Surf Time n°6 jun/jui 2006
Surf Time n°6 jun/jui 2006
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°6 de jun/jui 2006

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Free Presse

  • Format : (270 x 355) mm

  • Nombre de pages : 56

  • Taille du fichier PDF : 11,6 Mo

  • Dans ce numéro : Ré(tro)volution... le fish, queue de poisson de l'histoire du surf ?

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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40 DOSSIER RÉ(TRO)VOLUTION Le retour du fish, une queue de Par Stéphane Robin This might be the magic board for you » C`est sur ce conseil que je sortis d’un atelier de Byron Bay, avec sous le bras la plus sexy des boards que j’avais jamais acheté ! Cela faisait bien deux semaines que je zonais sur la Gold Coast, à la recherche d’une replica de fish. Il y avait pas mal de twin new school avec des stingers et des concaves dans les racks, mais là… J’étais tombé sur une bombe ! Une 5’10 Skip Frye modèle original shapée par Robert Fenech. La résine teintée renvoyait des reflets rouges délirants, mais un peu effrayé par l’engin, je me demandais si j’allais pouvoir tourner avec ses énormes ailerons. Un peu rassuré par le shaper, j’étais déjà sous le charme ! Je cherchais l’expérience ultime et ça n’a pas loupé, à la première session ce fut une vraie révélation ! Une glisse incroyable, une maniabilité surprenante, du pur fun. Comment avais-je pu passer à côté pendant tant d’années ? Car le fish, si on en voit un peu partout aujourd’hui, ne date pas d’hier ! Bien qu’il faille remonter à Tom Blake et Bob Simmons (fin des années 40 !) pour trouver les premières planches à deux ailerons, le mythe a pris son essor en Californie, dans les années 70. C’est un certain SteveLis, natif de San Diego qui designa le premier fish. La planche, un knee board à l’origine, faisait 5’4 » par 20 », avec très peu de rocker et un large tail ouvert en deux, en forme de V inversé. Steveaimait bien rider ses knee boards pintails et c’est pour éviter à ses palmes de traîner dans l’eau qu’il élargit l’arrière. Pour garder les caractéristiques du pintail, il coupe l’arrière en deux afin d’obtenir un double tail, chacun en forme de pintail, tout en en plaçant un aileron sur chaque partie ainsi obtenue. Deux ailerons, un swallow ou fish tail ; le fish était né ! C’est presque exclusivement à Point Loma, en Californie, que ce design fut testé, les surfers « debout « utilisant des versions un peu plus larges. Mike Tabeling champion US en 1971, David Nuuhiwa et Jim Blears, champion du monde en 1972, furent les premiers à expérimenter ce nouveau design, qui allait devenir un élément fondateur du surf moderne. Cette board permettait d’envoyer des cutbacks carrément plus radicaux, de tracer des lignes plus hautes pour voyager dans le tube et surtout il offrait de meilleures performances dans les petites vagues... 1976. Le twin fin fish est présenté à l'Australien Mark Richards par Reno Abellira. C’est finalement l’adaptation du design original de Lis faite par Marck Richards qui donna ses lettres de noblesse au fish design en le rendant extrêmement populaire, tant en Australie qu’aux Etats-Unis. À cette époque, ceux qui n’étaient pas encore les gourous du shape, Dick Van Straalen, Skip Frye et George Greenough allaient contribuer au développement de cette idée révolutionnaire, qui aujourd’hui encore n`a pas révèlé tout son potentiel… Fishmania Bizarrement, ce design tomba presque complètement aux oubliettes dans les années 80 avec l’avènement du thruster. Il faudra ainsi attendre la fin des années 90 pour voir revenir sur le devant de la scène le modèle le plus THE MAGIC BOARD QUELQUES ANNÉES PLUS TARD, TOUJOURS PARTANTE POUR UN PETIT TRIP. fascinant et le plus avant-gardiste de l’histoire du surf design. Aujourd’hui, le fish fait un come-back en force, la révolution est en marche, retour aux sources ou effet de mode ou simple déclinaison d’une histoire parallèle ?... Seul le temps pourra le dire. Sous l’impulsion de quelques pionniers, de nombreux surfers professionnels se sont mis à surfer des fishs, dans l’idée de revoir les standards du surf contemporain. Les résultats sont surprenants et que ce soient les frères Campbell, Dave Rastovich ou Donovan Frankenreiter, ils sont tous autant d’illustres ambassadeurs qui envoûtent littéralement les candidats au voyage par leurs capacités à rider ces boards d’une autre époque... Mais attention, tout le monde n’a pas leur niveau et la capacité de manier un fish comme ils le font… Rider un fish c’est une exigence curieuse, une autre manière d’envisager l’action sur la vague, une confrontation plus essentielle au coeur des choses. La planche agit comme un multiplicateur d’énergie, le ride n`est plus le même. Il se transforme en joie, toute la magie du surf résumée dans cet acte premier, dans la pureté du geste… Une sorte d’équilibre presque total entre vitesse, maniabilité et hauteur des trajectoires. LE NEWS GRATUIT DU SURF• NUMÉRO # 6 V. 3 STEPH ROBIN
