The Magnetic North’Prospect Of Skelmersdale’Full Time Hobby Un nom étrange pour un groupe qui l’est moins. Il renvoie à la ville nouvelle de Skelmersdale, projet urbain foiré non loin de Liverpool qui héberge le mouvement de Méditation Transcendantale. Aucun risque de planer au-dessus du flot avec le second album de The Magnetic North. Gentiment acidulée, un poil folk moderne, la pop du trio anglais balance quelques chansons aussi bien troussées qu’elles sont vite oubliées. Au rayon des bonnes affaires, la voix juvénile de Hannah Peel exprime un romantisme charmant, il se balade sur un fragile oripeau de soie, autant dire que pour l’amplitude on repassera. Seule au micro ou en duo avec son partenaire masculin Erland Cooper, elle essaie de restituer l’étrange atmosphère censée régner dans la ville. L’idée est excellente, d’autant qu’elle a le chic de s’accompagner d’extraits sonores des infos de l’époque, au début des sixties. Le gros hic, c’est qu’avec des arrangements aussi niais, entre Belle & Sebastian peu inspirés et Divine Comedy sans ambition, on n’y croit pas une seconde. (fv) La Maison Tellier ‘Avalanche’At(h)ome Il y a toujours à picoler et à grignoter sur les albums bancals de La Maison Tellier. Pour une chanson exaltante, souvent trois qui ennuient. Ou à tout le moins, laissent indifférent. Avec ‘Avalanche’, cinquième opus du groupe de « rodéo pop », ça n’est pas tout à fait pareil. Le ratio tire enfin vers l’équilibre, ce qui au final donne un disque réellement classieux. Et plaisant. Avec son lot de mélancolie facile (la nostalgie de ceux ont été adolescents durant les nineties et qui considèrent cette époque crasseuse comme le golden age, ‘Haut, Bas, Fragile’), quelques punchlines bien troussées et d’autres qu’on peut voir venir à des kilomètres, des arrangements souvent beaux (ces cuivres, ah, ces cuivres). Certes, on n’irait pas s’enterrer toute une vie sur un bout d’atollavec ça mais une semaine à Essaouira, oui oui, ça ira. (lg) SteveMason ‘Meet The Humans’Double Six Records/Domino/V2 Le très agité du bocal ex-rouage majeur du Beta Band nous avait gratifiés il y a deux ans du double et disparate ‘Monkey Minds In The Devil’s Time’, traversé de conscience politique et de soubresauts personnels. Il semblerait qu’a contrario, le grand leitmotiv de ‘Meet The Humans’soit de retrouver la formule de la joie et de la communauté. Comme Mason n’est pas – doux euphémisme – un joyeux drille de nature, cette quête du davantage ‘Alive !’paraît par moments comme forcée, gorgée de mantras comme une méthode Coué à destination du chanteur lui-même. Si ‘Another Day’a un groove qui ferait sans doute gigoter Matthew E. White, ‘Run Away’transpire encore la blessure ouverte et ‘Through My Window’cherche dans les limbes une présence humaine libre de toute entrave. Lorsque dans ‘Planet Sizes’, au poignant « The universe makes me cry » répond le plus optimiste « The universe is mine », on se dit que c’est clairement dans cette ambivalence à nu qu’on affectionne l’Écossais. Qu’on préférerait ne pas le voir davantage prendre errance dans la house de ‘Words In My Head’. (alr) Cil Guido Möbius ‘Batagur Baska’Shitkatapult Remarque liminaire patronymique : vous ne confondrez pas Guido Möbius avec Dieter Moebius, ce dernier, récemment décédé, ayant été membre de Cluster et d’Harmonia. Avec Guido, on reste en Allemagne et à la lisière du kraut rock sans jamais vraiment y pénétrer. Éditeur musical pour d’autres (Trabant Echo Orchestra, zeitkratzer…), Möbius est aussi un musicien pluriel. Il décrit sa démarche comme un jeu entre la friction et l’harmonie, le son et le bruit et la balance constante entre la mélodicité et la dissonance qui tient sa musique en alerte. De fait, dès la plage éponyme en ouverture, on est saisi par les contrastes rythmiques et le chant cambodgien du chanteur Prak Chum. Plus loin, ce sont les synthés qui prennent des apparences de percussions et la basse qui n’en finit