ZOOM ZOOM THE LAST OF US Dénuée SILENT VOICE de Le FILMS — : d’Ala Eddine Slim 0 0 Potemkine Films (1 h 34) Sortie le 22 août — de dialogues mais pas d’audace, cette fable picaresque met en images les traversées qu’effectue un passager clandestin subsaharien cherchant à rallier l’Europe. Grâce à sa totale liberté plastique, qui lui permet d’explorer l’immensité des paysages aussi bien que le visage de son héros, le Tunisien Ala Eddine Slim traite de manière métaphorique une quantité de thèmes qui dépassent le seul récit de voyage. Le personnage, dénommé N, devient progressivement une figure atemporelle représentant la solitude et passant par diverses mutations qui prennent la forme d’un retour à la vie primitive. Dans une dernière partie nettement plus onirique que sociopolitique, The Last of Us semble ainsi vouloir illustrer ce qui constitue le sel d’une existence humaine dès lors que le monde détourne le regard et ne prête plus attention. Entre ermite volontairement solitaire qui trouve la quiétude et victime marginalisée par la société contemporaine, N s’avère insaisissable. Et cette œuvre aux apparences minimalistes finit par dévisager son spectateur pour le renvoyer à l’étrangeté de sa condition moderne. DAMIEN LEBLANC — : de Naoko Yamada Art House (2 h 05) Sortie le 22 août — film d’animation tiré du manga à succès de Yoshitoki Ōima – une histoire de chute et de rédemption – arrive enfin en France, deux ans après sa sortie au Japon. La vie d’Ishida, un collégien agité, bascule avec l’arrivée de Nishimiya, une élève atteinte de surdité. Pour amuser la galerie, le garçon multiplie les moqueries, et détruit un cahier dont elle ne se sépare jamais. Cette situation conduit la jeune fille à changer d’école. Tenu pour responsable, Ishida est mis au ban par ses camarades. Quelques années plus tard, dépressif et suicidaire, le jeune homme n’a plus qu’une idée en tête : se faire pardonner… Si le pitch peut sembler tire-larmes, le spectateur n’est jamais mené en bateau. Car si le handicap et le harcèlement sont des thèmes forts de l’œuvre, ils constituent surtout la toile de fond d’une histoire de rédemption et d’ouverture aux autres. Un canevas agrémenté de jolies trouvailles visuelles – quand Ishida se referme sur lui-même, des croix se superposent au visage des autres pour signifier leur perte d’identité à ses yeux. Cette expressivité, alliée à un découpage nerveux, achève de donner au film un dynamisme rafraîchissant. GUILLAUME LAGUINIER 76 |