Insermle magazine 32 #41 Le sport joue un rôle sur la dégradation des graisses. k Africa studio/Adobe Stock les cartilages sont fragilisés, à cause de la surcharge mécanique, mais aussi à cause d’effets métaboliques liés à l’excès adipeux », tient à souligner le rhumatologue. L’activité physique favorise la lipolyse, c’est-à-dire la dégradation des « graisses », grâce notamment à une diminution de la résistance à l’insuline. Cette hormone fait entrer le glucose du sang dans les cellules du foie, du tissu adipeux et des muscles, où il est stocké sous forme de glycogène. En outre, elle intervient dans le stockage des lipides. De plus, la dégradation des graisses au cours de l’exercice pourrait être renforcée, entre autres facteurs qui régulent le métabolisme du tissu adipeux, par la sécrétion d’interleukine 15. Amyotrophie spinale, les vertus de la natation L’amyotrophie spinale (SMA) est une maladie génétique rare dans laquelle la dégénérescence des motoneurones, les neurones qui commandent la contraction musculaire, conduit à l’atrophie des muscles. L’équipe d’Olivier Biondi, de l’université Paris Descartes, a montré chez des souris modèles de la SMA que des entraînements de natation augmentent leur résistance musculaire et leur motricité, et protègent d’une mort annoncée les motoneurones activés par l’exercice. « Ce bénéfice viendrait d’une « boucle vertueuse » d’activité neuromusculaire, indique le chercheur. Lors d’un exercice, le muscle produit des facteurs appelés « neurotrophiques », qui nourrissent les k grand angle neurones, et de l’IGF-1, qui limite la mort cellulaire. En même temps, on sollicite les neurones défaillants, qui redeviennent capables de répondre à ces facteurs. » Fort de ces résultats, l’équipe a organisé un essai clinique chez des malades. L’objectif est d’évaluer le bénéfice, au bout de six mois, de trois entraînements de natation hebdomadaires de 20 minutes chacun. « L’étude est en cours et, pour l’instant, les patients répondent bien », conclut Olivier Biondi. 2F. Chali et al. J Physiol, 1er avril 2016 ; doi : 10.1113/JP271361 2O. Biondi et al. J Neurosci., 26 août 2015 ; doi : 10.1523/JNEUROSCI.0608-15.2015 Motoneurones marqués en rétrograde (du muscle vers les motoneurones) par une protéine fluorescente dans la moelle épinière lombaire de souris. Par rapport à la souris contrôle (à gauche), la dégénérescence est beaucoup plus rapide chez la souris modèle d’amyotrophie spinale infantile non entraînée (au centre) que chez le rongeur entraîné (à droite). O. Biondi/UMR-S1124/Univ Paris Descartes « Enfin, la lipolyse est maximale pour les exercices de faible intensité, qui doivent donc être recommandés chez ces patients », précise Michel Guinot. L’ostéoporose, qui n’est pas une atteinte exclusivement féminine*, est quant à elle grandement limitée grâce à la pratique d’activités physiques dès l’enfance. En effet, c’est durant cette période, et plus particulièrement juste avant la puberté, que se constitue notre capital osseux, lequel diminuera ensuite progressivement tout au long de notre vie. Or, l’activité physique augmente la synthèse d’IGF-1 et de l’hormone de croissance qui, avec les estrogènes, les hormones sexuelles, initient les trois ou quatre années de forte croissance osseuse pendant lesquelles le squelette double sa masse. Faire du sport pendant l’enfance est donc bénéfique à l’âge adulte, mais « il doit être adapté », précise Sébastien Ratel de l’université de Clermont-Ferrand. Diabète, de l’importance de bouger En 2015, la France comptait 3,7 millions de diabétiques diagnostiqués, dont 90% ont un diabète de type 2. Or, comme pour les maladies ostéo-articulaires, « l’activité physique fait partie intégrante du traitement de ce diabète, en complément des mesures diététiques et des traitements pharmacologiques », explique Patrice Flore, enseignant-chercheur à l’université de Grenoble et membre de l’équipe de Samuel Vergès. L’élément clé du diabète est l’insuline, qui est produite par le pancréas. Le diabète de type 2 est dû à une résistance progressive des cellules à cette hormone, et au fait que le pancréas n’est plus capable d’en produire suffisamment pour compenser cette résistance. Ces phénomènes, mais aussi leurs causes et leurs conséquences sur l’organisme, sont autant de cibles potentielles de l’activité physique comme l’a décrit Patrice Flore dans une revue très détaillée. * Voir S&S n°38, Grand angle « Sexe et genre : mieux soigner les femmes et les hommes », p.24-35 Sébastien Ratel : laboratoire des Adaptations métaboliques à l’exercice en conditions physiologiques et pathologiques (AME2P), Université Clermont Auvergne Patrice Flore : unité 1042 Inserm/Université Grenoble Alpes 2B.L. Riggs et al. Endocr Rev., juin 2002 ; doi : 10.1210/edrv.23.3.0465 2G. van Hall. Sports Med., novembre 2015 ; doi : 10.1007/s40279-015-0394-8 |