BEAUX INCONNUS « Japonismes », c’est aussi l’occasion de voir des œuvres peu voire jamais sorties de l’archipel. Dans les réserves du musée d’art moderne de Tokyo, on a découvert des toiles inédites de Foujita qui seront exposées dans la rétrospective que lui consacre la Maison de la culture du Japon début 2019. Parmi elles, deux grands tableaux baroques appartenant à une série de chroniques de guerre qui lui ont été commandées lorsqu’il était peintre officiel de l’armée japonaise sur le front du Pacifique, et qui tranchent avec son style doux. Dans le plus vieux temple de Kyoto, le Kennin-ji, on nous a aussi dévoilé le paravent du dieu du vent et du dieu du tonnerre, épique scène mythologique sur fond de feuilles d’or peinte par Tawaraya Sōtatsu (1570-1643), précisément quand un orage se déclenchait sur l’immense monument zen. Ce trésor national sera visible au musée Cernushi à partir de fin octobre. Autres précieuses reliques montrées pour la première fois à Paris, au Petit Palais en septembre, trente rouleaux représentant la nature et les animaux selon le sens du détail hallucinant d’Itō Jakuchū (1716-1800). JAPONISMES 2018 D. R. Itō Jakuchū, Buddha Śākyamuni, avant 1765 — : g Le programme de « Japonismes 2018. Les âmes en résonance » est consultable sur japonismes.org/fr/— 92 D. R. MARKER AU SAKÉ Notre voyage au Japon s’est terminé à La Jetée, minuscule et génial bar dédié à Chris Marker dont la porte d’entrée (repérable au tag de Guillaume-en-Égypte, l’avatar chat du cinéaste) est noyée parmi les échoppes agglutinées dans le petit quartier hors du temps de Golden Gai à Tokyo. Saké à la main, on a parlé avec Tomoyo, la timide patronne, de sa passion pour la Nouvelle Vague et de son amitié avec Arnaud Desplechin : « Arnaud passe à La Jetée à chaque fois qu’il vient à Tokyo. » On est sûrs de faire de même. SHŌKOKUJI, KYŌTO |