SKITRIP 1 Un casse-croûte à l’ARlberg, b i en g l ac é, b i t t e ! Texte et photos : Elina Sirparanta Après une gymnastique intellectuelle tout à fait formidable, un passage par Chamonix, un petit rappel au bout d’une corde et une descente d’Helbronner quelque peu sèche, il s’avéra que l’herbe serait sans doute plus verte chez nos voisins germains. C’est ainsi que je me suis laissé embarquer dans une histoire un peu loufoque par Fab et Victor, les cuistots de Bon Appétit, un vidéo blog qui, paraît-il, fait un carton sur le net. Bref, je me suis fait embarquer dans cette histoire un peu loufoque qui nécessitait au préalable de la neige. Or, aussi simplissime que cela puisse paraître, ce n’est pas toujours une mince affaire. Ainsi, bien que le nord des Alpes françaises ait subi moult perturbations, nos deux compères avaient tranché pour le lard autrichien, soit Stuben am Arlberg, là où l’herbe est plus verte. L’Arlberg, avec son orthographe impossible à retenir et sa présence dans les plus célèbres vidéos de ski est, à n’en pas douter, une destination mythique. On a donc rempli les voitures de toutes sortes de skis, enfin, surtout d’assez larges, et de toutes sortes de skieurs et autres caméramans, surtout de ceux qui aiment la poudreuse : Fab, Victor, Julien Regnier et Flo Cuviller. Autant mettre toutes les chances de son côté pour pas mal de connerie et une faim partagée, celle d’une neige très, très profonde. Sera-t-elle rassasiée, on verra plus tard. Confiants, on démarre. Plus on s’approche de l’Arlberg, plus nous guettons le moindre signe de cette neige magique. Arrivé à quelques dizaines de kilomètres de notre destination, on en devient carrément obsédé car, dans notre champ de vision, n’apparaît rien de ce qu’on nous a promis. Serait-ce une nouvelle imposture ? Celle qui fait que notre tâche d’apparence évidente (trouver de la poudreuse) se transforme chaque fois en une sorte de performance acrobatique qui demande quantité de nerfs et de chance. L’herbe ne serait-elle finalement pas plus verte chez le voisin ? Mais enfin, au fur et à mesure que l’on remonte ses entrailles, l’Arlberg commence à nous dévoiler sa magie. La neige entassée au bord des routes nous bloque, d’une façon à la fois agaçante et excitante, la vue sur le paysage. Le village de Stuben se camoufle sous des mètres de cette substance blanche, prenant des allures kitch et prometteuses. Oui, c’est comme ça que j’avais osé imaginer l’Arlberg. 22 NUMERO 61 |