20 interview planète santé – mai 2015 Cyrille Gindre « Dès qu’on bouge, tout va mieux » Le sport fait-il maigrir ? La question est simple, mais la réponse est bien plus complexe qu’on ne pourrait le croire. Les explications de Cyrille Gindre, chercheur, enseignant et entraîneur de course à pied.* PROPOS RECUEILLIS par Patricia Bernheim P.S. : L’activité physique est considérée comme l’un des piliers du traitement du surpoids et de l’obésité. Fait-elle pour autant perdre des kilos ? C.G. : Il y a plusieurs manières de répondre. Si l’on observe l’évolution de personnes sédentaires et d’autres qui pratiquent une activité physique, on constate que le premier groupe a tendance à prendre plus de poids avec l’âge que le second. C’est comme si l’activité physique avait un effet protecteur contre la prise de poids. En revanche, si l’on observe une personne en surpoids qui se met à pratiquer une activité physique, c’est plus complexe. D’un seul point de vue comptable, la situation est la suivante : imaginons une personne qui pèse 70 kg, dont 25% (soit 17 kg) sont constitués de graisse. Un kilo de graisse est équivalent à 9000 calories. Si elle se lance dans un marathon, elle va peut-être perdre 250 à 300 grammes de graisse au maximum. Il faudra donc beaucoup d’efforts pour perdre une quantité notable de masse grasse. La perte est-elle donc aussi infime ? On peut globalement dire qu’il y a une tendance à la perte de poids suite à la pratique d’une activité physique, mais celle-ci n’est pas nette. D’une part parce que lorsque l’on fait du sport, on prend plus d’eau (le volume sanguin augmente), de l’autre parce qu’on a tendance à prendre du muscle. Même si la masse grasse baisse, on ne verra pas forcément de différence notable sur la balance parce que la masse maigre augmente en parallèle. Alors à quoi bon faire des efforts ? Dans la mesure où on ne peut pas assurer que le poids va baisser, il ne faut pas se braquer sur la balance et le nombre de kilos à perdre, mais sur la silhouette, qui se modifie, et sur le fait qu’on se sent mieux. Dès que l’on bouge, tout va mieux parce que « ce que j’utilise, je le renforce ». De nombreuses études montrent que l’activité physique améliore globalement la santé et réduit l’occurrence de certains cancers, maladies cardio-vasculaires et autres troubles corporels. Elle agit non seulement sur le corps mais aussi sur notre humeur et notre capacité à apprendre. Il y a une très grande continuité entre le mental et le corps. Quand l’un va mieux, l’autre aussi. Bouger permet de sortir plus facilement d’une dépression ou peut la prévenir. On se sent plus belle ou plus beau… keystone/Cultura/ISTL Robin Skjoldbord |