« Il ne faut pas avoir peur de se jeter dans l’inconnu et prouver à quel point on croit en ses rêves. » ANALYSE Jérôme Delafosse inspecte la pile à combustible qui convertit l’hydrogène en électricité (en haut). SALLE DES MACHINES Ici, l’eau de mer est transformée en hydrogène pour l’alimentation du moteur électrique (visible à droite). renouvelables. C’est notre moyen de stockage. Ensuite, lorsque nous n’avons plus de soleil ni de vent, nous envoyons l’hydrogène stocké sous pression dans une pile à combustible qui va le transformer en électricité. C’est cela qui nous favorisera la navigation de nuit par exemple. Une bonne idée ne suffit pas. Il faut aussi convaincre les gens… Il faut les convaincre qu’on peut transformer le monde ! Alors supposons que je veuille créer une start-up ou révolutionner l’approvisionnement énergétique mondial contre les intérêts d’opposants qui valent des milliards... Vous devez être sacrément motivé, et trouver des alliés plus intelligents et plus puissants qu’eux. Et ensuite ? Il ne faut pas avoir peur de se jeter dans l’inconnu et prouver à quel point on croit en ses rêves. En prenant des risques financiers personnels, par exemple ? Lorsqu’on se lance dans un projet comme ça, il y a toujours un facteur de risque. Il y a les succès et il y a les échecs qui font peur et douter, mais à un moment donné, on arrive à un point de non-retour. Peu importe ce qu’il se passe, vous ne pouvez plus revenir en arrière, vous devez réussir. Comment vous est venue cette idée ? Victorien Erussard, mon ami et partenaire de projet, qui en a développé l’aspect technique, a remporté de nombreuses régates et championnats, mais il a perdu la Transat Jacques Vabre parce que ses batteries l’ont lâché. Nous avons donc eu l’idée de construire un bateau qui pourrait s’auto-alimenter en énergie. Où en êtes-vous dans votre odyssée ? Nous avons déjà visité dix-sept pays. La première année, nous n’avons amarré que dans les ports français ; l’année dernière, nous avons navigué sur toute la Méditerranée. En 2019, nous nous concentrons sur l’Europe du Nord. Puis viendront l’Asie, le Pacifique et la côte ouest des États- Unis et, en 2022, l’Amérique centrale et la côte est des États-Unis. Cette entreprise est-elle particulièrement risquée ? Nous avons déjà été pris dans des vents très violents et parfois « casse bateau » quand la houle est très serrée, comme en Méditerranée entre Barcelone et Marseille. Le plus inquiétant, c’est quand les vagues viennent se fracasser sous la nacelle, ça grince, ça craque, mais ça tient. Nous sommes fiers car, si nous prouvons que notre concept fonctionne en milieu extrême, nous pourrons l’adapter partout à terre, dès demain, dans une maison, dans les villes et 70 THE RED BULLETIN |