midi. Stationné à deux pas de la gare de l’Est (tenue par une autre section), il est en charge de toute la zone alentour et d’une partie du 9 e arrondissement. Ce périmètre est particulièrement sensible. Outre la proximité de plusieurs gares, le quartier regroupe des zones très touristiques. Dans la rue, les six marsouins parachutistes ne passent pas inaperçus. Nouveau fusil HK en position patrouille et casque fixé sur leur structure modulaire balistique, les solides gaillards en imposent naturellement. Attablée à une terrasse de café, Laurence, une habitante du quartier, les regarde passer avec bienveillance. « Ce doit être difficile pour eux d’être loin de leur famille, mais j’avoue être plus rassurée quand ils patrouillent dans nos rues. » Une fois de plus, l’itinéraire est décidé au dernier moment par le chef de groupe. « Le boulevard Poissonnière est plus fréquenté l’après-midi, je vais donc concentrer mes efforts autour de cet axe, affirme le CCH Alexandre. En patrouille mobile, nous nous sentons plus utiles. Chaque marsouin parachutiste est pleinement conscient de sa mission. Les différents évènements nous ont prouvé la nécessité d’être constamment sur nos gardes. Tout peut très vite basculer. Notre capacité de réversibilité est notre force. Nous avons beaucoup travaillé en amont pour cela. » « J’AI LA MAIN SUR MA MISSION » Comme beaucoup de soldats de l’armée de Terre, les militaires de Carcassonne n’en sont pas à leur première mission Sentinelle. Pourtant le régiment a tenu, une nouvelle fois, à les préparer de la meilleure manière possible. « Nous avons bloqué trois semaines pour la mise en condition finale, explique le capitaine Pierre, officier adjoint de la 3 e compagnie. La première était réservée aux cadres. Nous avons été accueillis au sein d’une école de police pour réviser le cadre législatif de nos interventions et étudier plusieurs cas concrets. Les deux autres semaines, la compagnie réunie a travaillé tous les modules nécessaires avant une projection sur le TN. Au programme notamment  : TIOR, maniement des armes et tir avec le TOC 2, et des séances d’information pour l’ensemble de la compagnie. À l’issue, nous avons organisé un parcours de restitution en cinq ateliers. Cet exercice décrivait des situations plausibles allant de la gestion d’une simple altercation jusqu’à une prise d’otage ou une tuerie de masse. Pour les scénarios, nous nous sommes appuyés sur des cas réels. C’est aussi un moyen de faire une piqûre de rappel interpellant chacun sur l’importance de la prise en compte de la mission. » La journée touche à sa fin. La ville change doucement d’aspect. Les immeubles de bureaux se vident et inversement, les terrasses de cafés se remplissent. Parisiens et touristes se mêlent dans un flux continu à l’entrée des bouches de métro ou devant les restaurants et lieux de loisirs. C’est l’heure pour Sentinelle, une nouvelle fois, d’adapter sa mission. Pour ne pas perdre de temps, le groupe du CCH Alexandre a décidé de dîner dans un restaurant à quelques pas de la caserne de la Garde républicaine. À la caisse, le patron ne paraît nullement surpris par ces clients particuliers qui règlent avec leur carte Sodexo. « Nous sommes maintenant habitués à servir les soldats de Sentinelle, plaisante le gérant. On accélère même le service, car nous savons que leur temps est compté. Ils font partie de la vie du quartier désormais ! » Il est vingt heures, l’heure de reprendre la patrouille. Contrairement à celui de l’aprèsmidi, l’itinéraire s’éloigne des principaux lieux de commerce de la journée. « Une fois de plus, je m’adapte, répète Alexandre. J’ai vraiment la main sur ma mission. C’est tout l’intérêt de cette nouvelle configuration. En cette fin de semaine, je sais que certains quartiers seront plus animés en raison des nombreux restaurants implantés. Je vais donc me concentrer sur cette zone. Le cahier de consignes ne remplacera jamais la connaissance du terrain. Cette vérité s’applique dans le désert malien comme dans les rues de Paris. » Après deux heures de marche dans le 10 e arrondissement, le chef de groupe annonce la fin de la journée. Pour éviter des amplitudes horaires trop importantes en rentrant à Vincennes, les militaires passent la nuit dans les locaux d’une école. P P 2 Témoin d’obturation de chambre. Séance de sport après la patrouille de nuit. Le second repas de la journée est pris dans les vigies. TIM 306 - Juillet/Août 2019 # 27