DOSSIER 41 poisson de l’histoire ? Gone fishin’… Face aux racks de planches des surfshops qui combinent twins, fish, flyers, single quatro et autres boards rétros ou pas… On se demande toujours à quoi ça sert, comment ça marche ? Et surtout ce qui marche ou pas ? Toute la question est de savoir vers quoi l’on penche ? Si on est plutôt speed, adepte des rollers à midi, mangeur de courbes, coureur de barrels ou pourquoi pas maître du style ? Sans oublier que c’est l’été et qu’il va falloir trouver une alternative à la galette de compète ! Alors que la rétro révolution bat son plein en Europe, le nec plus ultra est bien de se dégoter une board en résine teintée avec des dimensions généreuses pour cramer tous ses potes au lineup ! Et aussi sur le parking bien évidemment ! Ça fait aussi partie du plaisir du fish. Elles en jettent les rétro boards, avec leurs courbes évocatrices qui renvoient à une image freeride heureusement toujours profondément ancrée dans chacun de nous (du moins on l’espère). Elles ont un charme tellement puissant que même les non-surfeurs sont attirés par ces boards d’un autre âge, qui dégagent une esthétique proche de l’oeuvre d’art. Surfer sur un petit bijou donnerait-il le moral ? A la pêche au fish Sur le marché, on a le choix. Et entre les néo-fishs, les replicas et les twins, il y a moyen de se perdre. Commencer par différencier twin et fish. Le fish est un surf avec deux ailerons, mais toutes les planches avec deux ailerons ne sont pas des fishs... Un fish se reconnaît avant tout au tail : un énorme swallow, sorte de queue de pie bien large, qui doit faire au moins 28 cm (11 inches) d’un coin à un autre. La profondeur du tail doit être d’au moins 33 cm (13 inches) contre 5 ou 8 cm (2 à 3 inches) pour un fish moderne. Les ailerons ensuite, les fameux keel fins, sorte de grosses oreilles de chat, ils sont plutôt longs et positionnés très en arrière, pour donner un maximum de conduite et d’accoche (au détriment d’une certaine maniabilité). Le wide point, la largeur la plus importante de la board est située vers l’avant. Comme un fish dans l’eau A shape différent, ride différent La différence la plus flagrante : le placement du pied arrière. Il faut à chaque turn décaler l’appui sur le rail. Le fish a été conçu pour marcher comme un pin tail… Un pintail qui aurait eu deux tails. Comme sur un single fin, on surfe avec le pied dans l’axe de la dérive, pour le fish c’est la même chose. On décale son appui arrière pour le positionner dans l’axe de l’aileron qui donne le maximum de drive, ce qui aide à envoyer la planche d’un rail sur l’autre. Le fameux style rail to rail, qui reste possible malgré la largeur de la planche et l’absence de V sur la carène... Un des charmes de cet engin pas comme les autres, c’est justement ce style très élancé des surfeurs rétros, en perpétuelle recherche de vitesse... L’avantage d’avoir des ailerons aussi larges placés sur l’arrière, c’est de pouvoir surfer des vagues assez grosses sans pour autant décrocher et perdre le contrôle de sa board… Le fish offre donc un panel de ride très étendu, des toutes petites vagues molles aux gros tubes… Tant qu’il n’y a pas de clapot tout va bien ! SUITE PAGE 42 MINIVIEW. L’avis de Philippe Chevallier, shaper de Surf Odyssey, à Capbreton. Philippe s`est beaucoup intéressé aux designs de fish et de twin en expérimentant de nouvelles combinaisons. Il explore aujourd’hui l’univers des quatros avec le concours de Laurent Pujol. Le come-back du rétro, tu en penses quoi ? Il en faut pour tous les goûts, c’est sans doute un effet de mode, bien que ça s’adapte aussi à une population de surfer vieillissante qui veulent une planche plus volumineuse, ou qui leur rappelle leurs débuts. D’ailleurs de plus en plus de longboarders s’y mettent… Sans se rendre forcément compte que les planches rétro, les répliques, sont plus difficiles à surfer que les planches modernes, qui offrent plus de maniabilité ; sans forcement perdre en confort. Tu es plutôt fish ou twin fin ? Je fais toutes sortes de planches, mais le design de fish que j’ai développé est un mélange d’influences. Le modèle qui marche le mieux est un tri fins qu’on peut monter en twin et dont la largeur maxi se situe entre les deux pieds. J’ai mis une série de décrochements sur l’arrière pour permettre de réduire rapidement la largeur du tail, afin de pouvoir serrer au max les courbes tout en gardant une