54 INTERVIEW auparavant, en n’ayant pratiquement aucune source, juste quelques microinformations, une photo vue dans un livre, rien de plus. Selon toi, le Stormrider guide est donc utile à la communauté du surf ? Le discours du Stormrider Guide, c’est de dire : étalez vous ! Étalez-vous en fonction de votre niveau. Si tu n’es pas un top surfer, tu n’as rien à foutre sur les vagues top class, et il y a toute une ribambelle de vagues moins techniques, sur lesquelles tu t’éclateras cent fois plus. Et dans le monde, des vagues où il n’y a personne, il y en a plus que des vagues fréquentées. Après, c’est aussi une question d’accès. Mais en Australie par exemple, un des littoraux les plus convoités de la planète, où la densité de surfers est phénoménale, en sortant des centres surf, tu trouves des spots tranquilles, avec de belles vagues. Pas les plus belles du monde certes, mais de belles vagues, où tu es tranquille à l’eau. D’un côté mercantile : 60 000 exemplaires du Volume I, 25 000 du second qui est sorti il y a deux ans, tu es blindé maintenant ? Les sept premières années de ma boîte, je me suis versé un salaire de 2500 Frs par mois (380 euros environ). Je limite toujours les dépenses au maximum, c’est la même débrouille pour faire tourner la boîte que la débrouille en trip, faut y arriver avec le minimum de budget. Après 10 ans d’activité, j’en suis toujours à me demander comment je pourrais gagner de l’argent avec ce métier… Et alors, tu as trouvé ? En fait, j’ai trouvé autre chose pour essayer d’assurer mes arrières. Yep, c’est de l’éditorial, de la distribution de bouquins, et maintenant du « Tour Operating « (www.maldivesurf.com). J’ai craqué sur les Maldives depuis quelques années, et je me suis dit, pourquoi ne pas faire tourner quelques bateaux là-bas. Les Maldives, c’est un spot de fou. 300 000 habitants, 26 atolls, des spots de partout. Et comme partout, les surfers sont concentrés sur un seul atoll. J’ai eu la chance d’explorer la région lors de l’organisation d’un photo shooting pour Oxbow dans des conditions idéales (bateau, hydravion et top riders (merci Vincent Stuhlen, ex-team manager Oxbow !). Le réservoir de spots est énorme, et comme ils n’ont pas d’autres ressources que leur soleil et leurs plages blanches, le surf devrait s’imposer comme une activité majeure. Le futur des Maldives, c’est la création de spots artificiels en creusant des passes dans le reef. Ils ont déjà la technologie puisqu’ils creusent déjà la mer pour rehausser leurs îles au-dessus du niveau de l’eau. Tant qu’à creuser, autant creuser là où on peut créer une passe, et donc un spot de surf. Il y a des îlots et des bateaux partout, les Maldives, c’est la Venise du Surf. Si sur chaque îlot on créait un spot de surf, ce serait Wilburworld ! Je pense qu’aux Maldives, ça va vite devenir une réalité, c’est une nécessité pour eux. Et puis le surfer, c’est un bon client. Non seulement il lâche 100 $ par jour pendant 10 jours, mais en plus, il vient en hiver pour les vagues et après un tsunami, il revient quand même surfer, alors que les Japonais sont restés à la maison. Combien de trips à ton actif depuis tes débuts ? 80 en 20 ans, sans compter les destinations où je suis retourné. En 20 ans de voyages, tu as peut-être observé des changements, climatiques, écologiques ou autres ? Niveau réchauffement de la planète, rien d’observable pour l’instant ; il faut dire que je ne vais quasiment jamais dans les très hautes latitudes, là où on pourrait constater les dégâts. Il y a bien sûr les Tuvalu dans le Pacifique Sud, dont les habitants sont les premiers « réfugiés écologiques «, mais je n’y suis jamais allé. Ce dont je peux témoigner, c’est la disparition de nombreux spots de surf. Au Galápagos, les surfers sont interdits parce qu’ils constituent une pollution visuelle, ça fait tache sur la carte postale. Ailleurs, c’est l’industrie de la pêche qui veut agrandir un port. La pression démographique sur les zones côtières devient énorme, et un spot de surf, face à une marina, une jetée, ça ne vaut pas grand-chose. Le pire, c’est sans doute au Japon, où la plupart des côtes sont maintenant protégées par des kilomètres de tétrapodes en béton pour briser les vagues. Tous les jours, il y a une vague qui disparaît quelque part dans le monde. Des Açores au Portugal, ça n’arrête pas. Et une des façons d’essayer de protéger un spot, c’est qu’il soit connu, fréquenté par une population de surfers suffisamment importante pour se faire entendre. Si ton « secrete spot » est attaqué, qu’il y a 10 surfers pour le défendre contre un promoteur immobilier, qui va l’emporter ? Alors que si le spot a une petite réputation, qu’il génère un peu de business autour du surf. Le surfer, s’il ne veut pas se faire bouffer, doit réagir. Et réagir tout seul… Une chose est sûre, la source de spots se tarit, et la tendance n’est pas prêt de s’inverser. Le trip qui manque à ton actif. Je ne suis jamais allé à Hawaii ! Ni en Nouvelle-Zélande. Hawaii, en tant que surfer, faudra bien que j’y aille un jour, mais en tant que Stormrider Guide, vu que notre créneau est d’aller là où les autres ne vont pas, Hawaii, c’est pas vraiment la cible. Il y a plein de destinations africaines qui sont en train de s’ouvrir, des pays qui deviennent moins craignos ou qui vont le devenir. Et pour finir, la question que tout le monde se pose : pourquoi YEP ? Yaourt Et Pâté ! Non, en fait, ça s’imposait Yep, c’est le cri du surfer, pour signifier qu’il est sur la vague, pour éviter de se faire dropper dessus : yep yep ! Quand il a fallu trouver un nom à ma boîte, je trouvais que ça collait bien, et après les gens s’en sont servi comme d’un surnom. CURRICULUM VITE FAIT ANTONY « YEP « COLAS Né le 20/10/68 À Périgueux Vit à : Anglet LES BUREAUX DE YEP À ANGLET. DE L’ORDINATEUR AUX CASIERS PHOTOS, CLASSEURS ET AUTRES CARTES, UNE MINE DE RENSEIGNEMENTS UNIQUE AU MONDE. LES MALDIVES, LE DEUXIÈME BUREAU DE YEP LE NEWS GRATUIT DU SURF• NUMÉRO # 5 V. 3 |