LE 12 JANVIER 2010 À 16 H 53, UN TREMBLEMENT DE TERRE FRAPPAIT L’ÎLE D’HISPANIOLA. Dans la capitale haïtienne, Port-au- Prince, 25 km au nord-est de l’épicentre, les gens vaquaient à leurs occupations. Soudain, le sol s’est mis à trembler, les bâtiments se sont fissurés jusqu’à leurs fondations et le monde entier n’a plus été le même. Lorsque le séisme de magnitude 7 a cessé, près de 300 000 bâtiments s’étaient effondrés ou avaient été gravement endommagés. Une catastrophe qui, selon diverses estimations gouvernementales, a fait entre 230 000 et 316 000 victimes. Parmi les milliers de morts, du personnel d’ambassade, l’archevêque de Port-au-Prince et 32 membres de la Fédération haïtienne de football. Plus un million et demi de personnes qui se sont retrouvées sans abri, incluant le président René Préval dont la maison et le palais présidentiel ont été détruits. Dans les nuits qui ont suivi le séisme, de nombreux Haïtiens ont dormi dans leurs voitures, sous des portails et dans des bidonvilles de fortune. Le 14 janvier, les morgues de la ville étaient pleines et de nombreux corps ont donc été abandonnés dans les rues pendant que les équipes transportaient des milliers de cadavres vers les fosses communes. Pendant ce temps, les milliers de corps qui n’avaient pas été retrouvés parmi les décombres ont commencé à se décomposer sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Avec cinq hôpitaux détruits ou endommagés à Port-au-Prince et des routes bloquées par les débris, la situation dans ce pays, le plus pauvre de l’hémisphère occidental, était désespérée. Alors que la communauté internationale organisait des opérations de secours, l’ancien marine américain Jake Wood regardait les événements aux informations. Après un séjour de quatre ans au Moyen-Orient à son actif, incluant des missions anti-insurrectionnelles dans la province d’Al-Anbâr en Irak et huit mois au sein d’une équipe de snipers en Afghanistan, il s’est senti obligé d’apporter son aide. Wood avait quitté l’armée quelque soixante jours auparavant, il était donc en forme, avait l’expérience des opérations dans des pays fragilisés et possédait de nombreuses compétences transférables. Wood, alors âgé de 27 ans, a appelé une organisation locale de secours en cas de catastrophe pour offrir ses services mais on l’a remercié. Déterminé à se rendre en Haïti par ses propres moyens, il a mis une annonce sur Facebook, demandant si quelqu’un voulait se joindre à lui. L’ancien officier de renseignement de la Marine William McNulty, 33 ans et l’ami d’un ami, a répondu à l’appel. Les deux hommes se sont envolés pour la République dominicaine (le pays limitrophe d’Haïti sur l’île d’Hispaniola) où ils ont rencontré un autre marine et camarade de Wood qui s’y trouvait à titre de pompier. En route, ils ont rencontré un ancien infirmier des forces spéciales et deux médecins, dont l’un était un vétéran de la guerre du Vietnam. Le groupe hétéroclite s’est posé à la capitale dominicaine, Saint-Domingue, et a été transféré à la frontière haïtienne qu’il a atteinte quatre jours après le séisme. 72 THE RED BULLETIN ALAMY |