» > Cela a été rendu possible grâce à une souscription et un soutien de la région Ile-de-France. Ce laboratoire s’est rapidement mis en réseau avec une trentaine de stations de mesure équipées d’un matériel moins performant mais plus simple d’utilisation, qui est pertinent en situation postaccidentelle (voir encadré). Ensemble, ils ont développé un système d’intercomparaison et une base de données en ligne [10]. De la crise de la mesure aux mesures de crise Disposer d’un laboratoire qualifié et reconnu, associé à un réseau de préleveurs formés, est essentiel pour exercer un rôle de vigie et réagir vite en cas d’incident. Le cas le plus emblématique date de 2001, suite à un incident à l’usine de retraitement de La Hague. Dès le rejet atmosphérique connu, des riverains étaient sur le terrain pour faire des prélèvements et il est apparu que le dépôt, dominé par le couple ruthénium/rhodium 106, était supérieur à la quantité émise annoncée. Un modèle de dispersion atmosphérique a permis de démontrer que l’exploitant avait sous-estimé d’un facteur 1000 la quantité rejetée. Seule l’ACRO a découvert ce dysfonctionnement dû à un problème de détection qui existait depuis longtemps. Plus récemment, c’est une pollution au plutonium qui a été mise en évidence par l’association, à proximité de cette usine, à des niveaux suffisamment préoccupants pour que l’exploitant s’engage à reprendre les terres contaminées. En cas d’accident nucléaire, l’impact des rejets radioactifs est d’une toute autre ampleur. Il peut justifier l’évacuation durable de plus de 100 000 personnes, comme ce fut le cas à Tchernobyl et à Fukushima. De plus, les personnes vivant en territoire contaminé doivent pouvoir contrôler la radioactivité pour adapter leur vie quotidienne. L’accès à la mesure devient donc primordial. Les laboratoires et experts indépendants peuvent compléter les autorités et fournir aux citoyens des réponses adaptées à leurs problèmes. Les autorités françaises reconnaissent désormais l’intérêt d’une surveillance associative de la radioactivité dans l’environnement, même en temps normal. Après un éventuel accident grave, elles comptent sur la prise en charge, par la population, d’une partie de la surveillance. L’IRSN, par exemple, a soutenu la création 26 Reflets de la Physique n°60 La mesure de la radioactivité Lespetitsappareilsdeterrainmesurentleniveauambiantderadiations,qui inclutlaradioactiviténaturelleetéventuellementunecontributionartificielle. Certains ne prennent en compte que le rayonnement gamma et d’autres les rayonnements gamma et bêta. Ils sont surtout pertinents en cas d’accident grave,avecdesniveauxdepollutionsuffisammentélevés,quiinduisentune augmentationdurayonnementambiantdétectableparrapportauxvariations dubruitdefondnaturel.Ilsnepermettentpasdedétecterl’impactdesrejetsde routine des installations nucléaires. Pourdistinguerlaradioactivitéartificielledelaradioactiviténaturelledansdes échantillonsprélevésdansl’environnement,ilfautséparerlesrayonnements enfonctiondeleurénergieàl’aided’unspectromètre.Lesrayonnementsgamma peuventêtredétectéspardifférentstypesd’appareils.Lesplussimples,basés suruncristaldeNaIàtempératureambiante,ontunpouvoirderésolutionassez limitéetunelimitededétectiond’unedizainedebecquerelsparkilogramme. Ilssontpertinentsaprèsunaccidentnucléaireentrainantdesniveauxsignificatifs d’unnombrelimitéderadioélémentsrémanents.Pourobtenirlesmeilleures performances,onutilisegénéralementuncristalsemi-conducteuraugermanium refroidiàl’azoteliquide.Cetypededétecteur,plusonéreuxetcomplexed’utilisation, aunerésolutionsuffisantepourdistinguerdenombreuxradioélémentsetune limitededétectioninférieureaubecquerelparkilogramme.Ilestdoncpertinent pourdétecterl’impactdesrejetsenroutine. Pourlesémetteursbêtapurs,commeletritium,leuridentificationestpluscompliquée,carl’énergiedel’électronn’estpasunique.Ilfautdoncfaireuneséparation chimiquepréalableafindepouvoirdistinguerlespolluantséventuels. d’un réseau qui consiste en un déploiement de compteurs Geiger couplés à des smartphones, avec une application et une cartographie dynamique pour recueillir, partager et valoriser les données. Si les autorités japonaises peinent encore à reconnaitre l’importance de ces dispositifs de mesure citoyenne, il est indéniable qu’ils ont contribué à un meilleur diagnostic de l’impact des rejets. Accéder aux données permet aux personnes concernées d’avoir une réponse partielle à leurs questions, mais cela ne suffit pas. Il manque au Japon, par exemple, une stratégie de compilation et d’analyse afin d’en extraire des informations supplémentaires. La mesure citoyenne de la radioactivité a encore de longs jours devant elle et devrait être étendue à d’autres types de polluants. La publication du rapport Houllier [11] sur les sciences et recherches participatives en France a montré l’intérêt et la richesse de cette démarche. Si, pour ce qui concerne la radioactivité dans l’environnement, les associations ont forcé l’ouverture de l’expertise, il y a encore des progrès à faire pour rendre les recherches plus participatives dans ce domaine. ❚ Références 1. www.umweltinstitut.org/english.html 2. www.criirad.org/3. http://acro.eu.org/4. D.BoilleyetM.Josset, « Lasurveillance del’environnementexercéeparune association : l’observatoire citoyen de laradioactivitédansl’environnement », Contrôle, 188(2010)79. 5. RéseauNationaldeMesures delaRadioactivitédel’environnement : www.mesure-radioactivite.fr/6. Conventionsurl’accèsàl’information, la participation du public au processus décisionneletl’accèsàlajusticeen matièred’environnement,adoptéeà Aarhusle25juin1998 : www.unece.org/fileadmin/DAM/env/pp/documents/cep43f.pdf 7. Campagne « Tchernobyl,30ans après ? » : http://tchernobyl30.eu.org/8. SuividelacatastrophedeFukushima : http://fukushima.eu.org 9. http://chikurin.org 10. http://en.minnanods.net/11.www.sciences-participatives.com/Rapport a. Becquerel : nombre de désintégrations radioactives par seconde dans une certaine quantité de matière. |