Publications Peut-on faire mieux que le peer review ? Une enquête menée auprès des physiciens et physiciennes en juin 2018, par la Commission des publications de la Société Française de Physique Les publications scientifiques sont la carte de visite des chercheurs, elles traduisent leurs découvertes et avancées, font connaitre leurs travaux et sont un moyen important de communiquer les progrès de leur recherche. Par ailleurs, elles sont aujourd’hui la base du processus d’évaluation, celle d’une personne, d’un projet ou d’une unité de recherche. La majorité des sondés s’accorde pour penser que le peer review est une étape essentielle à maintenir dans la publication de nos articles, mais également qu’il nécessite quelques innovations pour s’adapter aux comportements des différentes communautés. La reconnaissance de l’activité du rapporteur reste un problème majeur si l’on veut maintenir ce gage de qualité. 50 Reflets de la Physique n°62 Contexte de l’enquête Ce n’est qu’une hypothèse, mais elle est considérée valide et juste par une grande majorité de physiciens : la publication d’un article scientifique (en physique) ne prend sa valeur complète que si elle passe par un processus d’évaluation. Aujourd’hui, dans la plupart des cas, ce processus est une relecture par des pairs (peer review), très souvent dans sa forme « simple – aveugle », c’est-àdire que l’éditeur scientifique et les relecteurs (ou rapporteurs, reviewers) connaissent le nom de l’auteur, qui, lui, ne connait que le nom de l’éditeur scientifique. Ce mécanisme est souvent critiqué : le relecteur peut avoir une lecture biaisée par inadvertance ou par mauvaise volonté, être trop subjectif, pas toujours expert ou trop lent. Il peut favoriser les équipes et chercheurs qui lui sont proches ou très connus ou, pire encore, freiner la publication de vraies découvertes venant de la concurrence. Chacun connait une anecdote à ce sujet et, même sans ces « faits divers », on sait que parfois la publication originale et pertinente dont on était si fier ne passe que moyennant d’âpres luttes avec certains relecteurs, tandis qu’une pièce cousue un peu rapidement trouve grâce auprès du premier évaluateur. En revanche, devant le nombre croissant de publications, en particulier en provenance des pays du BRIC (a), on constate aujourd’hui que les sollicitations à expertiser des articles se multiplient pour tous les chercheurs. Ceux d’entre nous qui sont impliqués en tant qu’éditeur scientifique se rendent compte qu’il est de plus en plus difficile de trouver de bons rapporteurs. Alors se pose la question : le peer review est-il devenu obsolète ? Est-il à bout de souffle ? Doit-on le réinventer ou l’abandonner ? Afin de prendre le pouls de la communauté scientifique sur ce sujet, nous avons recueilli les avis des membres de la Société Française de Physique dans une enquête menée en juin 2018. Une vingtaine de questions dans un formulaire en ligne ont recueilli 155 réponses. Pour presque toutes les questions, nous avions laissé de la place pour des commentaires, possibilité largement saisie par les sondés, que l’on remercie vivement pour leur implication dans le débat. L’enquête a été complétée par un test comparant diverses approches du peer review sur un article scientifique (voir l’encadré, p.53). En août 2018, lors des Journées de la Matière Condensée (JMC) à Grenoble, un débat a eu lieu pour conclure l’enquête. |