Françafrique 94 - SPECIAL ENQUETES N°4 Résistance, met alors en place un réseau de relations intimes et directes sur le continent, des circuits courts tenus à l’écart des ministères. Véritable artisan du système de la « Françafrique », sa stratégie repose sur le placement à la tête de ces pays de dirigeants « amis de la France », et ce par tous les moyens : déstabilisations, trucages d’élection ou encore coups d’Etats. Mars 1971, Jacques Foccart avec Mobutu à l’aéroport de Nice. Ces pays étant nouvellement indépendants, il met tout en œuvre pour les stabiliser politiquement, des conseillers spéciaux français étant chargés d’encadrés les chefs d’Etat par la signature d’accords militaires, puis économiques. La richesse du continent africain en matières premières telles que l’Uranium, le pétrole mais encore en cacao, en caoutchouc ou en coton a permis à des nombreuses entreprises françaises de prospérer et de générer d’importants profits. Ces accords garantissent donc la pérennité de leurs installations coloniales et leur monopole sur ces matières précieuses. Supervisant également les services secrets (ainsi que les finances du gaullisme !), sa cellule met aussi en place des polices politiques ayant pour but d’étouffer toute opposition intérieure, employant mercenaires et méthodes tortionnaires utilisées par les barbouzes lors de la guerre d’Algérie. Pierre Guillaumat, un autre fidèle du général de Gaulle, et premier PDG du groupe pétrolier Elf (créé en 1967) accepte que la compagnie pétrolière serve de couverture et qu’une partie de ses colossaux profits servent à financer des opérations des services secrets. La perte du contrôle du pétrole du Sahara, conséquence directe de l’indépendance de l’Algérie en 1962, menace l’autonomie énergétique de la France, alors que celle-ci est érigée en priorité par le président, persuadé que sans elle la France ne peut être une grande puissance mondiale. Avec Pierre Guillaumat, ils se tournent alors vers la Guinée, en cherchant à faire vaciller Sékou Touré, opération qui échouera finalement. Ces manœuvres politiques ne s’arrêtent pas là. Au Bénin, il permet de rétablir Emile Derlin Zinzou, devient un soutien du maréchal Mobutu au Congo-Kinshasa et un appui à Eyadema au Togo, bien que celui-ci fut l’assassin de Sylvanus Olympio en 1963, président démocratiquement élu. Il décide de faire du Gabon la pierre angulaire de sa politique africaine, pleinement conscient de ses importantes ressources pétrolières. Son action et celle du général de Gaulle en faveur d’Omar Bongo lui permettront de devenir viceprésident du pays en novembre 1966. A la mort de Léon Mba, il devient le président de la République gabonaise le 28 novembre 1967. |