Notes de lecture Les Ondes gravitationnelles Nathalie De ruelle Jean-Pierre Lasota 0'111* Jacob...e. Les auteurs annoncent qu’ils vont retracer trois aventures : celles « des expérimentateurs, des astrophysiciens et des théoriciens de la relativité générale » ; ces derniers pour extraire de nouveaux objets à partir des équations, les astrophysiciens pour convaincre de l’existence de ces objets : trous noirs, étoiles à neutrons puis ondes gravitationnelles (O.G.), et enfin les expérimentateurs pour construire des détecteurs d’une précision étonnante capables de mesurer une variation de distance « d’un cent-millionième de fois de la taille d’un atome ». Les auteurs ne suivent pas – heureusement – un tel ordre déductif (ni inductif), mais déroulent leurs chapitres selon une succession qui mêle la chronologie et la logique de la découverte. Après avoir décrit en première partie les ingrédients de cette découverte : signaux, instruments et institutions, on entre dans l’histoire en deuxième partie avec les « barres de Weber », puis les contributions de Rai Weiss et Ron Drever aux détecteurs interférométriques, et enfin le détecteur européen Virgo dirigé par Alain Brillet, avec les détails de l’organisation. Le chapitre 3, très intéressant à mon avis, a été consacré au risque d’artefact – et même de malveillance – au sein d’un consortium de plus de mille personnes, et à la critique socio-historique de Harry Collins (b) qui avait déjà écrit sur les expériences de Weber et de ses contemporains dans les années 1970. Collins décrit aujourd’hui dans son enquête les cinq mois passés entre la détection du premier événement et sa publication comme ayant eu « pour but de forger un consensus psychosociologique autour du fait que GW150914 (le premier et le plus intense des signaux) était bien la signature gravitationnelle de la fusion de deux trous noirs. ». Les physiciens s’efforçaient de leur côté d’évaluer techniquement le risque d’une fausse détection par des analyses statistiques sophistiquées portant sur l’éventualité d’un signal obtenu par hasard, ce qui peut comporter des biais techniques, certes, mais pas psychosociologiques. Je ne commenterai pas ici la notion de « réalités scientifiques » du coauteur (p. 45), ni les conceptions historiques de la coauteure qui suivent en troisième partie (ch. 10 et 11), avec la délicate question du vide et de l’éther entre le 17 e et le 19 e siècle, les 46 Reflets de la Physique n°59 Les Ondes gravitationnelles Nathalie Deruelle et Jean-Pierre Lasota (Odile Jacob, collection Sciences, 2018, 336 p., 25 € ) Ce livre est écrit par deux théoriciens spécialistes de la relativité générale (R.G.). L’une a publié plusieurs fois sur le sujet et l’autre – qui a étudié les pulsars et les trous noirs – a participé comme représentant de l’INSU (a) à la gestion du détecteur européen Virgo entre 1994 et 2000. Cet ouvrage comporte des notes et un index, mais malheureusement pas de bibliographie. équations de Maxwell et la relativité restreinte qui s’ensuit en 1905. L’une comme les autres ont le mérite d’être clairement exprimées. Le chapitre 12, très bien fait me semble-t-il, explique pourquoi on parlera de perturbation de l’espace au passage de l’onde gravitationnelle plutôt que de déplacement des miroirs sous l’effet d’une force, en conséquence du principe d’équivalence et de sa mise en forme par Einstein en 1915 dans sa Relativité générale, et de l’absence de tout repère absolu. De façon générale, les auteurs affrontent courageusement la difficulté – propre au traitement de la gravitation par une courbure géométrique – des mesures des distances ainsi que des énergies gravitationnelles (voir ch. 16). « Einstein ne croyait pas aux trous noirs. Il aurait dû », annonce le titre du chapitre 14 ; il avait douté également de la réalité des O.G. en raison des difficultés de définition de l’énergie en relativité générale, et c’est Heinrich Brinckmannqui a, en 1925, démontré l’existence d’ondes planes dans le système complet des équations non linéaires de la R.G. (c). L’histoire passionnante du concept d’« horizon » met en lumière l’introduction de la constante cosmologique par Einstein en 1917 en réaction à la solution de Schwarzschild, puis les modèles cosmologiques de De Sitter, mais aussi les rôles d’Herman Weyl, Félix Klein, puis de Georges Lemaitre, jusqu’à l’article d’Oppenheimer et Snyder en 1939. À partir de là interviennent les équations d’état des étoiles, et donc l’astrophysique qui est l’objet de la quatrième partie du livre. Les étoiles meurent et peuvent se transformer en étoiles à neutrons, pulsars ou trous noirs qui, s’ils se trouvent sous forme de systèmes doubles, forment la plupart des sources de rayonnement gravitationnel. La cinquième et dernière partie traite des O.G.comme nouvelle astronomie. « Lire le ciel avec une théorie » évoque, de plus, le test que constitue cette nouvelle façon d’observer les astres pour la théorie d’Einstein. Les deux derniers chapitres décrivent l’épopée de l’établissement de la forme prévue pour le signal à détecter lors de la coalescence de deux astres compacts, depuis les années 1980, à partir du moment où il a été bien établi – quoique difficilement – que les ondes prévues théoriquement devaient vraiment transporter |