour me souvenir de la nécessité de rêver. 3 héros ou héroïnes de cinéma sauvé(e)s par l’art ? Jean-Claude Dusse peignant sur des seins dans Les Bronzés. Moi-même, dans l’adaptation de La Légèreté par Julie Lopes-Curval ! [Le film est en préparation,ndlr.] La confrontation avec la beauté finit mal dans Mort à Venise de Visconti. Gustav von Aschenbach est sauvé… dans une autre vie. Le film que vous avez vu 3 fois, ou plus ? Singin in the Rain. Comédie joyeuse, futée, parfaite. J’ai passé des heures à en scruter les chorégraphies — : « Les Grands Espaces » de Catherine Meurisse (Dargaud, 92 p.), sortie le 21 septembre — 12 lorsque je travaillais sur mon album Moderne Olympia, une comédie musicale qui se passe au musée d’Orsay (Futuropolis, 2014). J’interrompais régulièrement mon travail pour improviser quelques pas de claquettes. Cela me permettait de sentir, de dessiner les bons gestes, et cela me divertissait, par la même occasion – un auteur de BD passe trop de temps avachi de manière disgracieuse sur sa table à dessin. 3 dessinateurs ou peintres qui mériteraient un biopic ? Charb, rien que pour revoir sur grand écran ses dessins hilarants qui vous font souvent penser que, comme Reiser, « c’était le plus fort ». Eugène Delacroix, qui était beau gosse en plus d’être virtuose. Le Caravage, dont le sous-titre du biopic pourrait être « Violence et Passion », si ce n’était pas déjà le titre d’un film magistral de Visconti. PROPOS RECUEILLIS PAR JULIETTE REITZER DARGAUD/RITA SCAGLIA |