# TERRE D’HOMMES PORTRAIT Il pourrait parler pendant des heures, de ses tests et de son domaine d’expertise. Officier de marque à la STAT, le CBA Guillaume expérimente mines, explosifs, équipements EOD et robotique terrestre. Ses conclusions concourent aux évolutions des matériels. Rencontre avec un avant-gardiste. 36 # Juillet/Août 2019 - TIM 306 CBA GUILLAUME Expérimentateur de génie Texte : CNE Maude DEGRAEVE – Photos : Didier DUPUIS/STAT ACCROCHÉ À L’UN DES MURS de son bureau, un disque noir d’environ un mètre de diamètre. « Un »passmu» », précise le chef de bataillon Guillaume. Comprendre : passe-muraille. Contrairement aux cadres et fanions qui ornent la pièce, cette décoration ne rappelle pas un moment passé de la carrière du commandant, mais bien ses travaux actuels. Officier de marque sur les mines, explosifs, EOD et robotique terrestre à la Section technique de l’armée de Terre (STAT), il suit les programmes et appuie leurs développements. « C’est une sorte de mariage à trois entre l’armée de Terre, l’industriel et la Direction générale de l’armement pour obtenir la production de systèmes d’armes adaptés aux exigences des forces », explique-t-il. Guillaume réalise plusieurs étapes indispensables à l’adoption d’un nouveau matériel : EVTO 1, expérimentations et rapports. « Avec les sous-officiers de mon groupe, nous testons le matériel de manière poussée pour trouver ses limites. Nous avons une très grande liberté. » Malgré l’application de règles de sécurité, l’officier bénéficie d’une marge de manœuvre unique et propre à sa fonction. « Par exemple, l’industriel préconise d’être à une distance minimum de 25 mètres lors de la déflagration du passmu. Mais la règlementation militaire impose une distance de plusieurs centaines de mètres, explique l’officier de marque. Pour les tests, je suis obligé de passer outre. Cette liberté nécessite une rigueur professionnelle sans faille. » Finalement, plusieurs tests sont réalisés en plaçant un détecteur de blast à différentes distances avant que l’expérimentateur se place lui-même à seulement 30 mètres. « Quelques temps plus tard, nous avons fait exploser cette munition d’effraction en présence du major général de l’armée de Terre. Il valait mieux être sûr du résultat… », s’amuse-t-il. DES DOMAINES TRÈS TECHNIQUES « J’adore mon métier. En dehors du commandement et des Opex, c’est le meilleur poste que j’ai tenu ! », s’enthousiasme Guillaume. Lorsqu’il s’engage en 1996, son DEUG de sciences et structure de la matière en poche, celui qui rêvait de devenir pilote de chasse, se dirige vers l’Aviation légère de l’armée de Terre. Après quatre ans comme mécanicien sur hélicoptères de combat, il passe le concours de l’EMIA 2. Il décide alors de changer de voie et rejoint le 13 e régiment du génie. « J’aime les domaines très techniques. C’est pour cette raison que le génie m’a attiré », explique-t-il. Il y effectue ses temps de chef de section, d’officier adjoint et de commandant d’unité en compagnie de combat. « Après mon temps de commandement, je ne savais pas vraiment quoi faire. Mais j’ai rapidement pris |