Insermle magazine 26 #41 Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « on entend par activité physique tout mouvement produit par les muscles squelettiques3, responsable d’une augmentation de la dépense énergétique. » Son intensité est indiquée en MET (metabolic equivalent of the task), une unité de mesure qui correspond à une consommation d’oxygène de 3,5 ml par kilo de poids corporel par minute. Le sport est donc une activité physique, mais jardiner, prendre les escaliers, marcher pour aller chercher son pain, et même faire le ménage en sont aussi. Or, « aujourd’hui, il est scientifiquement, et très solidement, prouvé que le manque d’activité physique régulière promeut la survenue de maladies chroniques non transmissibles, par exemple le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et neurodégénératives, les rhumatismes, certains cancers », explique Samuel Vergès, chargé de recherche Inserm, responsable de l’équipe Hypoxie-Exercice du laboratoire Hypoxie et physiopathologies cardiovasculaires et respiratoires (HP2) à Grenoble*. Et fait rarissime dans le domaine scientifique, les avis en la matière sont unanimes. Pour preuve, en juin dernier, l’OMS a lancé le Plan d’action mon- L’activité physique a un effet sur la dilatation de l’artère, en particulier sur l’endothélium, la partie interne de la paroi des vaisseaux qui est en contact avec le sang. k OMS-2018 grand angle Le Plan d’action mondial pour l’activité physique et la santé 2018-2030 (OMS) k dial pour l’activité physique et la santé 2018-2030, qui a justement pour sous-titre Des personnes plus actives pour un monde plus sain. L’exercice physique, un médicament pour le cœur « En outre, quand la maladie est déclenchée, l’activité physique fait maintenant partie de la stratégie thérapeutique au Inserm/Alpha Pict/Caro Daniel même titre que les médicaments », complète le chercheur grenoblois. Là encore, les études qui montrent des bénéfices plus ou moins importants sont nombreuses, comme en témoignait, dès 2008, l’expertise collective de l’InsermActivité physique. Contextes et effets sur la santé. De fait, depuis mars 2017, dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé du 26 janvier 2016, elle peut être prescrite par les médecins aux malades atteints d’une affection de longue durée. Cependant, comme le souligne Olivier Biondi, de l’université Paris Descartes, « déterminer le type d’exercice physique optimal n’est pas facile et des recherches fondamentales sont encore nécessaires, même si des mécanismes biologiques, qui permettent de prévenir ou de traiter diverses maladies, ont déjà été identifiés ». « Concernant les maladies cardiovasculaires, les bénéfices de l’activité physique tant en prévention primaire, pour éviter la survenue des pathologies, que secondaire, c’est-à-dire une fois la maladie déclarée, sont avérés depuis longtemps, et de nombreux mécanismes sont connus », assure Stéphane Doutreleau, cardiologue du sport au CHU de Grenoble et membre de l’équipe de Samuel Vergès. Un constat confirmé par la revue très détaillée que vient de publier une équipe internationale de médecins et de chercheurs. Selon ces travaux, l’une des multiples cibles de l’activité physique est l’endothélium vasculaire, c’est-à-dire la couche de cellules qui tapisse les vaisseaux sanguins, dont les dysfonctionnements entraînent la formation de plaques d’athérome. Ces plaques de graisse provoquent une sorte * Voir S&S n°7, Têtes chercheuses « HP2 : un labo qui ne manque pas d’air », p.14-17 4Muscles squelettiques. Muscles qui permettent les mouvements volontaires du corps Samuel Vergès, Stéphane Doutreleau : unité 1042 Inserm/Université Grenoble Alpes Olivier Biondi : unité Inserm1124/Université Paris Descartes, Toxicologie, pharmacologie et signalisation cellulaire 2www.who.int/dietphysicalactivity/pa/fr 2http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/272722/9789241514187-eng.pdf 2Activité physique. Contextes et effets sur la santé, Expertise collective Inserm, 2008 2Loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé, article 144. ; www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2016/1/26/AFSX1418355L/jo/article_144 2C. Fiuza-Luces et al. Nat Rev Cardiol., 16 août 2018 ; doi : 10.1038/s41569-018-0065-1 |