NICO MATHIEUX Son point de vue Mater ses vidéos est un entraînement à repousser vos limites mentales. Ce YouTubeur vigilant est le héros des aventures qui vous font kiffer mais que vous n’oserez jamais vivre ! Nico Mathieux, 25 ans, est un adepte de parkour, de plongée, de spéléologie et d’escalade en milieu naturel et urbain. Depuis un an et la création de sa chaîne YouTube, il entraîne son public à la découverte de ses péripéties époustouflantes. À l’image des livres dont vous êtes le héros, Nico Mathieux réalise des vidéos avec un drone et une GoPro, et vous embarque dans son expérience de plain-pied : au sommet d’une cheminée industrielle désaffectée en Slovénie, en mode toboggan sur les câbles d’un pont en Ukraine, ou lors de son expédition polaire en Islande… Autant d’exploits auxquels peu d’entre vous oseraient se frotter. À raison, car les risques sont millimétrés : Nico l’intrépide a dix ans d’expérience et d’entraînement derrière lui… the red bulletin : Quel rapport au danger entretenez-vous ? nico mathieux : J’annonce à mes followers : « Je vous emmène dans des ascensions ou des explorations pour vous faire découvrir un lieu où vous n’aurez jamais l’opportunité d’aller à cause des risques. » Je les emmène en immersion avec moi dans ce que j’aime faire sans jamais qu’eux aient besoin d’y aller et de se mettre en danger. Mais vous grimpez sans sécurité… Avec mon sport de départ, le parkour, j’ai été habitué à tout faire sans corde et sans harnais, donc c’était assez naturel. À force, ça fait tellement d’années que je fais des ascensions que je commence à connaître le vide et les risques, et à savoir quel entraînement il faut pour ne pas trop se mettre en danger. Et j’essaie d’expliquer cela très clairement dans mes vidéos. N’avez-vous jamais eu le vertige ? Avant mes 16 ans, impossible de faire un accrobranche. Le vide ne m’attirait pas. Mais j’ai compris avec l’entraînement que le vide n’est qu’une information. Si tu ne tombes pas à 50 cm du sol lors de l’entraînement tu n’es pas censé tomber si tu es très concentré, même à 100 m de haut. Comment testez-vous la fiabilité des installations que vous escaladez ? Je fais beaucoup de recherches en amont parce que j’adore ça. Quand je vois un monument, je me débrouille pour avoir les plans et m’informer un maximum. Avec le parkour, j’ai touché toutes les structures imaginables de bâtiments. Il n’y a pas cinquante mille matériaux sur Terre pour construire quelque chose. Alors je sais instantanément si ça va tenir ou pas rien qu’en le touchant. Si vous ne les partagiez pas, est-ce que vos exploits perdureraient ? Absolument, parce que je continue d’en faire sans les filmer. Je le fais pour moi à la base. La vidéo, c’est un plus. Je pense que ça fait plaisir de pouvoir partager, de faire découvrir des choses. J’évoque parfois mes échecs, c’est important aussi de montrer qu’on ne peut pas tout réussir. Est-ce que parmi vos followers, tous sont aptes à faire du parkour ? Je pense que 80% des personnes qui me regardent ne pratiquent pas ma discipline, même à petite échelle. Quand je donne des conseils, ça s’applique aux gestes sportifs du quotidien, les gestes que tout le monde fait. Il faut beaucoup de courage pour faire ce que vous faites, mais il en faut aussi pour vous regarder, non ? D’après certains commentaires, j’ai l’impression, oui ! (rires) Parfois j’ai plus peur en visionnant mes vidéos que quand je suis dans l’action, parce qu’il n’y a pas le toucher ni le ressenti du moment. Mais quand j’ai le matériau dans les mains, je sais que ça tient. La vidéo peut faire plus peur que la réalité. Et la fatigue dans tout ça ? C’est beaucoup de mental. La fatigue psychique peut bien plus vous pousser à stopper et à ne pas entreprendre une ascension que la fatigue physique. Le corps, lui, suit quand tu le connais bien. Et j’évolue généralement dans ma zone de confort. À quoi ressemble votre programme d’entraînement ? Depuis que je me suis mis à faire des vidéos, il a diminué, parce que je fais tout tout seul. Mais quand j’ai un gros projet, je me focalise pendant trois semaines pour récupérer le niveau dont j’ai besoin pour être large. Je fais de l’escalade trois fois par semaine. Quand je m’entraîne, j’y vais à deux cents pour cent, je travaille mes lacunes tout le temps, je ne reste jamais sur mes acquis. Quelle est l’expérience qui vous a le plus marqué ? La tour Glòries à Barcelone, ça restera l’épisode le plus éprouvant de ma vie jusqu’à maintenant. C’était mon premier gratte-ciel par l’extérieur sur des vitres avec une difficulté très importante. Mais hormis les escalades, c’est l’expédition polaire que j’ai faite avec Jean (son meilleur ami,ndlr) en Islande. Je suis quelqu’un qui a envie d’avoir de beaux points de vue. C’était hyper éprouvant, hyper fatigant, il faisait hyper froid (–30°C,ndlr), mais j’en garde un souvenir mémorable. C’était un engagement sur huit jours, il fallait être sûr qu’on ait tout bien calculé sinon on n’avait aucun moyen de rester en vie. Avez-vous dépassé vos limites ? Là oui, parce que j’y suis allé avec un déficit de connaissances, un savoir qu’on ne peut développer qu’en y allant. J’ai plutôt bien géré au final. nicomathieux.com 16 THE RED BULLETIN @SUBTILITE, NICO MATHIEUX CHRISTINE VITEL |