Terre Information Magazine n°304 mai 2019
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# TERRE D’HOMMES PORTRAIT ADJUDANT DANIEL « Il faut oser la DGSE » Texte  : CNE Maxime SIMONNOT-VIRBEL – Photos  : CCH Nicolas de POULPIQUET L’adjudant Daniel, 41 ans sert à la Direction générale de la sécurité extérieure depuis 4 ans. Une carrière débutée dans l’armée de Terre il y a 20 ans, plus précisément dans l’arme blindée cavalerie où il tient différents postes administratifs en régiment de chars de combat. Avant de devenir agent de la DGSE… VOUS NE VERREZ PAS son visage. Comme les milliers d’autres agents du » Service », son identité est protégée par un article de loi 1. Avant d’intégrer la DGSE, l’adjudant Daniel était un sous-officier comme en sortent des dizaines à chaque promotion de l’ENSOA 2, avec des rêves d’aventures au service de la France. « J’avais choisi l’arme blindée cavalerie mais pour raisons médicales j’ai dû m’orienter vers les postes administratifs, explique-t-il. J’ai été affecté au 503 e régiment de chars de combat en 2002. Là, j’ai commencé à faire de la logistique, 46 # Mai 2019 - TIM 304 du soutien, des RH, de la gestion d’effectifs au profit d’une unité de combat. » Pendant ses premières années sous les drapeaux, il évolue comme chef de secrétariat et effectue quatre Opex. « J’avais 24 ans et je partais tous les deux ans en mission. En 2004 en Côte d’Ivoire, j’ai eu l’opportunité de patrouiller pour la première fois et toucher du doigt le renseignement » d’ambiance ». J’étais un jeune soldat soucieux d’apprendre son métier de militaire. Ce qui impliquait de devoir m’adapter car les contraintes étaient fortes, nous étions en mode très » dégradé »  : il ne fallait pas avoir peur de la rusticité. » DES FACULTÉS D’ADAPTATION Des premières expériences marquantes, qui forgent chez Daniel son esprit de camaraderie et ses facultés d’adaptation à son environnement de travail. Des qualités qu’il met à profit lors d’un nouveau déploiement au Tchad en 2006, où il participe à une mission de recensement des expatriés français en cas d’évacuation de ressortissants. « Cette expérience m’a donné un bref aperçu du renseignement militaire. Ce qui m’a tout de suite plu, c’est l’aspect inépuisable et toujours changeant des missions de renseignement. » En 2009, Daniel passe son BSTAT 3 et c’est là, lors d’une séance de présentation de la DGSE, qu’il découvre les missions et les possibilités d’emploi au sein de cette unité particulière. « Au début, comme beaucoup, j’étais impressionné car, de l’extérieur, on ne connaît pas grand-chose de la DGSE. Je me suis dit : » ça a l’air super ce qu’ils font, j’ai envie d’y faire quelque chose, mais quoi ? ». À l’issue de la présentation j’ai donc posé quelques questions à l’intervenant et j’ai pensé que c’était peut-être l’occasion de me réorienter vers le renseignement. » Encore lié au service dans sa spécialité après son BSTAT, Daniel attendra cinq ans et deux déploiements en Opex avant de lancer son dossier de candidature. « En 2014, j’ai franchi le pas. L’idée avait fait son bonhomme de chemin dans ma tête. » Comme pour à peu près tous les agents, le processus de recrutement a duré un an pour l’adjudant Daniel. « Il est à l’image de celui d’une grosse entreprise, où il faut faire son CV et des lettres de motivation, ce que je n’avais pas fait depuis quinze ans ! Mais j’ai ainsi réalisé mon propre » bilan de compétences » et je me suis penché sur ce vers quoi je voulais me diriger. » Arrive alors le temps des nombreux allers-retours entre la garnison et le siège de la DGSE pour passer les tests et les entretiens » métier » avec les différents bureaux intéressés par son profil. « J’appréhendais cette confrontation. À ma grande surprise, je ne me suis pas retrouvé devant un » James Bond » baraqué. J’avais en face de moi des agents à l’apparence simple et discrète, qui ne présageait en rien des parcours de chacun au sein du » Service ». » UN PARCOURS À BÂTIR Une fois recruté, non pas dans sa spécialité d’origine mais dans le renseignement » pur » et après accord de la DRHAT 4, Daniel comprend qu’au cours des premières années, le parcours est surtout à bâtir. La patience est de mise pour se spécialiser, pour sa part, comme assistant d’exploitation du renseignement, pour évoluer ensuite vers
un poste d’assistant de recherche au sein de la direction du renseignement (DR). « Immédiatement, j’y ai trouvé mon compte sous plusieurs aspects. D’abord on nous confie des responsabilités qui, de mon point de vue, sont extraordinaires, et je pèse mes mots. La » matière » que j’avais à travailler était pour moi inédite et de grande importance. Ici, quand on vous recrute, on vous fait confiance et on vous donne tout de suite une mission  : le challenge est arrivé immédiatement dans l’emploi que je tenais, tant sur le fond que sur la forme. » Passer d’un escadron de chars à un travail en état-major parisien, qui plus est dans une unité aussi particulière, nécessite forcément une période d’adaptation. D’autant que dans cette unité constituée pour plus de 75% de personnel civil, le style de commandement (ou de » management ») est moins vertical et les missions confiées peuvent revêtir un large spectre. « Ce travail en équipe réduite est recherché et nécessaire pour avoir de l’autonomie, progressivement plus de responsabilités et un volume d’action plus important. » À son arrivée, Daniel se reposait à la fois sur ses compétences acquises au sein de l’armée de Terre, sur l’expérience de ses collègues et de ses chefs et sur la formation dont il a bénéficié, comme chaque agent, en arrivant au » Service ». « Le parcours militaire est un socle solide mais les formations en interne sont excellentes, qu’elles soient » basiques » ou » spécifiques ». Tous ces points d’appui créent une synergie qui nous aide à mener nos missions en toute confiance. » Son objectif dans les prochaines années ? « Partir en poste à l’étranger ! En attendant, j’ai pu partir quelquefois sur le terrain et j’y ai aussi trouvé ce que je recherchais  : l’autonomie et la responsabilité. Travaillant en » boucle courte », on voit tout de suite l’aboutissement de ce qu’on fait  : sur le terrain on peut mesurer tous nos efforts, et l’impact se paye » cash ». » S’il considère que dans les Armées, « il n’y a pas de petite mission, on est tous responsables à différents niveaux », il reconnaît que pour servir à la DGSE, il faut avoir conscience que toute action peut avoir de lourds retentissements. « Il faut avoir le goût du travail bien fait et le désir de mener à bien sa mission jusqu’au bout. Quoiqu’il arrive c’est une mutation comme y sont habitués les militaires. Sauf que dans mon ancien régiment, il y avait beaucoup d’inter actions entre la famille et la vie régimentaire. Ici, mon épouse sait ce que je fais globalement, mais pas précisément  : c’est le métier qui veut ça. Quant à mes anciens camarades, ils me » branchent », tant ils sont surpris de me voir aimer autant la vie parisienne alors que je suis originaire de la Drôme. » Pour l’adjudant Daniel, cela ne fait aucun doute : » boulot » aura su faire oublier » métro » et » dodo ». n 1 L’article 413-13 du code pénal. 2 École nationale des sous-officiers d’active. 3 Brevet supérieur technique de l’armée de Terre. 4 Direction des ressources humaines de l’armée de Terre. TIM 304 - Mai 2019 # 47



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