• 66 L O N G B O A R D « A N Y T H I N G I S P O S S I B L E « j’étais de retour sur le même spot et je faisais des airs, en single fin, le poster du OP pro c’était moi ! Dans la vie, il y a les inventeurs et les suiveurs, Il faut des gens avec une vision pour que les choses avancent. Pour moi rien n’est impossible, il suffit d’essayer ! » Tu es devenu pro à 18 ans. Beaucoup de gens se souviennent de tes planches bleu – blanc - rouge, comment as-tu fait pour gérer ta carrière ? C’était fou ! On ne peut pas être champion du monde et son propre coach à la fois. Mais comme personne ne pensait pouvoir vivre du surf, il a fallu que je le fasse ! Dans le surf, il n’y avait pas d’argent, alors j’ai été le premier surfer à trouver des sponsors en dehors du surf business. J’étais le premier à avoir la déco de mes planches à l’image de mon sponsor ! Les compétitions ? Je n’étais pas payé pour gagner mais pour faire tout ce qui était possible sur une planche de surf ! Mon manager, c’était moi, et avec le recul ce n’était pas une bonne idée. J’ai brûlé la chandelle par les deux bouts, mais c’est ce qui arrive quand tu es trop en avance sur ton temps ! La publicité m’a permis de faire le tour du monde sans dépenser un dollar, j’avais des accords avec des compagnies aériennes, des hôtels. Le surf business est une véritable industrie aujourd’hui, certains regrettent que l’aspect compétitif du surf ait pris le dessus sur le soul surfing. Cette professionnalisation à outrance te paraît bonne pour le sport ? Je n’ai jamais fait une compétition pour cinq juges, je le faisais pour moi et pour le public. Maintenant les choses ont changé. Avant, les surfeurs professionnels luttaient pour survivre ; maintenant, ils font des millions de dollars, je n’ai rien contre ça, bien au contraire. Le soul surfing existera toujours, avec ou sans la compétition... Le but pour moi, c’était de gagner de l’argent en faisant du surf, je ne regrette rien de ce que j’ai vécu, mais il faut reconnaître qu’il y a beaucoup plus d’argent aujourd’hui ! Et on veut tous gagner plus d’argent ! Tu étais le premier surfeur de Big Island à devenir pro. Depuis, d’autres ont suivi : Shane Dorian Conan Hayes, Myles Padaca, ainsi que le vainqueur de L’Eddie Aikau Noah Johnson. Pourtant, c’est l’île la moins bien lotie niveau vagues, comment expliques-tu ces succès ? Tout est possible. La preuve, on peut venir de Hilo, une ville où les vagues sont plutôt molles, et devenir le meilleur surfeur du monde ! Big Island est une île magique, et même si les vagues ne sont pas aussi grosses qu’ailleurs, il y a beaucoup de spots et la plupart cassent sur des reefs à fleur d’eau, sur des blocs de lave ou en face de falaises. Il n’y a pas beaucoup de place pour l’erreur, il y a plus de challenge. Warren Bolster/DR Steph Robin L a r r y d a n s l e s a n n é e s 8 0, en t r ai n d’i n v en t e r l’a e r i al. U ne f i g u r e qui, à s e s d é b uts, f u t a p p e l é e l e L a r r i a l en l’h on ne u r de s on i n v en t e u r (i m a g et i r é e du l i v r e T h e M a s t e r O f S u r f P h o t o g r a p h y, c on s a c r é a u r e g r et t é Wa r en B o l s t e r). Il y avait la vague world class de « Drain Pipe », qui a largement contribué à forger le style des meilleurs surfeurs comme Myles Padaca mais ce n’est pas la seule. Shane Dorian a appris les bases sur Banyans à Kona… Big Island, c’est un peu le jardin secret hawaiien. Encore aujourd’hui, l’île est relativement préservée, c’est un endroit où tu aimes retourner ? Big Island a toujours été un endroit à part dans la culture hawaiienne. Il y reste encore des familles de sang totalement hawaiien. Je suis moi-même trois quarts Hawaiien, c’est rare aujourd’hui. À l’époque, c’était vraiment sauvage, un terrain de jeu immense, je connaissais tout le monde, je pouvais faire ce que je voulais, c’était cool, pas de flic, pas grand monde et plein de vagues. Big Island est le seul endroit au monde où tu puisses surfer le matin, skier l’après-midi et retourner à l’eau le soir (faudra lui parler des Pyrénées,ndlr…). Chez mon oncle, il y avait des hélicoptères dans le jardin, on s’en servait pour aller surfer des vagues inaccessibles, et encore aujourd’hui pratiquement personne ne surfe jamais ces spots… Propos recueillis par Stéphane Robin S our i r e p e r p é t u el, p our l e R u b b e r m an, en p l e i n c h i l l d a n s l a G r a v i t y H ou s e d o w n t o w n H a l e i w a. |