40 VRAI/FAUX planète santé – octobre 2015 Vérités sur la croissance Beaucoup de parents se préoccupent de la taille de leur enfant alors qu’une grande quantité d’idées reçues circulent sur la croissance. Nous avons fait le point sur la question avec la Dresse Mirjam Dirlewanger, médecin adjointe à l’Unité d’endocrinologie et diabétologie pédiatriques de l’Hôpital des enfants à Genève. TEXTE Patricia Bernheim Petit bébé, petit adulte ; grand bébé, grand adulte. Faux. Dans une population donnée, la taille dépend principalement de deux facteurs : la génétique et l’environnement. Notre taille adulte est définie par notre potentiel génétique, mais de mauvaises conditions nutritionnelles, psychoaffectives, socio-économiques ou encore une maladie chronique dans l’enfance peuvent altérer ce potentiel. Notre poids et notre taille de naissance dépendent plus quant à eux de l’environnement intra-utérin (état de santé et nutritionnel de la mère, exposition aux toxiques, etc.), que du capital génétique. Un grand et gros nouveau-né ne sera pas forcément un adulte de grande taille et, à l’inverse, un enfant qui naît petit pourra même atteindre une taille adulte supérieure à la moyenne. Jusqu’à l’âge de 3 ans, l’enfant doit être mesuré au plus tous les ans. Faux. En Suisse, la Société Suisse de Pédiatrie (SSP) préconise qu’un enfant soit pesé et mesuré à chaque visite de routine chez son pédiatre, soit à 1, 2, 4, 6, 9, 12, 18 et 24 mois, puis à 3 et 4 ans. Par la suite, la taille et le poids sont mesurés de façon plus espacée et en fonction de l’état de santé de l’enfant. Dormir fait grandir. Vrai. Plus précisément, le manque de sommeil peut interférer avec la croissance et une bonne qualité de sommeil est indispensable au bon développement et à la croissance d’un enfant. Il faut également ajouter que l’hormone de croissance est sécrétée de façon irrégulière et que les pics les plus larges et les plus amples surviennent durant le sommeil. Voilà pourquoi on peut conclure que dormir aide à bien grandir. Certains aliments, comme la soupe de légumes ou les laitages, favorisent la croissance. Faux. Une alimentation équilibrée et variée, y compris à l’adolescence, est essentielle, mais aucun aliment en particulier ne favorise la croissance staturale. L’apport en calories, protéines, vitamines, calcium, etc., doit être équilibré en tenant compte de l’âge. Les légumes et les laitages font tout simplement partie d’une alimentation saine et variée. L’important est que les courbes de poids et de taille évoluent parallèlement. Vrai. Il est important qu’il n’y ait pas de « décrochage » entre les deux courbes de croissance. Si un enfant grossit et que la croissance s’infléchit ou si la croissance s’accélère ou ralentit, il est conseillé de consulter un médecin pour en déterminer la cause. Tout changement de canal de croissance, que ce soit pour le poids ou pour la taille, mérite d’être évalué et suivi de près. De plus, si la croissance est régulière mais que l’enfant ne semble pas atteindre sa taille cible familiale (voir point suivant), une consultation sera également nécessaire. Il est possible d’estimer la taille adulte d’un enfant grâce à un simulateur de croissance en indiquant le sexe de l’enfant et la taille des deux parents. Vrai. Une formule (voir encadré) permet de calculer la taille cible familiale qui correspond au potentiel génétique dépendant des parents. Pour les filles, on additionne la taille de la mère et la taille du père, on soustrait treize au résultat et on divise par deux. Pour les garçons, on additionne également la taille des deux parents, mais on ajoute treize avant de diviser par deux. Les chiffres obtenus représentent la taille cible familiale. Il faudra encore ajouter plus ou moins 8,5 cm pour définir la fourchette de taille adulte que l’enfant devra atteindre par rapport à son potentiel génétique. L’os du poignet permet de prédire la taille adulte. Vrai. Une radiographie du poignet et de la main permet d’évaluer la maturation osseuse et, à partir de là, d’établir un pronostic de taille adulte. Il existe diverses méthodes pour effectuer ces calculs et la maturation osseuse, aussi appelée âge osseux, peut être évaluée à partir de différents sites d’ossification (main et poignet gauches, bassin, genoux…). |