100 μm Fe i 3+ » > gauloises (fig. 5). Les couvertes des sigillées gauloises analysées ont été vitrifiées dans de meilleures conditions oxydantes que leurs homologues italiennes. Si cette situation se révélait générale, cela pourrait signifier que le système de canalisation des fumées et des gaz de combustion au moyen de tubulures, développé en Gaule du sud, était bien plus efficace que les solutions utilisées en Italie un demi-siècle auparavant. Les tubulures ne semblent avoir été introduites en Italie qu’au cours du 1er siècle après J.-C., soit à la toute fin de la période de production, et ceci peut-être grâce aux développements réalisés en Gaule. 42 Reflets de la Physique n°63 TSGBr50B 50 μm TSARA Fe 2+ 5. Cartographies de la répartition du rapport Fe 3+/Fe 2+ pour une sigillée italienne (TSARA) et une sigillée gauloise (TSGBr50B), obtenues au Stanford Synchrotron Radiation Lightsource (USA) par mesure de la fluorescence X au seuil d’absorption K du fer [6]. Les zones riches en Fe 2+ sont indiquées par les flèches. Glossaire Conclusion Les investigations à différentes échelles ont permis de mettre en évidence une évolution technologique importante dans la production des sigillées du début du 1er siècle après J.-C. Cette évolution, liée à une diminution de la teneur en magnésium de la préparation utilisée pour la confection des couvertes, a entrainé une élévation de la température de cuisson qui a eu pour conséquence une meilleure adhérence des couvertes et un accroissement de leur dureté. Cuire à plus haute température a nécessité une meilleure maitrise des conditions oxydantes et un meilleur contrôle de la température. La couverte doit être suffisamment vitrifiée pour être brillante, mais la température ne doit pas amener à une vitrification trop importante de la pâte qui aurait pu déformer le vase. La raison de cette évolution peut être mise en relation avec l’accroissement de l’utilisation de la sigillée en tant que vaisselle de table. Ainsi, conjuguer l’approche historique et la science des matériaux est incontournable. La première permet d’éclairer le pourquoi des évolutions. La seconde fournit des éléments factuels, à confronter aux hypothèses historiques. En physique, il est fréquent d’articuler l’étude d’un phénomène autour d’un système modèle dont les caractéristiques sont maîtrisées, ou pour lequel on sait faire varier un paramètre de façon contrôlée. La confrontation entre expérience et modélisation s’en trouve facilitée et celle-ci se révèle alors souvent fructueuse. Terra sigillata Nom donné par les archéologues du 19 e siècle en référence à l’utilisation de poinçons (ou sigilla en latin) pour la décoration des moules servant à obtenir les formes décorées. Couverte Enduit vitrifiable dont on recouvre les céramiques pour leur donner un aspect brillant. Casettes Étuis en terre réfractaire cuite, protégeant faïences et porcelaines de l’action directe du feu pendant la cuisson. (www.larousse.fr/dictionnaires/francais/casette/13564#ZAJD3WA8msSjYeSP.99) Illites Groupe de minéraux argileux dont la structure cristalline est constituée d’une alternance de trois couches : une couche d’oxyhydroxyde d’aluminiumentourée de deux couches de silicates. Il est rare que les matériaux du patrimoine se résument à des systèmes modèles. Ces matériaux se caractérisent non seulement par leur complexité, mais également par leur grande variabilité. Il s’agit là d’une difficulté incontournable : elle impose de bâtir une stratégie d’étude appropriée, qui consiste à conjuguer les apports de techniques permettant d’explorer des échelles spécifiques, sachant que les techniques offrant une haute résolution spatiale ne permettent de sonder qu’un petit nombre de volumes réduits. On se trouve confronté à des exigences antagonistes, entre résolution et représentativité. Dans ces conditions, chercher à dégager des conclusions ou lois générales de l’étude de ces systèmes complexes requiert de mettre en œuvre une approche multiéchelles et de maitriser l’échantillonnage. Dans le cas exposé, les analyses globales ont mis en évidence des caractéristiques propres à chaque grande zone de production. À l’inverse, les analyses locales, réalisées sur un petit nombre d’échantillons, ont permis d’en comprendre l’origine. Sans être en mesure de modéliser le système, l’approche multi-échelle permet de révéler les grandes tendances dominant les relations entre structure et propriétés physiques. Références 1 https://en.wikipedia.org/wiki/Terrasigillata 2 Carte archéologique de la Gaule. 12. Aveyron (dir. Ph. Gruat, G. Malige & M. Vidal), Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris (2011). 3 Y. Leon et al., «Evolution of terra sigillata technology from Italy to Gaul through a multitechnique approach», J. Anal. At. Spectrom. 30 (2015) 658-665. 4 Ph. Sciau et al., «Microstructural and Microchemical Characterization of Roman Period Terra Sigillate Slips from Archeological Sites in Southern France», J. Am. Ceram Soc. 89 (2006) 1053-1058. 5 Y. Leon et al., «Micro-Raman investigation of terra sigillata slips : a comparative study of central Italic and southern Gaul productions», J. Raman Spectrosc. 41 (2010) 1260-1265. 6 Ph. Sciau et al., «Reverse engineering the ancient ceramic technology based on X-ray fluorescence spectromicroscopy», J. Anal. At. Spectrom. 26 (2011) 969-976. |