ZOOM ZOOM FILMS SUR LA PLAGE DE CHESIL Adaptation 74 — : de Dominic Cooke Mars Films (1 h 50) Sortie le 15 août — d’un livre de Ian McEwan, écrivain britannique dont deux romans sont portés à l’écran cet été – Sur la plage de Chesil et L’intérêt de l’enfant, sous le titre My Lady –, ce film sur les hésitations du désir dépeint une nuit de noces qui tourne mal dans l’Angleterre corsetée des années 1960. Tout commence de manière plutôt idyllique : Florence (Saoirse Ronan) et Edward (Billy Howle) sont beaux, jeunes, ils viennent de se marier et ils montrent à la société que l’on peut venir de classes sociales différentes et s’aimer mais… le premier soir de leur lune de miel, il ne se passe rien physiquement entre eux, Florence ne ressentant aucune attirance pour son mari. Dans l’incompréhension, ils tentent de se parler et de revenir sur leur histoire… Malgré une construction en flash-back qui pourrait prendre la forme d’une démarche de justification vaseuse, le film ne cherche jamais à éclaircir l’absence totale de désir de Florence. Flou, il avance au contraire avec lucidité, en partant du principe qu’il n’y a rien à expliquer – tandis que le jeu subtil et nuancé de Saoirse Ronan donne à cette héroïne moderne une vraie ampleur féministe et mystérieuse. QUENTIN GROSSET BLACKKKLANSMAN La — : de Spike Lee Universal Pictures (2 h 08) Sortie le 22 août — pilule ne passe pas, après l’élection de 2016 qui a vu Donald Trump devenir président des États-Unis malgré ses discours de campagne haineux. Grand prix à Cannes cette année, ce pamphlet explosif signé Spike Lee et adapté de l’autobiographie de Ron Stallworth (génial John David Washington) revient sur l’expérience du premier Afro-Américain admis au sein de la police de Colorado Springs qui, à la fin des années 1970, s’est infiltré au sein du Ku Klux Klan en se faisant passer au téléphone pour un sympatisant de la puissante organisation suprématiste blanche, incarné sur le terrain par son collègue blanc et juif (excellent Adam Driver). À travers ce duo, Spike Lee ausculte, avec son sens de l’ironie, les troubles identitaires générés par le racisme, et dessine en contours les tentations d’une autodéfense violente (le Black Panther Party). En plaçant dans la société d’hier les slogans d’aujourd’hui (« America first ») , en nous confrontant à des extraits vidéos de manifestations de l’alt-right américaine à Charlottesville en 2017, le cinéaste finit de nous convaincre de la nécessité de lever le poing, dans la rue comme sur grand écran. JOSÉPHINE LEROY |