pas de rebondir. Le disque offre des ambiances morcelées, hachées mais aussi des parties chantées très variées. Il rejoindra sans conteste une loggia au cabinet des curiosités de l’underground berlinois actuel. (et) Motorpsycho ‘Here Be Monsters’Stickman Records Actif depuis la fin des années 80, Motorpsycho a récemment passé la barre des vingt disques. C’est pas rien. Leur nouvelle semence, ‘Here Be Monsters’, constitue une énième preuve que les norvégiens ne s’endorment pas sur leurs chaises percées. Bien sûr, on trouvera quelques guitares un peu troisième âge au détour de l’une ou l’autre héroïque incontinence, mais qu’importe : Motorpsycho rendrait presque agréable le prog, ce genre ampoulé et prétentieux, trop souvent corrélé à une passion pour les jeux de rôle et un ton pédant dès qu’il s’agit de bières spéciales. Rassurezvous, sur ‘Here Be Monsters’, les vikings aux cœurs mous bradent leurs bottes noires de Satan, troquent même leurs chemises noires panthère contre de suaves motifs floraux : un mistral pop semble mener leur frégate à une île déserte peuplée d’irréductibles yéyés, en témoignent les refrains du cocktail ‘Lacuna/Sunrise’(hommage à Sabbath ?) , émouvants DIIV ‘Is The Is Are’Captured Tracks/Konkurrent « DIIV, c’est le groupe du mec qui s’est fait coffrer avec Sky Ferreira ? ». Too much too soon, tout le monde a été pris de court dans cette histoire, à commencer par Zachary Cole Smith lui-même. Subitement effrayé de se contempler dans le miroir et d’y voir, aux dires de la plupart des faiseurs de rois de la presse musicale, la nouvelle star de l’indie-pop planétaire. Donner une suite à ‘Oshyn’– coup d’essai, coup de maître – n’était pas chose évidente. Et bien c’est au moment où on ne s’y attendait plus – après un passage par la case ‘faits divers’et tabloïds – que DIIV bande ses muscles pour conjurer ses errements addictifs. Et signer un grand disque plein de panache qui mélange et triture les tourments hérités de Cure (‘Valentine’, ‘Yr Not far’), la fougue sonique de Sonic Youth (‘Under The Sun’, ‘Mire (Grant’s Song)’) et la catatonie mélodique de Neu !. Certes, là où leurs aînés inventaient un langage, Smith et sa bande ne font que de la rhétorique, aussi virtuose soit-elle. Car le gang de Brooklyn n’a toujours pas vocation à changer la face de la musique en dynamitant ses fondations. Plutôt à ravaler la façade d’une noisy-pop rétrofuturiste en remettant du shoegaze à tous les étages. Double-disque aussi roboratif que passionnant, ‘Is The Is Are’enchaîne les compositions instinctives et brutes reposant sur la répétition motorik et sur des lignes de guitares entremêlées à la voix traînante de Smith. Sans éviter la faute de goût ponctuelle (‘Blue Boredom’sur lequel Sky Ferreira tente vainement de se la jouer Kim Gordon) ou une propension à s’écouter jouer. Mais pas de quoi entamer le caractère foutrement addictif de ce disque. (gle) comme un film de Tom Hanks, les chœurs seventies du très enjoué ‘Spin, Spin, Spin’ou encore ‘Big Black Dog’, charmant pot de départ qui nous donnerait envie d’adopter fissa deux petites chauve-souris égarées sur une pochette finalement pas si monstrueuse que ça. (am) Mystery Jets ‘Curve Of The Earth’Caroline/Universal Mystery Jets appartient au torrent indie rock, ce terme un peu bâtard qui désignait jadis une bande de gosses tirés à quatre épingles, boudinés dans des slims noirs et des t-shirts Zara taille six ans maculés de fausses traces de bière. C’est ça le rock, mon pote ! « Je je suis Libertines, je suis une catin » chantait alors une Kate Moss aujourd’hui toute fanée, à l’instar des ses acolytes de toujours Pete et Kele qui, 20 kilos dans les jumelles, inspirent un profond sentiment de pitié. L’époque Amour, Gloire & MySpace semble loin et se voit remplacée par une solide gueule de bois à la quelle n’échappent pas vraiment les Mystery Jets. Recyclés à la sauce hipstouille, ils tentent une pirouette à la Alex Turner