Carole Clairon-Labarthe C2RMF/A. Maigret 1 b a d 5. Formation hiérarchique d’un réseau de craquelures dans une couche picturale modèle [6]. La trajectoire de chaque craquelure est guidée par un champ de tensions résidant et évoluant dans la couche picturale. Les flèches blanches illustrent ces tensions dans l’image (a). (f) Figure finale présentant différentes générations. Chaque couleur correspond à une génération de craquelures : bleu pour la première génération, turquoise pour la seconde, vert pour la troisième, jaune pour la quatrième, rouge pour la cinquième et violet pour la dernière. (Largeur d’un cliché : 1 mm). 6. Décollement partiel d’une couche picturale du support. 7. Jeanne d’Arc en prison, Louis Crignier, 1824, huile sur toile (Musée de Picardie, Amiens). En insert, grossissement dans la partie blanchie, montrant la présence de microcraquelures (diamètre de la zone grossie : 1 mm). 36 Reflets de la Physique n°63 b e c f » > l’effet de ces contraintes, la matière se rétracte (haut de la fig. 4a). Cependant, si elle adhère au support ou à une souscouche, la rétraction est frustrée par l’adhésion qui empêche la couche de se déformer librement. Ceci conduit au développement d’une contrainte différentielle ; lorsque celle-ci atteint la contrainte critique de fracturation, le système relaxe les contraintes en créant des craquelures (bas de la fig. 4a). On notera que ce scénario est responsable de la formation des craquelures prématurées liées au séchage. Le scénario est le même dans le cas d’une variation de température (fig. 4b), et ce processus est responsable des craquelures observées dans les céramiques. En particulier, les vases chinois de la dynastie Song ont une valeur particulière du fait des réseaux de fines craquelures obtenues lors du refroidissement (photos à droite de la figure 4b) [5], qui ont pour origine les forts gradients thermiques. La propagation d’une craquelure dans une couche est guidée par les tensions du milieu (fig. 5a). Une fois propagée, sa trajectoire reste inchangée, mais le champ de contraintes au voisinage de la craquelure est modifié. Quand une autre craquelure s’approche de la première, sa propagation est modifiée de manière à prendre en compte les changements de contraintes dus à la première craquelure, elle se connecte alors perpendiculairement à celle-ci (fig. 5b). Le processus se poursuit ainsi. Les craquelures n’interviennent pas simultanément mais envahissent le plan de la couche par générations successives, délimitant ainsi des fragments plus ou moins réguliers (figures 5c, 5d et 5e). À la fin du processus, six générations de craquelures sont observables sur la figure 5f. On peut retracer approximativement l’histoire de la formation de ce réseau de craquelures : les craquelures les plus anciennes sont les plus longues ; les deuxièmes générations se connectent aux premières... Les craquelures se forment ainsi de manière hiérarchique et constituent des chemins plus ou moins sinueux, avec une structure ordonnée ou non [6]. On peut ainsi répertorier les principaux paramètres caractérisant quantitativement un réseau de craquelures dans une couche picturale : la taille des fragments qui croît avec l’épaisseur de la couche picturale ; |