Surf Time n°10 juillet 2007
Surf Time n°10 juillet 2007
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°10 de juillet 2007

  • Périodicité : bimestriel

  • Editeur : Free Presse

  • Format : (235 x 300) mm

  • Nombre de pages : 68

  • Taille du fichier PDF : 28,3 Mo

  • Dans ce numéro : spécial vintage.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

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64 S U R F T R I P véritable politique d’écrémage touristique basée sur le fric. Les prix d’accès faramineux ont pour effet une baisse du niveau de fréquentation touristique sans pour autant engendrer de pertes dans la case « Profits «. Une véritable ségrégation. L’accès au « chemin de l’Inca » coûte plus de 300 dollars, une somme que nous sommes loin de disposer. Deux contrôles de police en verrouillent l’entrée, un au kilomètre 82 et un autre au kilomètre 88. Les habitants des quelques habitations de ce point d’ancrage si particulier nous conseillent fortement de faire demi-tour, nous assurant qu’il est impossible de continuer et qu’avec la nuit tombante il serait préférable de regagner Urubamba. Difficile d’admettre que l’on a fait tout ce chemin pour rien. Pris de désespoir, je frappe à la porte de la vieille maison, presque instantanément un Indien glisse sa tête à l’extérieur. La pluie ne cesse de dévaler sur mes joues, plongeant le long de mon cou jusqu’à tremper mes vêtements. Je reste là, à observer cet homme de petite taille au regard hypnotique. Jeronimo. Il s’appelle Jeronimo. Il nous invite à passer dans son jardin. Des chiens hurlent à la mort. À notre vue, ils s’empressent de déguerpir et laissent dans l’herbe mouillée l’empreinte de leurs lourdes pattes. Jeronimo décide de nous aider. « Vous savez, je connais ces montagnes comme si elles faisaient parties intégrantes de mon âme. La saison humide a fait sortir la rivière de son lit, mais je connais un passage dans les hauteurs qui vous fera contourner le premier contrôle de police sans trop de problème. Quant au deuxième contrôle, vous devrez compter sur l’obscurité de la nuit tombée. Maintenant suivez-moi. » Nous emboîtons les pas du vieil homme. Les arbres aux fruits inconnus colorent chaque parcelle de l’espace. Nous nous arrêtons brusquement à la jonction de deux sentiers : « suivez ce chemin jusqu’au sommet de cette colline, vous pourrez alors franchir le ruisseau. Continuez jusqu’à être hors de vue du contrôle et redescendez au niveau du rio. Pour ne pas vous perdre, suivez le chemin de fer, il arrive directement à Aguas Calientes. Suerte amigos. » Nous escaladons maintenant depuis assez longtemps pour être hors champ du contrôle. Nous contournons le kilomètre 82, zigzaguons à travers le labyrinthe de plantes piquantes et irritantes, et déboulons finalement au kilomètre 83, dans une discrétion absolue. Des paysans nous cachent dans leur champ quelque temps et c’est le sprint pour être hors de vue des policiers en faction. Nous atteignons le kilomètre 87 peu avant la nuit. La fatigue nous impose de poser le camp. L’obscurité aidant, nous nous endormons rapidement au beau milieu d’un petit village inca en ruine. Nous avions trouvé refuge à l’intérieur même d’une vieille bâtisse ressemblant à un temple, une nuit étrange. Réveil aux aurores, sous une pluie fine et légère. Nous pressons le pas pour franchir le contrôle du kilomètre 88 avant la relève du matin. Nous arrivons enfin, le soir venu, à Aguas Calientes après une marche de près de trente kilomètres. Tr a v e r s é e du P é r ou du r a n t l’h i v e r 0 7. A u t o - s t o p, d é s e r t s, n u i t s s ou s l e s é t o i l e s et m a r c h e d a n s l a m on t a g ne. P r é p a r a t i on o b l i g a t o i r e p our m i e u x f i n i r « p e r c h é » en h a u t du M a c c h u P i c hu. On attendait ce moment avec impatience, l’heure de la conquête de Machu Picchu avait enfin sonné. Il est à 4h du mat, on a de la marge avant que les touristes ne débarquent en masse plus tard dans la matinée. La brume baigne la montagne sacrée dans une ambiance quasi religieuse. L’ascension finale est longue et difficile, surtout compte-tenu des kilomètres qu’on avait déjà avalés. Mais l’esprit de la nuit guide nos pensées vers le sommet, à travers cette végétation tropicale où l’orchestre d’une nature au réveil rythme notre marche. La sueur ruisselle abondamment le long de nos fronts, l’air frais force l’entrée de nos poumons bouleversés par l’effort pendant que le cœur bat vigoureusement. Notre périple touche enfin son but, j’enjambe les dernières marches trois par trois et je me laisse submerger par la