L’année commence bien pour Jo-Wilfried Tsonga qui a atteint les quarts de finale de l’Open d’Australie. De quoi gonfler à bloc le moral du numéro 1 français qui a de hautes ambitions. Pour le premier tournoi du Grand Chelem de la saison, vous n’êtes pas passé loin d’une victoire sur Roger Federer. Que vous a-t-il manqué ? Je trouve que j’ai bien joué. J’ai été solide et j’ai toujours été là. J’ai essayé de garder mon niveau de concentration à un niveau très élevé. J’ai donné le meilleur de moi-même sur ce match et je suis fier de ça. Il s’est montré agressif. Il n’a pas manqué grandchose dans le cinquième set. C’est ça la différence. Vous aimez bien ce tournoi, vous y faites de bonnes performances en général. Comment l’expliquez-vous ? Oui, c’est vrai que j’ai toujours hâte de venir en Australie à chaque début de saison. Comme c’est le premier Grand Chelem de l’année, dès qu’on reprend l’entraînement l’hiver, on est impatient d’être en tournoi et de jouer des matches pour valider notre travail fait à l’entraînement. On a besoin de se jauger, de se confronter aux meilleurs, sur des matches en trois sets gagnants. Et l’Australie nous offre tout ça. C’est un tournoi qui nous permet de lancer notre saison. Dans quels domaines pensez-vous avoir le plus progressé ces dernières années ? Je pense que je suis plus solide. Parfois, vous jouez deux semaines à un niveau incroyable et vous ne savez pas trop pourquoi. Mais pendant ces deux semaines, c’est comme ça. Puis après, pendant plusieurs mois, vous perdez tout. Je suis plus constant aujourd’hui, ça c’est une certitude. Malgré tout, le top 4 semble toujours intouchable et se retrouve souvent dans le dernier carré des Grands Chelems. Que devez-vous encore travailler pour arriver à franchir ce dernier palier ? S’ils sont numéro un, deux, trois et quatre, c’est qu’ils le méritent et parce qu’ils sont les meilleurs. C’est LE FRANÇAIS SE RAPPROCHE DU GRAAL JO-WILFRIED TSONGA « Je suis désormais plus constant » aussi simple que ça. Et ce n’est donc pas surprenant qu’ils se retrouvent au bout. Il faut peut-être que je me montre encore plus agressif dans les points importants, en fin de match. Comme a su le faire par exemple Roger contre moi, dans le 5ème set à l’Open d’Australie. Pensez-vous pouvoir faire mieux que Yannick Noah qui avait été numéro 3 mondial ? Il n’y a absolument pas de course. J’essaie simplement « JE NE VAIS PAS ME BATTRE CONTRE LES CRITIQUES, JE SUIS BIEN AVEC MA CONSCIENCE » de faire de mon mieux, d’aller le plus haut possible. Si je peux progresser au classement dans les années à venir ou cette année, ce sera top. Ça voudra dire que je joue bien, que je suis régulier et surtout que je donne du plaisir aux gens. Que vous apporte votre entraîneur Roger Rashhed ? Je n’aime pas trop parler de mes entraîneurs car c’est quelque chose de personnel. J’ai entamé une collaboration avec lui dans le but de me faire progresser, pas d’en parler dans les journaux. Je ne vais donc pas me mettre à raconter ce que je fais au jour le jour. Tennis Revue n°3 - mars-avril-mai 2013 Si vous pouviez remonter le temps, contre quel joueur aimeriez-vous jouer ? En fait, il y en a trois : Pete Sampras, Younes El Aynaoui et Patrick Rafter. C’était non seulement de super joueurs, mais ils avaient également une mentalité au top. Quel est le meilleur conseil que vous ayez reçu au cours de votre carrière ? De croire en moi-même. Si je ne le fais pas, les autres ne le feront pas pour moi. Cela peut paraître bête quand on dit ça, mais il faut un petit moment avant de croire en soi, cela ne vient pas immédiatement. Ça vient avec les résultats et la confiance que des gens placent en vous et qu’ils vous le disent. Vous avez été finaliste de l’Open d’Australie en 2008, pensez-vous que vous pourrez gagner un Grand Chelem un jour ? Je l’espère. C’est en tout cas l’un des principaux objectifs de ma carrière. Et si c’est Roland-Garros, ce serait encore mieux, bien sûr. Mais je ne vais pas faire le difficile (rires), si j’en gagne un des trois autres ce sera pas mal non plus, hein ? Vous avez été au centre de l’actualité récemment. On a critiqué le fait que vous receviez la Légion d’Honneur alors que vous n’habitez pas en France… Je me suis déjà expliqué sur ça. Les gens pensent ce qu’ils veulent, mais ils n’ont pas forcément tous les éléments pour juger. S’ils les avaient, ils nous jugeraient certainement différemment. On dit que je suis exilé fiscal, mais je fais une déclaration de revenus en France. Je suis résident en Suisse, mais je donne beaucoup d’argent au fisc français. Mais bon, je ne vais pas me battre contre les critiques, je suis bien avec ma conscience et mon principal objectif est plutôt d’essayer de bien représenter mon pays à travers le monde et de sauver des enfants à travers mon association. Et ça, ça me rend fier. Propos recueillis par Valérie Pratdessus 25