qui, grâce à une bande d’amplification extrêmement large (permettant l’amplification d’impulsions de quelques dizaines de femtosecondes), a commencé à supplanter les lasers à base de verres dopés au néodyme. Les CPA ont ainsi vu leur facteur d’étirement notablement amélioré jusqu’à atteindre actuellement des valeurs typiquement de 10 5, démontrant alors l’intérêt indéniable de cette technique pour les lasers ultra-intenses. Les développements industriels Une autre conséquence importante du CPA concerne le développement de lasers CPA moins énergétiques mais ultracompacts, avec des puissances crête de l’ordre du GW [8]. Ce nouveau type de lasers a rapidement prouvé un très fort potentiel d’industrialisation. Ils sont, en effet, suffisamment intenses (10 13 - 10 14 W cm -2) pour permettre une découpe athermique de très grande qualité (voir l’article de M. Sentis, p.17). Ces lasers intenses ont alors été intégrés dans des outils ophtalmologiques parmi lesquels on peut citer, comme application phare, la découpe de la cornée pour la chirurgie réfractive [9] dont la société IntraLase a été pionnière dès le début des années 1990 (voir l’article de F. Salin, p.18). L’amplification par dérive de fréquence est une technologie vivante. Elle a été intégrée dans de multiples systèmes amplificateurs comme les lasers à base de matériaux dopés à l’ytterbium (Yb) pompés par diode et, en particulier, les fibres amplificatrices dopées Yb (YDFA). Ces systèmes laser permettent d’obtenir des hauts taux de répétition (de 100 kHz à quelques MHz typiquement) et des puissances moyennes importantes (pouvant aller jusqu’au kW). Ils sont donc extrêmement utilisés dans l’industrie. On peut aussi noter les nombreuses avancées sur les étireurs et compresseurs, avec des systèmes pour manipuler la dérive de fréquence de plus en plus précis et compacts (fibres de Bragg, miroirs diélectriques à dispersion contrôlée, réseaux de Bragg très efficaces, modulateurs acousto-optiques programmables, etc.). La technique du CPA a donc gagné en maturité pour devenir primordiale et omniprésente sur le marché des lasers industriels intenses. 16 Reflets de la Physique n°61 entrée sortie L’amplification paramétrique optique R R La technique du CPA a aussi été étendue à d’autres méthodes d’amplification nonlaser comme l’amplification paramétrique optique (OPA), avec les systèmes dits OPCPA (association des sigles OPA et CPA). L’OPA est un effet non linéaire qui consiste à amplifier, à l’aide d’un laser de pompe, deux ondes – respectivement « signal » et « complémentaire » – dont la somme des fréquences est égale à la fréquence du laser de pompe. L’OPA permet ainsi d’amplifier des longueurs d’onde où les transitions laser font défaut. À l’inverse du laser, l’OPA est un phénomène instantané et il permet une amplification temporellement plus ciblée et un meilleur contraste temporel. Ce dernier définit la pureté de l’impulsion : il est en effet important qu’il n’y ait pas de piédestal avant l’impulsion, car l’énergie qu’il contient peut donner lieu à une inter action lumière-matière avant même l’arrivée de l’impulsion principale et donc modifier radicalement les interactions visées. Ces plan de symétrie I.3. Schéma d’un étireur à réseaux (opérateur D sur la figure I.1). L’étireur à réseaux utilise un système d’imagerie constitué de lentilles (ou de miroirs) afin de réaliser un délai entre les différentes longueurs d’onde, le plus exactement possible inverse à celui du compresseur. Tout comme pour le compresseur, le faisceau passe quatre fois dans les réseaux, étant renvoyé dans le sens inverse au niveau du plan de symétrie. Après un aller-retour, les différentes longueurs d’onde sont spatialement superposées, mais avec des trajets différents : plus court pour le rouge que pour le bleu. Du point de vue de l’optique géométrique, l’étireur à réseaux peut être considéré comme rigoureusement le système inverse du compresseur à réseaux. La compression de la dérive de fréquence est ensuite de bien meilleure qualité comparée aux premiers étireurs à fibres utilisés qui ne permettent pas cette compensation parfaite de la dérive, notamment à cause des termes d’ordre supérieurs. systèmes OPCPA sont donc particulièrement utilisés, soit pour accéder à de nouvelles longueurs d’onde, soit pour assurer le très bon contraste temporel que demandent les systèmes de classe pétawatts [10]. En conclusion, l’amplification par dérive de fréquence a intégré de nombreuses améliorations et extensions technologiques qui ont permis une dissémination encore plus large des lasers ultra-intenses avec, comme on va le voir dans la suite, de multiples applications industrielles et scientifiques. (a) La limitation en durée est de quelques centaines de femtosecondes pour les verres dopés au Nd et de quelques picosecondes pour les cristaux dopés au Nd. (b) La dérive de fréquence en fonction du temps est typiquement linéaire. Elle correspond par intégration à une phase spectrale parabolique. (c) L’amplificateur utilisé dans cette expérience était de type régénératif : il consistait à piéger, par des jeux de polarisation, une impulsion dans une cavité laser pour la faire passer un grand nombre de fois dans le milieu laser et ainsi obtenir un fort gain. 4 |