Alexander Blaikley (1816-1903) 2. Michael Faraday à la Royal Institution en 1856. 3. Wolfgang Pauli et Niels Bohr dans l’observation attentive d’une toupie tippe-top qui, quelques instants plus tard, se retournera sur la tige qui a servi à la mettre en rotation (Lund, Suède, juillet 1954) (Wikimedia commons). » > Le Palais de la découverte Un nouveau style de musée voit le jour en 1937 sous l’égide de Jean Perrin (le père du CNRS, créé dans le même temps), où l’on ne met plus en avant les objets mais les concepts. L’originalité de cette institution est de reproduire des expériences de recherche à l’aide de médiateurs ayant une formation scientifique suffisante. Ce modèle original sera appliqué dans de nombreux grands musées de science actuels, en particulier le célèbre Exploratorium de San Francisco, fondé par Franck Oppenheimer (le frère du « père » de la bombe atomique). Naturellement, ces médiateurs, en reproduisant les outils et les gestes du chercheur, sont les acteurs de leçons expérimentales ; ils proposent une démarche inductive et y introduisent une part de spectacle, mettant souvent en avant des effets contre-intuitifs. Ces présentations expérimentales au Palais de la découverte sont aussi l’objet du programme « un chercheur, une manip », mis en place il y a une douzaine d’années, qui propose un temps d’échange direct entre un chercheur, présent pour un temps limité, et le visiteur de passage. Les leçons à la Royal Institution La présentation d’expériences devant le public ne constitue cependant pas une nouveauté introduite par le Palais de la découverte à Paris. La Royal Institution, 38 Reflets de la Physique n°59 Erik Gustafson Société savante pour la diffusion de la recherche créée à Londres en 1799, est marquée par la place occupée par Michael Faraday, qui y poursuit aussi sa recherche. Il animera les «Christmas Lectures» avec des audiences de niveaux variés, et tout particulièrement des jeunes [5], dans une ambiance évoquant parfois celle d’un cirque (fig. 2). Il fera luimême près de vingt présentations, comme une série sur la flamme d’une chandelle [6]. Les plus grands scientifiques des 19 e et 20 e siècles (près de vingt prix Nobel) se plieront à la règle de leçons construites autour d’expériences présentées en direct de façon théâtrale et destinées à un large public. Ces conférences sont aujourd’hui diffusées par la BBC et disponibles dans leur totalité [7]. Les conférences expérimentales à l’École supérieure de physique et chimie industrielles de la ville de Paris (ESPCI) L’expérience des leçons de la Royal Institution incitera Pierre-Gilles de Gennes à proposer à Dominique Bonnin, enseignant à l’ESPCI, un défi de taille : organiser des conférences expérimentales mensuelles sur le modèle britannique. Dominique consacrera pendant une dizaine d’années beaucoup d’énergie à la tenue de ces conférences dans le cadre de l’Espace des Sciences (qui porte désormais le nom de l’illustre directeur de l’ESPCI). L’organisation sera reprise plus tard par l’un d’entre nous, José Bico. Les premières conférences au printemps 2003 connaissent un succès immédiat : Chimie et biologie de la beauté par Patricia Pineau de l’Oréal, puis Protection des récoltes par Vance Bergeron et David Quéré, témoignent de la diversité souhaitée des thèmes et des contributeurs. De nombreux secteurs ont été illustrés au cours de quelques 130 conférences proposées jusqu’à ce jour. Si la physique et la chimie des interfaces, la matière en grains ou la mécanique des structures sont plus représentées que la biologie, certains conférenciers talentueux n’ont pas hésité à manipuler en direct des molécules d’ADN (Vincent Croquette) ou des poissons-zèbres (Claire Wyart et Lydia Djenoune) ! Les habitués, tout comme les visiteurs occasionnels, sont unanimes : l’originalité de ces conférences tient à leur articulation autour d’expériences réalisées sur place. Cet exercice s’apparente parfois à de la haute voltige lorsqu’il s’agit par exemple de réaliser une aurore polaire sur scène (par Laurent Lamy), pour le plus grand émerveillement des spectateurs. Nous donnons dans l’encadré 1, à titre indicatif de la diversité des thèmes, la liste des leçons présentées et prévues depuis février 2018. Si la physique occupe une place de choix dans ces exposés, on note une grande variété de thèmes avec des présentations où les sens sont sollicités. Ces présentations sont souvent faites à |