RÉÉDITIONS PHOTO D.R. JEAN-LUC GODARD BANDE À PART > 1964 > GAUMONT LA CHINOISE > 1967 > GAUMONT PASSION > 1984 > GAUMONT À LA DEMANDE Gaumont n’en finit plus de célébrer Jean-Luc Godard, et ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre. Trois nouvelles merveilles sont au programme ce mois-ci. Tout d’abord, deux Blu-ray magnifiquement remasterisés qui proposent des copies à la qualité jamais égalée. Bande à part est l’un des derniers films de sa première période, un joyeux foutoir pré-punk qui, en plus de ses innovations (notamment au niveau du montage), se permet beaucoup d’humour (comme l’hilarante visite du Louvre en moins de 3 minutes et, forcément, à toute berzingue). Plus sérieux, La Chinoise est tout sauf un film bêtement militant. Le film propose un constat désabusé, critique et plein de recul des mouvements communistes révolutionnaires, alors que nous ne sommes qu’en 1967 ! La mise en scène est totalement brillante, tout comme pour Passion, film de 1984 qui est édité chez Gaumont à la Demande. Ce film, qui met en parallèle la lutte d’une ouvrière contre son patron et un réalisateur de cinéma en train de tourner, est l’un des plus beaux et les plus méconnus de son auteur. D.B. CINÉPHILES DE NOTRE TEMPS Un film de Laurent Chollet > 2012 > POTEMKINE/M6 VIDÉO Cinéphiles des 4 coins du pays, vous avez enfin trouvé votre cadeau de Noël ! À savoir ce somptueux coffret de 5 DVD, soit 354 minutes (sans compter les 9 heures de bonus) de bonheur et de cinéphilie. Le cinéaste Laurent Chollet, aidé par la voix-off du plus cinéphile des chanteurs français, Eddy Mitchell, Monsieur « Dernière Séance », raconte dans cette œuvre généreuse toute l’histoire de la cinéphilie de sa naissance à aujourd’hui. On y croise Godard, Truffaut, Tavernier, Rohmer, Daney… de nombreux critiques et cinéastes du monde entier dans un film d’une grande ampleur et qui ne se perd jamais. En ressort un gigantesque amour du cinéma qui donne envie de revoir des tas de films et d’en découvrir tout autant. Ce documentaire n’a rien à envie à la série d’André S. Labarthe dont il parodie le titre, Cinéastes de notre temps. D.B. LES MAÎTRES ITALIENS LE FANFARON > Un film de Dino Risi > 1962 LES MONSTRES > Un film de Dino Risi > 1963 LES CANNIBALES > Un film de Liliana Cavani > 1972 L'AMOUR À CHEVAl > Un film de Pasquale Festa Campanile > 1970 > SNC/M6 VIDÉO La meilleure collection de cinéma italien revient avec quatre merveilles. Deux avaient déjà été édités : Le fanfaron et Les monstres, deux des plus beaux films de Dino Risi et du cinéma italien tout court. Sous des aspects comiques, Risi, grand peintre sarcastique de la société de son temps, décrit tous les travers de l’Italie, avec un côté acide et pince-sans-rire. Deux films qui n’ont pas pris une ride et sont toujours aussi beaux. Les deux autres sont beaucoup plus rares. Les cannibales, de la réalisatrice de Portier de nuit, imagine une société liberticide, dans un futur proche et indéterminé, où le gouvernement fasciste interdit que l'on touche aux corps des nombreux opposants au régime qui ont été exécutés. Au beau milieu de la ville, donc, de nombreux cadavres pourrissent dans l'indifférence la plus totale, donnant à la ville l'aspect repoussant d'un gigantesque charnier. Le film est imparable, fort et tranché. Plus léger mais tout aussi intéressant, L’amour à cheval, signé du réalisateur de Ma femme est un violon. À la mort de son mari, une femme découvre que celui laissait libre court à ses pulsions de pervers polymorphe dans une garçonnière dont elle ignorait l'existence. Troublée, elle décide alors de céder à ses propres fantasmes. Ce film libre et drôle est lui aussi un témoin fidèle de la société italienne de son temps. D.B. GAUMONT À LA DEMANDE LA TENDRE ENNEMIE Un film de Max Ophüls > 1936 LE PETIT PRINCE A DIT Un film de Christine Pascal > 1992 > GAUMONT À LA DEMANDE À part le fait d’être proposés par l’indispensable collection Gaumont à la Demande, ces deux films n’ont apparemment rien à voir, mais leurs qualités nous font nous y arrêter. La tendre ennemie, l’un des premiers Max Ophüls, est un film fin, amusant, enjoué. Le récit est séquencé en flashes-back, où trois fantômes racontent l’histoire d’une femme qu’ils ont tous trois aimée. Le ton est proche de Sacha Guitry ; c’est un film plaisant qui laisse deviner l’œuvre en devenir. Réalisé plus de 50 ans plus tard par la regrettée Christine Pascale (décédée prématurément en 1996 à l’âge de 42 ans), Le petit Prince a dit est l’un des films les plus bouleversants qui soient. Avec beaucoup de tact et de délicatesse, la cinéaste raconte les derniers mois de vie d’une fillette atteinte d’une tumeur cérébrale. Ses parents séparés vont se réunir et partir ensemble pour un bouleversant voyage. Difficile de retenir ses larmes devant cette merveille pleine de pudeur et d’émotion. D.B. | 26 START UP | DÉCEMBRE/JANVIER 2012| |