en piochant dans le songwriting classique à l’anglaise, très en vogue en cette triste époque. Et vas-y que j’te glam, que j’pique des tics à Lennon - et si on arrêtait de fouiller les tombes, les gars ? ‘Curve Of The Earth’ressemble à ces avis nécrologiques rédigés en avance, généralistes, bien torchés mais dénués du moindre sentiment honnête, si ce n’est le vénalité. (am) Nada Surf ‘You Know Who You Are’City Slang/Konkurrent 22 Il y a vingt ans, jour pour jour, Nada Surf sortait ‘High/Low’, un premier album auréolé d’un joli succès médiatique. Sous les lauriers se cachait surtout un tube : le bien intitulé ‘Popular’. Ce single était à la fois une aubaine et un sacré morceau de chewinggum incrusté sur la semelle d’un groupe qui, au fond, avait mieux à proposer qu’un enchaînement accalmies/tourments adolescents. La formation new-yorkaise va finalement passer toute sa carrière à corriger le tir. Plutôt Death Cab for Cutie/The Notwist que Nirvana/Dinosaur Jr., Nada Surf s’est affirmé à la pointe de mélodies brodées sous un soleil couchant, entre nostalgie d’un amour adolescent et refrains au cœur battant. Après quatre ans d’absence, l’album ‘You Know Who You Are’vient creuser cette veine mélancolique où la chanson se siffle sous des airs doux-amers. Avec ce disque, Nada Surf ne signe pas sa meilleure performance, mais procède avec application à une nouvelle démonstration identitaire. (na) Nawather ‘Wasted Years’M & O Music Estampillée de timbres colorés de la poste tunisienne, l’enveloppe est arrivée sans crier gare à la rédaction. Dedans y était glissée un cd carte de visite d’un combo tunisien au nom inconnu s’étant donné pour mission de fusionner métal et musique orientale. A la première écoute, on a souri, les yeux rivés sur une pochette dessinée montrant un shaman flanqué d’une princesse portant dans ses mains un sablier démesuré sur fond de tempête de sable et de tapis berbère. A la deuxième, une fois la sensation de kitsch mise au placard, on a trouvé que l’exercice n’était pas aisé et qu’il fallait oser le faire, un peu comme si Rammstein partait à la rencontre de Faudel ! A la troisième, on a éprouvé une sensation proche de l’écœurement. Au final, c’est cette hybridité sans retenue, cette décomplexion totale que l’on retient. Nawather est un petit printemps arabe à lui seul. (et) Palehound ‘Dry Food’Heavenly Un an déjà qu’on goûtait au doublé burritos/Red Star à la Todd’s Mansion, Austin, TX. Un an qu’on découvrait la confiserie magique d’Exploding In Sounds. On se souvient parfaitement de l’enchaînement à faire tomber les pellicules de Lost Boy ?, Pile, Dirty Dishes et Celestial Shore en moins de trois heures de temps. D’être liquéfié, de ne pas en revenir. Quelques heures plus tard, pendant qu’on regardait nos pieds à un gig déprimant d’Alex G sur une scène sponso par une marque de croquenots - l’Amérique... - Palehound jouait chez l’ami Todd, et sûr qu’on se serait mieux marré avec cette joyeuse cour des miracles white trash. On aurait été attendri par les déboires d’Ellen Kempner, cette petite ricaine génération Y de 21 ans, élevée au Shady Lane de Pavement. On se serait dit, tiens, ça ressemble fort à du Speedy Ortiz. Peut-être parce qu’elles partagent le même producteur. Peut-être aussi parce que dans un Boston fantasmé, David Berman enseigne Dinosaur Jr au cours de musique tandis que Kim Gordon apprend la basse à des meufs à l’académie du coin. Comme étourdi par la bifle monumentale que représente le trio ‘Molly’, ‘Healthier Folk’et ‘Easy’, on se dit que la réalité est à un cheveu, rose de préférence, tant les hymnes de cette sulfureuse relève s’abreuve à l’intarissable source de mélancolie nineties qui, vingt ans après, n’en finit pas de briser des petits cœurs. (am) Alain Pierre Tree-Ho ! ‘Aaron & Allen’Spinach Pie Records/Igloo Dès les premiers instants, on est saisi par la limpidité du jeu de guitare ciselé et dentelé d’Alain Pierre. De prime abord, il sem- |