56 S u r f M o v i e unk réalisateur ou Soul surfer ? L e s r é a l i s a t e u r s de film de surf ont le plus souvent un parcours un peu atypique et S t e v e C l e v e l a n d ne d é r o ge à la règle. Les rares films qu’il a réalisé sont devenus cultes, non seulement par leur angle très par t i c u l ier m ai s a u s s i p a r l e s p e r s on n a g e s m i s en s c è ne. Pour mémoire, c’est le même SteveCleveland qui a dévoilé le jeune Joël Tudor quand il n’avait pas encore 15 ans. Si vous étiez au dernier Festival du Film de Saint Jean de Luz, vous avez peut-être remarqué un type aux airs limite clownesque, avec ses cheveux jaunes frisés dépassant de sa casquette verte et blanche siglée Another State of Mind, qui se faufilait entre les festivaliers en trimballant une caméra tantôt dans les airs, tantôt au ras du sol. C’était bien lui, SteveCleveland, le réalisateur de « Another State of Mind «, un film de longboard qui met tout le monde d’accord sur les nouveaux standards de ce qu’on n’ose plus vraiment appeler la planche à papa ! Né en Californie, Steven’a cessé de faire des allers-retours entre le « mad-land » (le continent américain) et les îles hawaïennes, au gré des déménagements de sa famille tout d’abord puis tout seul par la suite. Attiré par le « summer of love » de 1969, c’est à Maui qu’il restera le plus longtemps. Il en profitera pour se former à la prise de vue au Maui Community College avec déjà une idée en tête : faire un film sur le longboard. Il fait vite partie des « regulars « de Honolua Bay, mais en 1980 Maui était déjà trop surpeuplé à son goût, trop en vue, l’esprit du summer of love se perdait « Mike Fleetwood (co fondateur du groupe Fleetwood Mac,ndlr)) habitait dans ma rue, j’avais fait ce que j’avais à y faire, il était temps de partir ». De retour en Californie, il passe sa vie à surfer en accumulant les petits boulots, et mettra pas mal de temps avant de concrétiser son rêve, mettre en image le soul surfing. Son premier film sort en 1991, intitulé On Safari to Stay révélera Joël Tudor au grand public, il sera suivi de On Safari Again en 2003, une légende du genre était née. Les tribulations des longboarders sur les routes de Basse Californie et leurs échanges avec des shapers mythiques comme Donald Takayama et SkippFrye feront date. Pour revenir à son dernier film, « Another State of Mind « qui remporte l’Aileron du meilleur montage au festival, c’est sa rencontre avec le longboarder new school CJ Nelson à Malibu en 2001 qui fut déterminante dans la genèse du projet. « CJ Nelson fait partie de cette génération qui a grandi avec mes premiers films, on avait les mêmes idées, je voulais faire quelque chose de différent, un truc que les kids adoreraient ». Sans sponsor, Stevedoit financer lui-même la production du film à plus de 90%. « Je voulais des images rares pour ce film ; des images inédites, ça demande du temps, pour filmer et pour monter. Ce coup-ci, j’ai passé trois mois rien que sur le montage ! » Texte et photo : Stéphane Robin avec un freelance de la caméra Comment arrive-t-on à faire un film sans soutien d’un gros sponsor ? Je ne serai rien sans les riders qui sont dans mes films ; dans l’industrie du surf, on a aujourd’hui un peu tendance à utiliser les surfeurs et à les oublier lorsqu’on en a plus besoin. En Californie, tout le monde squatte chez moi, ce qui me permet d’être près des riders et de filmer sans qu’ils s’en aperçoivent, tellement je fais partie du paysage. Je les nourris même, mais c’est à eux de me ramener de la weed ! D’où vient le titre Another State of Mind ? Je n’ai rien inventé. En fait, c’est le titre d’un film underground de punk, il y a longtemps. C’est aussi pour ça qu’on mit une bande son un peu punky. Ma devise c’est « look at surfing, and let the magic happend ». Mes films sont un mix de rêve, d’aventure et de réalité. Un autre état d’esprit, plus souple, avec toujours ce regard un peu décalé ! D’habitude on s’endort devant les vidéos de longboard, quel est le secret de mister Cleveland pour se démarquer ? Une bonne vidéo de surf ne doit pas être trop longue, jamais plus d’une heure, sinon ça devient rébarbatif, on s’ennuie. C’est toujours le même problème quand on fait un film sans histoire, il faut savoir faire court ! Mais ce qui est cool avec la superposition des plans dans ce film c’est qu’il faut le regarder au moins cinq fois pour tout voir ! Tu as passé la majorité de ta vie en Californie ou à Maui, qu’est-ce que tu penses de la France ? Il n’y a pas de meilleurs endroits sur terre où j’aimerais être en ce moment ! Si j’avais encore toutes mes dents, je viendrais sans doute tenter ma chance par ici ! Ce n’est pas la dernière fois que je viens, c’est certain ! Les vagues sont belles, les gens sont cool, I love it ! |