communauté expérimentale, le processus de relecture pourrait être amélioré et devenir plus transparent. La figure 3 montre les réponses à la question sur l’amélioration de la transparence du peer review. Plusieurs pistes sont envisagées ; leur mise en œuvre dépendra certainement de la taille et des réactions de la communauté, voire de la revue concernée. 52 Reflets de la Physique n°62 45 (29%) 61 (39,4%) = 65 (41,9%) 33 (21,3%) 60 (38,7%) 80 70 60 50 40 30 20 10 0 Publier le nom des relecteurs avec l’article. Publier les rapports des relecteurs (éventuellement « nettoyés ») avec l’article. Instaurer la possibilité de commenter en ligne après la publication. Les rapports d’un article rejeté devraient-ils être accessibles par la communauté ? Ne rien changer : vous faites confiance aux éditeurs et/ou cette transparence risque d’être contre-productive. 3. Quelques solutions envisagées pour rendre le processus de peer review plus transparent. Les réponses ne sont pas unanimes ; elles reflètent entre autres l’hétérogénéité des sous-disciplines (plusieurs réponses étaient possibles). Reconnaitre le travail d’évaluateur Pour 60,6% des collègues, la mission du relecteur est de donner un avis sur le contenu scientifique, alors que 36,8% estiment qu’un avis sur le format technique est aussi souhaitable. L’intérêt de l’article pour la communauté au sens large a visiblement peu d’importance ! Les relecteurs ont une perception très positive de leur travail. Pas moins de 87% d’entre eux trouvent que le manuscrit a été amélioré après leurs commentaires. Cet avis est d’ailleurs partagé par une grande majorité des auteurs. Se pose alors la question de la reconnaissance et de la valorisation du travail des relecteurs (temps investi, valeur ajoutée...), travail invisible mais qui a un rôle crucial. Cette question est d’autant plus importante qu’avec le nombre croissant des articles soumis, la charge de relecture devient de plus en plus lourde. Presqu’un tiers des collègues sont sollicités deux fois par mois ou plus pour ces expertises. Il y a aujourd’hui des approches variées : certaines maisons d’édition décernent des titres ou des citations honorifiques aux referees, d’autres offrent des livres ou des réductions sur les frais de publications (à valoir pour une prochaine publication). Il est évident que le peer review fait partie de nos activités de chercheur, et qu’il doit être reconnu comme tel. À la question « Quelle pourrait être la meilleure reconnaissance du referee ? », presque deux tiers des réponses ont insisté sur « une inclusion du nombre de vos rapports et le nom des journaux dans votre CV et une reconnaissance de ce travail par les instances d’évaluation des chercheurs ». Vu la confidentialité du processus, la façon dont ceci peut être mis en œuvre n’est pas claire. Plusieurs initiatives ont vu le jour, mais elles sont l’apanage de grandes maisons d’édition, comme Publons [1] ou My Elsevier Reviews Profile [2]. Avis des auteurs Une grande majorité de relecteurs et d’auteurs sont du même avis. C’est surtout la question de la valeur ajoutée du peer review qui est très largement partagée, puisque 89% des auteurs pensent que « la qualité de mon manuscrit s’est souvent trouvée améliorée après les rapports ». Un petit pourcentage d’auteurs constate que leur travail n’a pas été bien compris par les relecteurs, ce qui montre la limite du système, puisque pour des raisons d’éthique le rapporteur consulté par l’éditeur scientifique ne peut pas être trop proche de l’auteur. Cette réaction montre également que la mission du relecteur n’est pas seulement de valider ou non le contenu scientifique, mais aussi d’être le premier « cobaye » externe sur la qualité pédagogique et la clarté d’un article. Par ailleurs, quelques auteurs pointent la lenteur du processus de relecture, qui retarde la publication de leurs résultats. Nous ne pouvons qu’encourager ces collègues à partager leurs preprints dès la soumission dans une archive ouverte comme HAL ou arXiv afin de faire connaitre leurs travaux au plus tôt, et de rajouter la référence bibliographique une fois l’article validé et publié dans sa version définitive. Presque tous les auteurs sont d’avis que le peer review doit être organisé par la revue, soit par un scientifique engagé comme éditeur (72,9%), ce qui est effectivement le cas pour la plupart des revues des sociétés savantes (EPL et EPJ pour la SFP), soit par un éditeur scientifique professionnel (21,3%) comme c’est le cas par exemple pour l’American Physical Society ou Nature, mais que ce n’est pas le rôle d’un serveur de preprint comme ArXiv. Pour compléter le débat, il y a des réflexions sur la « portabilité » du rapport de relecture permettant à l’auteur, en cas de rejet par un journal, de resoumettre son manuscrit accompagné du premier rapport à une autre revue, ce qui peut accélérer le processus d’évaluation. Aujourd’hui, ceci est pratiqué au sein d’une même maison d’édition ou entre des revues voisines (comme EPL, EPJ et J. Phys.), mais un partage plus large pourrait être une solution à l’avenir. Le débat avec la communauté des Journées de la Matière Condensée Les résultats préliminaires de cette enquête ont été présentés et débattus en août 2018 aux JMC de Grenoble, avec une audience d’une centaine de participants. La communauté s’est montrée extrêmement intéressée par ces questions, qui touchent notre travail quotidien de chercheur. Malgré ses faiblesses, le peer review est perçu comme étant le meilleur processus de certification de la qualité d’un article avant sa publication. En tant que physicien, on ne fait confiance qu’à nos pairs pour juger la qualité de nos écrits. Mieux, de nombreux collègues ont dit que – sachant qu’il y aurait relecture par un pair – ils faisaient un effort de clarification et d’explication dès la rédaction du premier brouillon d’un article. En effet, le peer review est un filtre de qualité qui permet de stabiliser et de limiter la taille d’un texte et à chacun d’accorder une certaine confiance à la qualité des résultats publiés. |