14 SPL/Phanie Insermle magazine #41 Mucoviscidose La science moderne au secours du foie Si l’espérance de vie des patients atteints de mucoviscidose n’était que de 5 ans en 1960, elle dépasse aujourd’hui 40 ans grâce aux progrès de la médecine et à la révision des idées reçues. Par exemple, il était présumé que l’atteinte hépatique, souvent associée à la maladie, ne se développait que durant l’enfance. Mais, selon des travaux menés sur plus de 4 800 patients par l’équipe d’Harriet Corvol au Centre de recherche Saint-Antoine à Paris, elle pourrait apparaître en réalité à tout âge. Certains facteurs favoriseraient cependant une manifestation précoce, comme Addiction L’éducation contre la conta– mination Éduquer les usagers de drogues par injection sur les risques de transmission de maladies pourrait-il actualités c’est NOTRE SANTÉ le sexe masculin, la mutation Delta F508 du gène CFTR ou la présence d’une obstruction intestinale néonatale appelée « iléus méconial ». En parallèle, leurs résultats indiquent que le traitement prescrit pour prévenir l’apparition de ces complications, l’acideursodésoxycholique, n’aurait pas d’efficacité. Cette découverte remet ainsi en question l’usage généralisé de ce dernier, en particulier chez les enfants, et souligne l’importance de continuer les recherches sur ce sujet. G. M. Harriet Corvol : unité 938 Inserm/Université Pierre-et-Marie-Curie 2P.-Y. Boelle et al. Hepatology, 30 juillet 2018 ; doi : 10.1002/hep.30148 limiter la propagation de ces infections ? La réponse est oui, d’après l’analyse faite par Salim Mezaache et les chercheurs de l’Insermà Marseille qui ont participé à l’étude ANRS AERLI, avec l’aide des associations AIDES et Médecins du Monde. Celle-ci reposait sur des sessions individuelles d’éducation et de suivi au sein des Centres d’accueil VIH Les ravages de la maladie des caves L’histoplasmose est une infection pulmonaire causée par un champignon qui vit dans les lieux humides souillés par les fientes de volatiles ou de chauves-souris, d’où son surnom de « maladie des caves ». Souvent bénigne, elle peut s’avérer mortelle pour les personnes immunodéprimées, comme celles porteuses du VIH. L’histoplasmose est particulièrement fréquente en Amérique latine, où elle est négligée par les autorités de santé. Quelles conséquences pour la population séropositive locale ? C’est la question que se sont posée Antoine Adenis et ses collègues du Centre d’investigation clinique Antilles-Guyane à Cayenne. En analysant les données officielles de chaque pays de la région, ils ont découvert que le tiers de la population serait exposée au champignon, et près de 1,5% des séropositifs seraient infectés chaque année. Plus grave encore, cette infection serait la cause d’au moins autant de décès que la tuberculose chez ces patients. Les chercheurs guyanais appellent à une prise de conscience politique sur les enjeux du sous-diagnostic de cette maladie pourtant facilement curable. G. M. Antoine Adenis : CIC 1424 Inserm/Université des Antilles et de la Guyane 2A. Adenis et al. The Lancet Infec Diseas., 23 août 2018 ; doi : 10.1016/S1473-3099(18)30354-2 k Radiographie montrant un syndrome interstitiel caractéristique de l’histoplasmose (diffus dans les deux poumons) et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues, destinées à rendre plus sûres les pratiques d’injection. Chez les toxicomanes qui ont assisté à une séance ou plus, les scientifiques ont observé une importante amélioration de l’hygiène, particulièrement en ce qui concerne la préparation du produit et la technique d’injection (lavage des mains, désinfection, matériel stérile, recherche et choix de la veine…). Ainsi, une intervention facile à implémenter et peu coûteuse pourrait réduire efficacement les pratiques à risque. G. M. Salim Mezaache : unité 1252 Inserm/IRD/Aix-Marseille Université, Sciences économiques et sociales de la santé et traitement de l’information médicale 2S.Mezaache et al. Drug Alcohol Depend., 5 septembre 2018 ; doi : 10.1016/j.drugalcdep.2018.07.028 P.Couppié/Centre hospitalier de Cayenne |