magnificence du lieu. Le spectacle est d’une beauté suprême. Cette cité « enfant du ciel » me transporte dans un étrange voyage, un voyage dans le temps, dans le pays du roi soleil et de la terre mère. Une sensation unique. Je passe le reste de la journée alangui dans l’herbe, perdu entre rêve d’un temps lointain et le bonheur entier du moment présent, complètement fasciné. » Cinq jours plus tard. « Je suis sur la route pour Titicaca, une route qui traverse d’immenses plaines verdoyantes aux contours montagneux. Les nuages en transit aux sommets des plus hautes montagnes dissimulent avec malice les neiges éternelles, indice mielleux nous rapprochant un peu plus du ciel. C’est magnifique. Nous dormons chez une famille d’indiens Quechua sur l’île d’Amantani. Je me sépare du couple avec qui je voyage depuis deux mois et pars seul pour la Bolivie. Je dors sur l’île du soleil, point de départ de l’empire Inca. Manco Capac, le fils du soleil et de la lune, est né ici, sur le rocher du puma. Je me fais bénir par un chaman sur la table qui servait aux sacrifices humains, et gagne le petit village en contre-bas. L’heure est maintenant au carnaval ».
S U R F T R I P Après quelques mois à la maison, les envies de voyages recommencent vite à titiller Damien. Le mois d’août et son cortège d’estivants arrivent, il est temps de plier bagage. Et ce coup-ci, d’assouvir pleinement ses envies de surf, même si dans le voyage, le plus important… « Début août. Ça fait maintenant trois semaines que je suis à Bali, à squatter le peak de Padang du matin au soir. Les légions de surfers brésiliens pourrissent chaque jour d’avantage l’ambiance à l’eau, abandonnant les règles de respect au profit du ragassage intensif comme ils savent si bien le faire… Après avoir traversé Ouest Java, Sumatra et ses îles (Nias et Asu), lors de mon premier voyage, je me suis laissé séduire par la facilité de la vie balinaise, où les journées se suivent et se ressemblent interminablement. L’idée étant que j’aimerais ramener en France de belles photos aquatiques de surf, et mis à part du côté de la presqu’île de Bukit et ses spots ultra-fréquentés, je risque d’avoir quelques difficultés à dégoter un photographe. Deux jours passent, sans trop de vagues. Je me réveille à 6h, le visage à demi-fermé par les restes d’un sommeil lourd et profond. Le swell est rentré pendant la nuit et atteint les deux mètres. Étrangement, le peak semble désert. J’enfile en vitesse mon maillot, récupère le single fin 6 » 4 qui dort derrière le cabanon, jette un signe amical à Ketut qui rentre de la pêche, et quitte le baraquement. La vague de Padang Padang est assez simple à comprendre. Après un take-off relativement facile, il faut aller chercher un long bottom turn pour bien se positionner dans le bowl… Et c’est parti pour la caverne, courte mais d’une intensité sans égale. Je prends quelques bonnes vagues, seul sous un ciel orangé par l’aurore, mais très vite, un zodiac se pointe et un surfer balinais se jette à l’eau. Je crois reconnaître Rizal Tanjung, Ze local du spot. Sur le hors-bord, un photographe verrouille minutieusement son caisson étanche et se prépare à shooter la session. C’est le moment où jamais. J’attends patiemment la série, Rizal part sur la première et je m’engage sur la deuxième, plus petite mais tout aussi creuse. Le photographe bien placé à la sortie du tube immortalise la scène avec une belle séquence de clichés. » Mi août. « Le flat qui règne depuis une semaine me fait perdre la notion du temps qui passe. Les journées s’allongent et je tourne en rond, noyant mon cerveau dans les bars de Legian Street. C’est décidé, je pars pour G-Land. Rémi, un pote, et mon frère Seb sont de la partie. Nous achetons nos billets à l’agence de Kuta et prenons place à l’arrière d’un vieux combi à la peinture délabrée à destination du nord de l’île. Nous enchaînons avec une heure de ferry, le voyage se termine par huit heures de bus au milieu d’une jungle épaisse, dernière étape avant d’atteindre le mythique G-Land. La végétation est intensément dense, filtrant les assauts d’un soleil assassin et permettant l’émergence timide de quelques fleurs tropicales aux sublimes couleurs. Le camp a été bâti de manière à respecter l’environnement et les valeurs locales : pas de ciment ni de béton, le bois est le seul matériau utilisé pour la construction B o t t o m t u r n à G - L a n d. D e r n ier r i de s ou s l e s t r o p i qu e s p our D a m i en a v a n t de r e g a g ne r l a v i e i l l e E u r o p e, l a t ê t e p l e i ne d’é t o i l es. 65



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