Disparitions Bernard Couillaud, pionnier des lasers à colorants Bernard Couillaud est décédé le 14 août 2017 à l’âge de 73 ans, victime d’une noyade accidentelle au Costa Rica où il passait des vacances en famille. La carrière de Bernard Couillaud dans le monde des lasers débute dans les années 1970. Après des études en physique à l’Université de Bordeaux, il lance avec André Ducasse la thématique laser dans cette université, dans le cadre d’une petite équipe CNRS que les deux chercheurs créent ensemble. Parmi les résultats marquants de cette équipe, on doit citer les travaux pionniers utilisant des lasers à colorants construits par l’équipe : mise en évidence, par spectroscopie sans effet Doppler, de la structure hyperfine de molécules diatomiques (structures alors non encore observées) ; interaction entre faisceaux lasers se propageant en sens inverse (premières expériences de dispersion saturée en milieu gazeux)... Après sa nomination comme professeur à Bordeaux et des collaborations très fructueuses avec T.W. Hänsch (avant le prix Nobel de ce dernier), à l’Université Stanford, sur la spectroscopie de l’hydrogène, il est sollicité par la firme Coherent qui construit en Californie des lasers réputés chez les chercheurs du monde entier. Patricio Leboeuf, directeur délégué de la recherche de l’Université Paris-Saclay 42 Reflets de la Physique n°55 Il entre au début des années 1980 chez Coherent comme responsable de la recherche, et il gravit rapidement tous les échelons pour devenir, de 1996 à 2002, le CEO (PdG) de l’entreprise. Il restera encore quatre ans président de son conseil d’administration, et jouera un rôle important dans le démarrage de start-up et dans des fusions-acquisitions d’entreprises du domaine. Il présidera aussi, pour la Route des Lasers, pôle de compétitivité à Bordeaux, le démarrage d’une convention d’affaires internationale originale, Invest in Photonics, à partir de 2008. Grand physicien, expérimentateur hors-pair, Bernard Couillaud avait été élu à l’Académie des Technologies. Ses travaux universitaires sur les lasers à colorant continus ou picosecondes, puis l’évolution qu’il a pilotée chez Coherent sur les lasers femtoseconde à solides, ont marqué la communauté internationale. Il laissera dans celle-ci l’image d’un leader à l’énergie communicative, au contact chaleureux, qui, parti de France, a fait une remarquable carrière de grand industriel aux USA. Alain Aspect (1) et André Ducasse (2) (1) Laboratoire Charles Fabry, Institut d’Optique (2) Ancien président de l’association Aquitaine Lasers Photonique et Applications Patricio Leboeuf, directeur de recherche au CNRS et physicien théoricien au Laboratoire de Physique Théorique et Modèles Statistiques (Orsay), est décédé brutalement le 29 juin 2017, à l’âge de 56 ans. Titulaire d’un doctorat en physique nucléaire obtenu à Buenos-Aires en 1989, il a d’abord été enseignantchercheur à l’université Paris-Sud avant d’intégrer le CNRS comme chercheur en 1991. Spécialiste de la physique du chaos quantique et des matrices aléatoires, il s’est consacré à l’étude du désordre, des non-linéarités, des zéros des fonctions Zêta et plus récemment des gaz de Bose et des gaz de fermions. Son dernier grand travail scientifique, publié en 2012, avait trait au mouvement superfluide de la lumière, un travail exemplaire et original, particulièrement apprécié de ses pairs. Fin pédagogue, rigoureux mais convivial dans les échanges scientifiques, Patricio Leboeuf restait toujours à l’écoute et en éveil vis-à-vis des sujets et thématiques émergents en physique. Patricio Leboeuf avait par ailleurs maintenu une activité d’enseignement intense au sein de la formation qui allait devenir le Master des Systèmes Complexes. Il assumait depuis une douzaine d’années des responsabilités importantes dans l’encadrement de la recherche, notamment en tant que chargé de mission pour la physique théorique au CNRS, puis directeur adjoint au sein du département Mathématiques- Physique-Planètes-Univers, puis à l’Institut de physique du CNRS où il conserva cette fonction jusqu’en 2012. Avec la même énergie, il s’était alors investi dans la construction de la future Université Paris-Saclay, en charge de la recherche. Sa disparition est une grande perte pour les institutions auxquelles il se vouait, et pour la communauté toute entière. Un hommage lui a été rendu durant le 24 e Congrès général de la Société Française de Physique, le 3 juillet 2017. La conférence lui a été dédiée. |