12 Insermle magazine #41 HÔPITAL Optimum, un remède pour les urgences ? Depuis des décennies, les services d’urgences français sont soumis à une tension croissante et considérable. Outre la prise en charge médicale, la gestion du flux des patients est aujourd’hui un enjeu de taille : c’est pourquoi le centre d’investigation cliniqueinnovation technologique de l’Insermà Lille a récemment développé Optimum, un logiciel de priorisation des patients qui pourrait faciliter le travail des soignants. Des grèves à travers le pays, 97 hôpitaux officiellement en surcharge, 19 000 postes de médecins titulaires vacants, 17 démissions à Cayenne, un été attendu avec angoisse… la crise des services d’urgence en France semble s’aggraver tous les ans. Les personnels de santé, des médecins urgentistes aux infirmières, renforcent très souvent cette impression, évoquant des ressources insuffisantes et un épuisement général inquiétant. Et le ressenti des Français suit le pas : difficile de parler des urgences sans que quelqu’un ne se plaigne d’une attente interminable, d’un personnel débordé et de la nécessité de réformes. Pourtant, d’après l’étude la plus récente, datant de 2013, réalisée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation Youri Yordanov : unité 1153 Inserm/Université Paris Diderot/Université Paris 13/Université Paris Descartes/Inra François Dubos : CHU de Lille, service d’urgences pédiatriques 2D. Naouri et al. PLoS ONE, 14 juin 2018 ; doi : 10.1371/journal.pone/0198474 actualités c’est NOTRE SANTÉ et des statistiques (DREES), la situation n’est pas aussi dramatique qu’il y paraît. En faisant circuler pendant une journée des questionnaires dans 734 services d’urgences, la DREES a en effet établi que 73% d’entre eux auraient recours aux infirmiers de triage, ces employés qui fluidifient la prise en charge des patients en évaluant leur état avant consultation. Les circuits courts, qui isolent les patients non urgents pour faciliter la priorisation des autres, sont également en place dans 41% des établissements. Et avec une efficacité certaine ! Optimiser les ressources « Les temps d’attente sont en fait très courts », renchérit Youri Yordanov, chercheur au Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité (CRESS) à Paris, dont une publication récente évalue l’étude de la DREES. « En moyenne, la moitié des patients attendent moins de cinq minutes pour voir l’infirmier de triage, et moins de 50% d’entre eux passent plus de trois heures aux urgences au total. » Cela ne veut pas dire que les problèmes évoqués n’existent pas, cependant. À commencer par une conjoncture défavorable qui aggrave des faiblesses structurelles bien présentes. « Nous avons vécu un hiver difficile, explique François Dubos, chef du service d’urgences pédiatriques du centre hospitalier universitaire de Lille. Les soignants sont en difficulté, parce qu’ils ont l’impression de travailler dans des conditions insatisfaisantes. Le recours aux urgences me paraît de plus en plus fréquent et pas toujours nécessaire, et les ressources ne sont pas toujours optimisées. » k Le tableau de bord d’Optimum propose une vue d’ensemble ainsi qu’une vue par corps de métier des patients à prendre en charge. Ian Hanning/REA CHU de Lille |