Stylist n°67 30 oct 2014
Stylist n°67 30 oct 2014
  • Prix facial : gratuit

  • Parution : n°67 de 30 oct 2014

  • Périodicité : hebdomadaire

  • Editeur : Timar

  • Format : (225 x 297) mm

  • Nombre de pages : 56

  • Taille du fichier PDF : 18,1 Mo

  • Dans ce numéro : ces expressions trop jeunes pour nous.

  • Prix de vente (PDF) : gratuit

Dans ce numéro...
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D r Dina celle roule qui pour la Californie
Portrait Initiée au plaisir de l’herbe par Snoop Dogg, Dr. Dina, jewish princess des beaux quartiers californiens, est devenue l’ambassadrice de la marijuana médicale. Quand elle ne sert pas d’intermédiaire pour Hollywood. Par Clovis Goux et Camille Vizzavona oincée entre une épicerie russe et une morgue juive, l’officine ne paie pas de mine. Seul un discret néon en forme de feuille de cannabis nous indique que l’on ne s’est pas trompé d’adresse : nous sommes à l’Alternative Herbal Health Service (AHHS) sur Santa Monica, dans le quartier trendy de West Hollywood. L’un des 700 dispensaires de marijuana médicale qui parsèment désormais les rues de Los Angeles. C’est là que nous avons rendez-vous avec « Docteur » Dina, consultante médiatique de l’industrie de l’herbe, mais pas plus médecin que Dr. Alban. Après avoir franchi le sas sécurisé, on découvre une salle en faux crépis type hacienda, avec paravents hispaniques et armoiries hip-hop au mur : on se croirait dans la tanière d’un ado californien fan de Cypress Hill. L’endroit est bien plus sympa que les Cannabis clinics – fonctionnelles mais un peu glauques – qui ont fleuri en Californie avec la légalisation de la marijuana médicale. Les patients y font sagement la queue sous un éclairage blafard en attendant leur ordonnance d’herbe. Officiellement, tout le monde vient pour raisons de santé. Mais la gravité des maux qui les accablent va du cancer-sida-sclérose à des trucs largement plus bénins comme le mal de dos ou des insomnies. À l’AHSS aussi, il est facile d’obtenir une carte d’usager de marijuana médicale pour une migraine, avec laquelle on peut s’offrir des échantillons d’herbe, des space-cakes ou une belle collection de pipes. Derrière le comptoir, se tient une quadragénaire brune aux grands yeux noirs et au sourire ses 5 dates clés 1996 légalisation du cannabis médical en Californie. 2003 ouvre son cabinet de prescription de marijuana à Los angeles. 2005 fournit à snoop dogg sa première prescription. 2008 inspire le morceau my medecine à snoop dogg. 2014 participe à the smoke box, sur la chaîne du chanteur de cypress hill. éclatant : Dina Browner. Elle a hissé son mètre cinquante au sommet de l’économie de l’herbe médicale en Californie. Son secret ? Une bonne maîtrise du storytelling : elle affirme avoir inspiré le personnage de mère de famille dealeuse des beaux quartiers de la série Weeds, qui a cartonné dans les années 2000. Et s’est trouvé un VRP de luxe en la personne de Snoop Dogg. Le chanteur, qui vient d’avouer avoir fumé un joint à la Maison Blanche fin juillet, est à la fois son mentor et son meilleur client. DESPERATE HOUSEWIFE Si dans Weeds, Nancy Botwin passe de mère au foyer à dealeuse de beuh pour subvenir aux besoins de sa famille après la mort subite de son mari, Dina Browner, elle, s’est lancée dans le cannabusiness quasi par ennui. Née dans une famille juive traditionnelle – son père est courtier hypothécaire, sa mère psychologue, sa sœur golfeuse professionnelle – Dina Browner grandit durant les 80’s dans la San Fernando Valley, une banlieue résidentielle cossue, blindée d’acteurs hollywoodiens et de popstars : « Je me suis fiancée à un jeune homme bien propre sur lui et très riche. Je vivais à Calabasas dans une résidence fermée où je m’emmerdais à mourir. Même si mon mode de vie était très enviable : shopping, lunch avec mes copines, manucure… » Une vie de desperate housewife qui prend fin avec l’arrivée de Snoop Dogg. Au milieu des 90’s, elle le rencontre dans le jardin d’un ami, dont le père avocat défend les intérêts du créateur de Doggystyle. Comme d’habitude en société, il fume un blunt, de l’herbe roulée dans une feuille de cigare. Dina est tétanisée par l’extrême coolitude du rappeur, qui lui jette un regard embrumé avant de lui planter son joint entre les lèvres et de lui ordonner : « Fume ça ! » Dina s’exécute, amusée : « J’avais l’impression de faire quelque chose de tellement transgressif ! » Sauf qu’à partir de ce moment-là, elle se met à fumer non-stop : « Les jeunes sont nuls pour gérer leur consommation de marijuana, et je n’étais pas une exception à la règle. » Un coup de fil vient la sortir de la brume en 2002. Celui d’un ami de son fiancé, à qui il voulait emprunter une arme (les charmes de la banlieue californienne traditionnelle). « Il voulait se suicider, raconte Dina. On venait de lui diagnostiquer un cancer très avancé et il s’était fait virer de son boulot. Son traitement lui coûtait une fortune et il vomissait toutes les pilules qu’il prenait : il était au bout du rouleau. » Pour lui redonner de l’appétit et lui remonter le moral, elle le dépanne de quelques joints et décide de l’embarquer à San Francisco : là-bas, Jean Talleyrand, un médecin plus utopiste que les autres accepte de prescrire de l’herbe aux malades. Bien que la vente de cannabis pour raison médicale ait été autorisée en Californie en 1996 (la fameuse proposition 215), très peu de ses confrères y consentent à cette époque. Alors que Dina patiente avec son ami devant la porte du cabinet du dealer en blouse blanche, elle a une idée : pourquoi ne pas ouvrir un bureau à Los Angeles où l’offre est inexistante ? Elle y embarque le médecin de San Francisco. Deux jours par semaine, ils squattent le lobby du Radisson Hotel, dont elle connaît les gérants. Puis, face à l’affluence, déménagent dans une grande salle de conférences. « En quelques mois, le Dr. Talleyranda rédige des centaines d’ordonnances », raconte Dina. Elle installe ensuite son premier cabinet à West Hollywood (le quartier chic branché ou habite Bret Easton Ellis) avec un réseau de médecins locaux. Mais il y a un problème. Même avec leur carte médicale, les patients sont censés aller acheter leur herbe dans le seul lieu de vente légale àL.A. : un dispensaire, qui ressemble à « une crack house prise d’assaut par des hordes de défoncés. Un cauchemar pour les gens malades », qui préfèrent trop souvent se rabattre sur les dealers dans les parcs. Avec plusieurs de ses amis de San Francisco, Dina ouvre alors d’autres dispensaires (n’importe qui peut en ouvrir un à condition de respecter la loi) « malgré la difficulté pour obtenir un bail à l’époque », dont le AHHS où nous l’avons rencontrée. Elle ouvre aussi son cSTYLkST 41



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