REPORTAGE V I E P R O Vous prendrez bien ces belles boucles d’oreilles avec votre bavette, Madame ? Peu banale, cette phrase témoigne cependant de la situation délicate dans laquelle certains petits commerces alimentaires se retrouvent aujourd’hui. « C’est l’homme qui a mené les débats. Il s’est installé dans le magasin, a déballé ses bijoux et gadgets. Pendant près de 3 heures, il n’a pas arrêté de parler, au milieu des clients, leur offrant au passage des cadeaux. Il m’a fait miroiter des marges correctes, m’assurait le passage régulier de la commerciale pour la reprise des invendus, le réassort et proposait un paiement échelonné. J’ai fait confiance ». La jeune patronne d’un commerce multiservices regrette amèrement aujourd’hui d’avoir donné ainsi sa confiance. Et pour cause. Afin de proposer dans son magasin quelques bijoux fantaisie à sa clientèle, elle accepte la proposition d’un couple de commerciaux visiblement rodés à la manœuvre. Beaux parleurs et avenants, ils déballent leur marchandise devant les clients, mettent leur cible devant le fait accompli : la marchandise plaît, regardez comme vos clients sont contents lorsque nous leur en offrons. Mais le caractère généreux et gratuit de leur proposition s’arrête 18 STOP ARNAQUES - NOVEMBRE 2011 On ne s’improvise pas vendeur de bijoux fantaisie en un rien de temps. Des commerçants victimes de démar pratiques peu con ENQUÊTE : VIRGINIE LEGOURD/SAÏMA RASOOL, AVOCATE là. Après avoir fait le show, il demande à la commerçante de leur signer 12 chèques de 7.000 € chacun. Elle sera ainsi approvisionnée chaque mois en bijoux fantaisie, bénéficiera d’une reprise des invendus et d’un réassort. Le 1 er chèque sera déposé dans 3 mois, histoire de lancer la nouvelle activité du commerce mutiservices et les 11 chèques restants seront ensuite encaissés tous les mois. Affaire conclue ? Oui, mais oralement ! C’est bien là tout le problème. La commerçante et son mari vont vite déchanter. « Le soir même, j’ai eu des doutes. Les prix de vente conseillés m’ont paru bien supérieurs à la valeur réelle des produits. J’ai essayé en vain de joindre la commerciale toute la journée du lendemain, mais en vain ! », déplore la jeune femme. Ses craintes vont s’avérer fondées. En effet, le surlendemain de la vente, 2 chèques sont déjà déposés. « J’ai compris que j’ai été abusée, et suis allée déposer plainte au commissariat. J’ai également fait opposition à mes |