ÉDITORIAL # La coopération civilo-militaire  : une actualité et une opportunité Par le colonel Stéphane Pau, commandant le CIAE EN 2012, LE CENTRE INTERARMÉES des actions sur l’environnement était créé, reprenant à son compte la mission de penser et de conduire les actions civilo- militaires. Désormais englobées sous l’appellation de coopération civilo-militaire (CIMIC) et réapparues au tout début des années 2000, elles sont plus que jamais d’actualité. La fin de la guerre froide, il y a trente ans, remettait au centre de la réflexion militaire l’environnement humain en opération  : s’il reste crucial de comprendre l’ennemi ou l’adversaire, il faut aussi comprendre les causes profondes du conflit et savoir s’appuyer sur les populations qui sont au cœur des confrontations actuelles. La CIMIC renoue ainsi avec ce que les armées françaises ont toujours fait sur les théâtres d’opérations depuis plus d’un siècle et que le maréchal Lyautey, au Maroc, illustrait déjà  : « Donnez-moi un médecin, je vous rends trois compagnies […] un chantier vaut trois bataillons ». Là s’inscrit pleinement le travail de la CIMIC, avec les aides médicales à la population ou la coordination étroite avec les acteurs du développement, en complémentarité des autres unités des forces. Malgré l’expansion des moyens techniques de communication, rien ne remplace le contact humain de proximité avec les populations. Rien ne remplace la concrétisation d’un projet ouvrant des perspectives économiques locales, reprenant l’idée qu’il n’y a pas de sécurité sans développement, ni de développement sans sécurité. Enfin, leur « Il faut savoir s’appuyer sur les populations qui sont au cœur des confrontations actuelles » connaissance très fine de l’environnement humain permet aux acteurs de la CIMIC d’établir les liaisons incontournables entre les acteurs non militaires dans la crise, qu’ils soient issus des organisations internationales, gouvernementales ou non. Le président de la République l’a à nouveau rappelé lors de ses vœux aux Armées à propos de l’opération Barkhane  : « Au fond, ce qu’au Sahel nous sommes en train de conduire, c’est une stratégie inédite, associant l’effort de défense, l’effort de développement et l’effort diplomatique ». La fonction CIMIC a pour mission de servir quatre grands objectifs  : renforcer l’action militaire en participant à l’acceptation de la force sur le théâtre, contribuer à la cohérence des actions en établissant une liaison permanente avec les autres acteurs du théâtre, qu’ils soient humanitaires, économiques ou diplomatiques, accélérer la sortie de crise en favorisant l’accès aux entreprises civiles pour qu’elles puissent agir au plus tôt à la reconstruction, contribuer à la promotion de l’influence française économique ou culturelle. Le CIAE est le référent national de la CIMIC mais aussi d’autres domaines comme les opérations psychologiques (PSYOPS) ou l’analyse de l’environnement humain des opérations (EHO). Sa structure ne lui permet plus désormais d’être autonome dans ce volet CIMIC et il doit s’appuyer sur les Armées, directions et services, pour remplir le contrat opérationnel des Armées. C’est une réelle opportunité, notamment pour le personnel des unités des forces terrestres, de venir se former au CIAE et d’être déployé dans cette fonction au sein de son unité au Sahel, au Liban ou en République centrafricaine. n TIM 305 - Juin 2019 # 3