# TERRE D’HOMMES HISTOIRE GUERRE 1939-1945 Paris libéré Texte : COL Claude FRANC - Photos : ECPAD Fin août 1944, la libération de Paris se précise. Le 19 août, l’insurrection parisienne est déclenchée par le comité parisien de la Libération. Paris se couvre de barricades. Le 24 août au soir, les premiers chars de la 2 e division blindée arrivent sur le parvis de l’Hôtel de Ville. L’ENJEU DE LA LIBÉRATION de Paris est indissociable de la course au pouvoir, que chaque formation politique sent à sa portée. Cette lutte pour le pouvoir va se focaliser entre »gaullistes» – terme générique correspondant au gouvernement provisoire (GPRF) siégeant alors à Alger – et les communistes. Les premiers veulent faire officiellement reconnaître leur autorité par les Alliés, tandis que les seconds, s’ils savent la conquête du pouvoir impossible pour eux 1, veulent influer le plus possible dans les instances futures du pouvoir national. Cette lutte se focalisera autour de deux hommes, Alexandre Parodi, délégué du GPRF et le lieutenant-colonel Rol-Tanguy, commandant les FTP 2 d’Ile-de- France, avant que n’intervienne le bras armé du Gouvernement provisoire, la 2 e division blindée (2 e DB). L’INSURRECTION PARISIENNE Les Allemands, quant à eux sont sous les ordres du commandant du »Gross Paris», le général Von Choltitz. Ils disposent essentiellement de 20 000 hommes, 80 chars (des anciens chars français), 6 pièces 50 # Juillet/Août 2019 - TIM 306 d’artillerie, 23 canons de 150 et 105 millimètres, 35 pièces de 75 et 88 ainsi que quelques unités de Waffen SS. Pour les Allemands, Paris conserve un intérêt militaire tant qu’ils ont des moyens engagés au sud de la Seine, car les seuls ponts intacts se situent entre l’estuaire du fleuve et Montereau. Ils ont constitué une défense fixe, à base de bouchons antichars autour de canons de Flak 3 interdisant les axes sud. Les Forces françaises de l’intérieur (FFI) sont estimées à moins de 20 000 hommes, ne disposant d’aucun armement lourd. Le 18 août, la police s’étant mise en grève, Parodi fait occuper la préfecture de police (qui dispose de liaisons sûres et protégées avec les commissariats des 20 arrondissements, ainsi que ceux des municipalités de la Petite Couronne) au nez et à la barbe des FTP communistes, ce qui déclenche l’insurrection parisienne. Après une série de vicissitudes, Paris se couvre de barricades, tandis que les Allemands se retranchent dans plusieurs points forts : l’École militaire, le Sénat et la caserne des Célestins. Parodi avait mis à profit une trêve pour faire occuper les ministères et Matignon par des gens sûrs. La situation est complexe : les Allemands n’ont pas les moyens de réduire les barricades, tandis que les FFI ne sont pas suffisamment puissantes pour s’emparer des points d’appui allemands. La solution ne peut venir que de l’extérieur. LA 2 e DB MARCHE SUR PARIS Le 22 août, après l’intervention du général de Gaulle auprès d’Eisen- Les Parisiens érigent des barricades. hower, l’autorisation est donnée par Bradley à la 2 e DB, de « marcher sur Paris ». S’extrayant immédiatement du »bourbier» normand dans lequel il n’avait engagé Langlade à Argentan qu’avec la plus extrême prudence, Leclerc regroupe en 24 heures sa division à Rambouillet. L’ordre pour le 24 est simple : s’emparer de Paris. Après de faux renseignements lui indiquant que la RN 10 est sous contrôle d’éléments blindés, il fait effort par la RN 20 : Billotte vise la Porte d’Orléans et Dio la Porte d’Italie. Il se couvre à hauteur de l’axe Versailles-Paris en indiquant comme premier bon à Langlade le Pont de Sèvres. Ce faisant, il piétine, tombant sur le gros de la défense allemande, et ce n’est qu’un faible détachement, de la valeur d’une compagnie qui atteint l’Hôtel de Ville. |