board assez large. La planche a un peu une forme goutte d’eau. Quand quelqu’un vient de voir pour un fish, tu lui réponds quoi ? J’essaye de cerner un peu la demande, de la préciser. Je lui explique les différents types de shape, car on a tendance à mettre un peu tout et n’importe quoi sous l’étiquette de fish. Pour beaucoup, le fish se résume à une queue d’hirondelle, alors que maintenant, on a des designs qui sont venus de là, mais qui ont pris une autre forme, tout en gardant le même programme, CAD surfer des petites vagues molles, avec un max de vitesse, de maniabilité et de plaisir. Ça fait un bon bout de temps que les planches montées en quattro existent, pourquoi l’engouement actuel ? depuis quand t’intéresses-tu à ce type de planches ? C’est vrai que ça fait pas mal d’années que le quattro circule dans le milieu du shape. Mais face au tri fins c’était difficile d’imposer autre chose pendant des années, les gens sont peutêtre plus ouverts maintenant. En ce qui me concerne, ça fait deux ans que je m’y intéresse particulièrement. Je me suis inspiré des modèles de McKee, je me suis fait quelques planches au début, et comme elles ont plutôt bien marché, j’en ai fait d’autres. C’est à ce moment-là que Laurent Pujol a rapporté des quattro de Californie qui nous ont permis de faire évoluer les nôtres. À mon avis, le renouveau du quattro est essentiellement dû à Herbie Fletcher et à la récente couverture médiatique dont ce style design a bénéficié, un peu comme pour le bonzer ou le fish. Il y a de la demande au niveau du quattro ici dans les landes, ou c’est encore un truc réservé à quelques initiés ? Ça commence à décoller. L’information circule pas mal, les gens viennent voir à l’atelier, ils se renseignent, c’est vrai que c’est encore relativement nouveau, mais l’intérêt est là. Vu les possibilités offertes par ce design, ça va certainement prendre de l’ampleur, d’ailleurs j’ai des planches tests en cours de fabrication, pour convaincre ceux qui sont encore sceptiques. Quelle est la spécificité d’une planche quattro ? Au niveau du shape, on prend un outline de tri fins classique et le coupe à 3 ou 4 inch du tail, ce qui permet d’avoir suffisamment de place pour poser les 4 ailerons. La planche est un peu plus large à l’avant, mais la carence reste standard. C’est le positionnement des ailerons le plus important, ils ont tendance à être plus rentrés que sur une planche classique. On a longtemps cru à tort que rajouter un quatrième aileron produirait plus de traînée et ralentirait la planche. C’est presque l’inverse ! Les deux ailerons étant placés dans l’axe l’un de l’autre, ils marchent ensemble et empêchent le phénomène de cavitation qu’on peut rencontrer à haute vitesse avec un tri fins. Du coup on se sent plus à l’aise et on peut faire des manoeuvres qu’on n’aurait pas envisagé avant. Dès les premiers essais, on a été frappé par le gain de vitesse. Ensuite, dans les grosses vagues tubulaires, on a plus de contrôle, plus de drive, avec deux ailerons complètement dans l’eau, ça accroche mieux et c'est plus facile de rester haut sur la vague. N’importe qui peu surfer un quattro, quel niveau faut-il avoir, quel conseil donnerais-tu as quelqu’un qui veut essayer ? Tout le monde peut rider un quattro, c’est même presque plus facile qu’un thruster classique, la planche part plus vite au take-off avec sa largeur maxi un peu avancée, pour le ride c’est plus un surf de courbe qui permet moins de radicalité mais qui offre plus de fluidité. Il faut prendre une planche 3 à 4 inch plus courte que d’habitude. Par exemple, dernièrement j’ai surfé une quattro 6’2 » dans du 2,50 m à Tahiti, à la place de ma 6’6 et ça marchait très bien. Ça marche dans tous les types de vagues ? C’est sans doute mieux pour les tubes, mais ça marche aussi dans les petites vagues, les cotes de la planche de la planche le permettent carrément, en plus avec la variation qu’on peut apporter aux ailerons c’est une planche tres versatile. On peut monter n’importe quelle planche en quattro ? À la base, on a essayé sur des petites planches. Maintenant on dirait qu’il n’y a pas de limite, certains font des guns, d’autres des longboards, la dernière application qu’on lui a donnée, c’est sur les planches de tow-in. On en avait testé en tri fins et le passage au quattro a été radical ! Plus de vitesse et plus de contrôle, ce qui rend la planche plus maniable. Du coup on n’est pas près d’arrêter, surtout qu’on en est encore au stade de l’expérimentation, et avec les performances obtenues… On va continuer. Le futur du surf ? Fish ou quattro ? Quattro, sans hésitation ! STÉPH ROBIN LE NEWS GRATUIT DU SURF• NUMÉRO # 6 V. 3



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