Trois Couleurs n°162 septembre 2018
Trois Couleurs n°162 septembre 2018
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°162 de septembre 2018

  • Périodicité : mensuel

  • Editeur : MK2 Agency

  • Format : (170 x 285) mm

  • Nombre de pages : 116

  • Taille du fichier PDF : 11 Mo

  • Dans ce numéro : à l'aventure...

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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ZOOM ZOOM LES FILMS DU MOIS À LA LOUPE LE POIRIER SAUVAGE Après sa Palme d’or Winter Sleep en 2014, Nuri Bilge Ceylan compose une nouvelle fresque familiale grandiose dans les impressionnants paysages turcs. Récit du retour dans son village natal d’un jeune homme fraîchement diplômé qui déchante face à son avenir, le film (qui était en Compétition à Cannes en mai) sonde subtilement notre époque en même temps qu’il livre une réflexion atemporelle sur les rapports entre générations. Bouche bée, Sinan fixe la mer à travers la baie vitrée d’un café écrasé par le soleil, comme déjà sonné par son propre horizon. Ses études terminées, il a repris la route de son village d’Anatolie et n’a pas l’air follement réjoui. Sur place, côté famille, il retrouve avec un plaisir dissimulé – son visage oblong à la Droopy est peu démonstratif – sa mère et sa sœur, mais avec méfiance son père, vieil instituteur farceur à la déshonorante réputation de parieur. Côté travail, il a bouclé un premier roman enraciné dans la région intitulé Le Poirier sauvage, mais doit se démener pour le faire publier. Pour assurer ses arrières, il prépare le concours d’instituteur, perspective peu réjouissante en ce qu’elle le renvoie à son père, mais tout de même plus belle que celle qui lui restera s’il échoue à l’épreuve ou ne trouve pas de poste  : intégrer la police (dans laquelle, comme le lui explique un ami d’enfance devenu flic, on se défoule en cognant sur les émeutiers). Dans un procédé similaire à celui qui faisait la force de Winter Sleep (les héros s’écharpent dans des petits g,
espaces et méditent dans les immenses paysages alentours), Nuri Bilge Ceylan juxtapose ici l’anxiété intériorisée de Sinan et la majesté de la nature où s’enracine le village. Comme dans cette scène dans laquelle le héros retrouve par hasard une amie d’enfance prête à épouser un tocard  : chacun fait part à demi-mot de son sentiment d’échec, jusqu’à ce que le malaise soit rompu par un baiser visiblement sans lendemain, et que la caméra suspende le temps en s’attardant sur le soleil et le vent dans les arbres. Mais, plus cérébral que physique, l’écrivain utilise surtout les mots pour tenter de conjurer son sort. Au fil de joutes verbales, il essaye de convaincre les notables locaux (dont le maire du village, qui a carrément enlevé sa porte de bureau pour signifier la transparence de sa politique) de financer la publication de son livre, de faire avouer à son père qu’il parie toujours au jeu ou encore d’humilier l’écrivain célèbre du coin. Si beau soit le cadre, trouver sa place dans un tableau déjà saturé de personnages hauts en couleur n’a clairement rien d’évident. TIMÉ ZOPPÉ FILMS 57 00 3 QUESTIONS À NURI BILGE CEYLAN Ce héros désabusé est-il le symbole de toute une jeune génération en conflit avec la société, ou spécifiquement de la jeunesse turque ? C’est difficile de dire qu’il peut représenter toute une génération. Il sent qu’il a des différences avec la société, ça lui crée un sentiment de non-appartenance et une forme de culpabilité. C’est ce que j’ai moi-même connu dans ma jeunesse. C’était impossible de m’en sortir sans passer par une rencontre avec l’art. C’est sous cette perspective que j’ai traité son rapport à la littérature. Comment avez-vous travaillé les dialogues denses pour les rendre digestes ? Plus que ce qui est dit, c’est le but et le type de lutte qui s’organise au travers d’un dialogue qui compte. Dans la vie, nous ne parlons généralement pas pour atteindre la vérité, mais pour gagner une position plus puissante. Par exemple, Sinan ne discute pas avec l’écrivain connu pour qu’il comprenne son point de vue, mais pour le mettre en position de faiblesse, le dominer, en citant des gens célèbres pour rendre sa théorie indiscutable. Comme dans vos précédents films, vous composez vos plans comme des peintures. Formellement, vous mettez-vous en danger à chaque projet ? Oui, sinon il n’y a ni motivation ni plaisir. Je m’en suis un peu voulu d’avoir risqué trop de choses sur ce film. Nous n’avons même pas testé les caméras au préalable, ce qui, pour un film de cette envergure, aurait dû être complètement inenvisageable. J’ai eu moins de liberté au montage, il y a des plans que je n’ai pas pu utiliser, et d’autres que j’ai dû intégrer malgré leurs défauts. —  : de Nuri Bilge Ceylan Memento Films (3 h 08) Sortie le 8 août — PALOMA PINEDA



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