Denis Podalydès dans La Nuit des rois ou tout ce que vous voulez. Denis Podalydès in Twelfth Night or What You Will. méfiants vis-à-vis des metteurs en scène ou de l’administrateur. La Comédie-Française a gagné en liberté ce qu’elle a perdu en puissance financière, et bénéficie aujourd’hui du travail d’avant-garde réalisé par ses administrateurs dans les années 1980-1990. Aujourd’hui, elle n’est plus considérée comme un vieux temple guindé, mais comme un foyer actif de création qui attire de jeunes metteurs en scène talentueux. Comment qualifieriez-vous le jeu des acteurs de la Comédie- Française ? Autrefois, ceux-ci venaient exclusivement du Conservatoire et étaient en charge d’un répertoire ancien, versifié, qui demande des qualités techniques particulières, une diction, un phrasé. La formation des acteurs a énormément changé, ils ont tendance à parler beaucoup moins fort, par exemple. Moi, j’aime que l’on donne parfois à la langue un relief puissant, quitte à ce que ce soit antiréaliste. Ça peut faire bondir les réalisateurs, mais au théâtre, si on trouve le code, tout est possible ! Si vous étiez ministre de la Culture, quels grands chantiers entreprendriez-vous ? J’essaierais déjà de défendre tous les chantiers existants, notamment celui de la démocratisation culturelle : faire en sorte que l’art ne soit jamais vu (seulement) comme une marchandise, et aussi rappeler sa liberté et sa gratuité fondamentales. Car la culture est le seul bien que l’on puisse s’attribuer sans jamais en spolier quiconque. Mais un quinquennat ne suffirait pas pour cela ! [Rires] u 0 0 La Nuit des rois ou tout ce que vous voulez, jusqu’au 28 février 2019/Twelfth Night or What You Will, until February 28, 2019 ; Lucrèce Borgia, jusqu’au 1er avril 2019/until April 1, 2019. Comédie-Française, salle Richelieu, place Colette, Paris 1er (comedie-francaise.fr). NOVEMBRE/DÉCEMBRE 86 - PARIS WORLDWIDE NOVEMBER/DECEMBER 2018 have greater trust in directors and the administrator. Despite tighter budgets, the Comédie-Française had reclaimedits freedom and is reaping the benefits from the directors’pioneering work in the 1980s and 1990s. Today, it is no longer seen as a ‘has-been,’but as an active home for creativity that attracts talented young directors. How would you describe the way actors performat the Comédie-Française ? In the old days, actors exclusively came from French Conservatories and performedthe versified classic repertoire, which requires special technical abilities, diction, and phrasing. Actors today train differently and tend to no longer speak so loudly, for example. I personally like it when we occasionally give language powerful emphasis, even if it doesn’t sound realistic. Directors may not like it at first, but anything is possible in the theater, provided you find the right code ! If you were appointed Minister of Culture, what major projects would you undertake ? For a start, I would try to defend all the existing projects, especially those striving for cultural democratization : ensuring that art is never seen solely as a commodity, and emphasize its fundamental freedom. Because culture is the only thing you can reappropriate without damaging it. But a five-year appointment wouldn’t suffice ! [Laughs] u JEAN-LOUIS FERNANDEZ, COLL. COMÉDIE-FRANÇAISE |