PAR/BY JULIA DE FUNÈS Philosophe* Philosopher* Paris, Ville lumière, capitale de la France, mais aussi de la mode, de la gastronomie, de l’art et de la culture, ville sublime par excellence, ville des musées et des monuments, elle n’en finit jamais d’attirer les touristes du monde entier. Cette ville aux innombrables beautés est-elle bien une ville ? Pas si sûr. Si Paris était une ville nous pourrions la comparer à d’autres, or elle demeure incomparable. Non parce qu’elle est mieux ! Elle n’est ni plus propre, ni plus agréable à vivre que certaines autres villes étrangères ou françaises. Les Parisiens n’y sont pas plus aimables qu’ailleurs. Sur une échelle qualitative de critères, Paris n’arrive pas nécessairement en tête. D’où vient alors ce je-ne-sais-quoi, cette différence essentielle, ce charme, qui fait et fera de Paris toujours Paris ? Sa différence n’est pas de degrés mais de nature. Paris n’est pas une ville, Paris est une philosophie. Paris c’est l’avenue de l’Opéra, la rue de la Paix ou de Rivoli, bien plus que ses 3 700 rues et ses 958 km. Paris c’est Montmartre, Palais Royal, « LE PARISIEN NE « FAIT » PAS SA VILLE, IL EN EST » « PARIS IS NOT MADE UP OF PARISIANS, IT IS LIVED BY THEM » Paris n’est pas une ville, elle est plus qu’une ville, un univers à elle seule. Paris is more than a city, it’s a world unto itself. ou Luxembourg, bien plus que ses 16 lignes de métro et ses 302 stations ! Paris c’est le Café de la Paix, de Flore et Les Deux Magots bien plus que ses 1 916 cafés, Paris c’est l’Opéra bien plus que ses 17 conservatoires municipaux ! Paris est au-delà, par-delà la ville en tant que telle. C’est pourquoi le Parisien ne se rend que très rarement à l’Arc de Triomphe, tout comme le Moscovite ignore parfois le musée Pouchkine, et les Madrilènes négligent souvent le Prado ! Ils ne visitent pas leur ville, ils la vivent. Le Parisien ne consomme pas sa ville, il la ressent. Le Parisien ne « fait » pas Paris, il en est. Paris est moins géographique que philosophique, moins une ville qu’un univers, moins une localité qu’une idée. L’idée d’un lieu fait de faubourgs, d’enseignes, de rêves, d’ambiances, d’émotions, d’intensités, de charmes et d’atmosphères à laquelle le touriste ou le Parisien souhaite – pour un temps ou pour toujours – appartenir. u *Auteur de Socrate au pays des process (Flammarion) et La Comédie (in)humaine, co-écrit avec Nicolas Bouzou (Éditions de L’Observatoire). JANVIER/FÉVRIER 10 - PARIS WORLDWIDE JANUARY/FEBRUARY 2019 Paris, the City of Lights, capital of France, fashion, gastronomy, and art ; a city of museums attracting a constant stream of tourists. But is this place of countless beauties really a city ? I’m not so sure. If Paris were truly a city we could compare it with others, but it’s simply incomparable. Not because it’s better : it’s neither cleaner nor more pleasant to live in than certain other French and foreign cities. Parisians are not friendlier than people elsewhere. Based on qualitative criteria, Paris doesn’t necessarily rank first. Where does this je-ne-sais-quoi come from, this essential difference, this charmthat makes Paris only and forever Paris ? The difference is not measured by degrees. Paris is not a city, it is a philosophy. Paris is not merely 3,700 streets measuring 958 km (595 mi) ; it is the Avenue de l’Opéra, rues de la Paix and Rivoli. Paris is not 16 metro lines and 302 stations, but Montmartre, Palais Royal, and the Luxembourg gardens. Paris is the Café de la Paix, Café de Flore, and Les Deux Magots, not 1,916 cafés. Paris is the Opéra and its 17 municipal conservatories. That is why Parisians rarely visit the Arc de Triomphe, like Muscovites who ignore the Pushkin Museum and Madriliens who pass by the Prado. Parisians don’t visit their city, they experience it. Paris is less geographical than philosophical, less a locality than an idea. The idea of a place made of districts, emblems, and atmospheres that visitors and Parisians alike want to be a part of – for a moment or forever u *Author of Socrate au pays des process, Flammarion, and La Comédie (in)humaine, co-written with Nicolas Bouzou, éditions de L’Observatoire. ILUSTRATIONS : STÉPHANE MANEL |