Economie Passe encore pour les automobiles haut de gamme et les machines outils, mais une situation inimaginable dans le domaine agricole. La révolution verte C'est souvent dans les phases de 2. Une réponse corporatiste Face à cette révolution impressionnante, les syndicats agricoles français, les gouvernements et l'administration ont refusé les règles du marché et ont mis en place une organisation corporatiste similaire à celles qui régnaient avant 1789. Plus grave même que le contrôle des prix et les subventions, l'accès à la profession d'agriculteur a été strictement réglementé. Des commissions administrativo-syndicalistes décident de : 1. qui peut acheter une exploitation ; 2. qui peut l'exploiter ; 3. ce que l'exploitant est autorisé à produire ; 4. parfois même combien il est autorisé à produire. La façon dont un agriculteur partant par exemple à la retraite et les candidats repreneurs peuvent se mettre d'accord fournit un exemple typique de la bureaucratie mise en place. Les 3 étapes de la procédure de cession d'une exploitation agricole : - l'agriculteur cédant doit faire inscrire son intention de céder son exploitation sur le registre tenu par l'Association départementale d'adaptation des structures des exploitations agricoles (ADASEA). Il percevra une subvention de 3.000 à 5.000 euros s'il s'inscrit au moins 1 an avant de quitter son exploitation et de 1.500 euros pour faire réaliser un audit ; - l'agriculteur candidat repreneur doit faire inscrire sa candidature à une exploitation dans un département sur le registre tenu par l'ADASEA ; - l'ADASEA (900 salariés) compare les offres et les demandes et propose au(x) candidat(s) les exploitations qui lui semblent leur convenir. Elle examine la rentabilité de l'exploitation avec le candidat repreneur, construit un plan de financement, procure les subventions. Elle négocie avec le candidat repreneur et le vendeur le prix de cession des stocks, des machines et du fonds de commerce. 3. Miser sur la liberté ? 84 - SPECIAL ENQUETES N°4 changements rapides que les cartes se redistribuent entre concurrents. Et l'agriculture vit justement une telle période. L'explosion du rendement du blé en France depuis les années 50 est un exemple typique d'une révolution qui se poursuit : en 2009, Habitués à cette procédure depuis des décennies, les intéressés prennent difficilement conscience de l'étrangeté de cette méthode et des dégâts qu'elle cause : comment fonctionneraient les restaurants ou les garages si les acheteurs des fonds de commerce à vendre étaient choisis par des commissions placées sous l'autorité du préfet et dominées par le syndicat des restaurateurs ou des garagistes du département ? Après un demi-siècle d'application, les résultats de l'organisation de l'agriculture française sont pourtant mesurables : un bond de la production mais une performance globale insuffisante, de trop faibles revenus pour les actifs et les retraités, un coût (subventions) considérable pour la société. Le tout aboutissant à décevoir et à humilier les agriculteurs dont le taux de suicides est deux fois plus élevé que la moyenne française. Des revenus insuffisants en moyenne Dans tous les domaines, des progrès de productivité aussi importants peuvent L Nombre d’exploitations Nombre d’actifs 1995 2.300.000 4.500.000 le rendement du blé a été de 76,6 q/ha. La plupart des autres grandes productions agricoles ont connu des progrès similaires. La production moyenne d'une vache laitière, qui était par exemple de 1.800 litres de lait par an en 1955, est de 6.450 La Commission départementale pour l'orientation de l'agriculture (COCA) se réunit tous les mois, choisit un des candidats pour chacune des exploitations disponibles et délivre l'autorisation à exploiter. Le candidat soutenu par l'ADASEA a beaucoup plus de chances que les indépendants, même si ceux-ci sont préférés par le cédant. De même, les règles concernant par exemple les attributions, échanges et reprises des quotas laitiers font penser au trafic de tickets de rationnement qui existaient dans certains régimes communistes. Et si l'agriculteur cédant veut en plus vendre son exploitation, un troisième joueur, la Société d'aménagement et de développement de l'espace rural (Safer) de la région intervient en amont pour décider qui peut acheter l'exploitation. Cette méthode en apparence très logique correspond exactement à la définition de la bureaucratie : des commissions s'interposent entre le vendeur et l'acheteur dans le but de guider l'agriculture française et de trouver le « meilleur » repreneur. Une se traduire soit par des profits considérables, soit par la misère selon l'évolution du niveau de consommation et des structures de production. Or, depuis 50 ans, la consommation alimentaire augmente, mais beaucoup moins vite que les revenus : en 2009, les Français ne consacrent plus que 14% de leur budget à l'alimentation contre le double en 1960. Les résultats des exploitations professionnelles montrent bien qu'en 2007, année pourtant très favorable, 10% des Baisse du nombre d’exploitaions agricoles 1998 1.017.000 1.445.000 2000 664.00 990.000 2005 545.00 753.00 litres en 2007. L'amélioration de la productivité des plantes ou des animaux n'est pas le seul facteur de changement. Le machinisme agricole et l'amélioration des outils de gestion constituent les autres moteurs de cette révolution. prétention insupportable de la part de personnes, dont la compétence pour décider de ces choix est douteuse, qui ne porteront aucune responsabilité en cas de succès ou d'échec et qui risquent de faire passer leurs convictions, leurs intérêts ou ceux de leurs organisations avant ceux de l'agriculture. Le « localisme » (favoriser ses copains du coin), une des plaies du recrutement dans les universités françaises, joue à plein dans ces commissions où se retrouvent les acteurs très consanguins, dominés par les syndicats agricoles. Les fonctionnaires, en principe chargés de veiller au bon déroulement de ces tractations, ne souhaitent surtout pas aller contre les décisions de la corporation. Les problèmes rencontrés par l'agriculture en France, notamment par les jeunes agriculteurs, montrent que ces multiples Commissions d'aménagement et d'orientation de l'agriculture sont désormais nuisibles à une époque où ce sont la flexibilité et l'anticipation des marchés d'avenir qui sont déterminantes. exploitations sont en déficit malgré les multiples subventions qu'elles perçoivent et que la distribution est anormalement décalée vers les faibles bénéfices. Ce taux est monté à 16% en 2008. La majorité des exploitations rapporte moins de 30.000 euros par an. En supposant même qu'il n'y ait qu'un seul exploitant (pas de coexploitant), ce revenu correspond à 2.500 euros par mois, très faible et insuffisant pour un entrepreneur qui travaille 50 à 60 heures par semaine, a investi son 2007 508.00 708.00 2010 (estimation) 466.00 660.00 7 Source : Insee |