disponibilité où vous signifiez au metteur en scène qu’il peut tout vous demander, que vous lui faites entièrement confiance. Vous avez coutume de dire « Être acteur, c’est être un autre ». Qui êtes-vous, Denis Podalydès ? Oui, être acteur, c’est être momentanément un autre que soi d’une manière complètement fictive, sans être schizoïde. Dans le fond, c’est pour moi la meilleure façon d’être soi ! Quel est le rôle de la Comédie-Française ? Elle a une mission clairement établie : à la fois entretenir le répertoire ancien pour le faire connaître aux jeunes générations, et créer un répertoire nouveau. Travailler avec de grands metteurs en scène permet à cette institution de vivre au présent, de ne pas avoir les yeux tournés vers le passé et de renouveler son répertoire. La Comédie-Française est souvent vue comme réservée à l’élite. Malheureusement, le théâtre est réservé à l’élite ! C’est depuis toujours le combat de tous les directeurs de grandes structures publiques : c’était celui de Jean Vilar ou de Firmin Gémier, fondateur du Théâtre national populaire, à Paris, en 1920. La Comédie-Française est peut-être l’un des théâtres publics fréquentés par le plus de classes populaires. Si le fond des abonnés appartient à la bourgeoisie parisienne, par les scolaires, on touche énormément de jeunes de banlieue. Est-ce que la Comédie-Française s’exporte hors les murs ? Tous les ans, il y a une tournée à l’étranger. Cet été, nous avons joué dix fois à New York Les Damnés, dans une mise en scène d’Ivo van Hove. Avec chaque jour, une salle pleine et des articles élogieux dans la presse new-yorkaise. Et Les Fourberies de Scapin a été joué en banlieue. L’accueil a été merveilleux. Est-ce que la Comédie-Française contribue au rayonnement de Paris et de la France à l’étranger ? Autant que faire se peut. Par exemple, Cyrano de Bergerac, que nous avons joué pendant douze ans, a peut-être été vu par 800 000 personnes. Maintenant, grâce à Internet, on peut étendre cette diffusion. Et il y a Pathé Live, la retransmission de pièces au cinéma. Pensez-vous que Paris reste un terreau propice à la création ? Paris reste un haut lieu de la culture et continue d’être très attractive pour les artistes, malgré la concurrence d’autres capitales. En quoi la Comédie-Française a-t-elle changé depuis que vous y êtes entré, en 1997 ? La maison a changé en profondeur. La troupe se renouvelle énormément et les acteurs sont moins « Paris reste un haut lieu de la culture » « Paris is stilla major center for culture » ▲ NOVEMBRE/DÉCEMBRE 84 - PARIS WORLDWIDE NOVEMBER/DECEMBER 2018 You often say that « Being an actor is being another. » Who are you, deep down ? Yes, being an actor means being momentarily outside oneself in a completely fictitious manner, without having a personality disorder. But it’s ultimately the best way for me to be myself ! What’s the Comédie-Française’s role ? It has a clearly established mission : to maintain and present the classic repertoire to younger generations and to create a new repertoire. Working with great stage directors allows this institution to live in the present, rather than solely looking to the past. The Comédie-Française is often seen as reserved for the elite. The theater is unfortunately reserved for the elite ! All the directors of large public institutions have fought against this. Think of Jean Vilar and Firmin Gémier, who founded the People’s National Theater in Paris in 1920. The Comédie-Française is probably the public theater most frequented by the working class. While most subscribers come from the Parisian bourgeoisie, we also have great appeal for young people from the suburbs. Does the Comédie-Française travel ? Each year, a tour is organized abroad. This summer we played The Damned, staged by Ivo van Hove, to packed theaters in New York, and won praises from the New York media. And we also performedMolière’s Scapin the Schemer in front of enthusiastic audiences in the suburbs. Does the Comédie-Française contribute to Paris’and France’s influence abroad ? As much as possible. For example, Cyrano de Bergerac, which we performedfor 12 years, was seen by some 800,000 people. Now, thanks to the Internet, we can extend this outreach. And there is Pathé Live, which broadcasts plays in movie theaters. Do you think that Paris is stilla fertile ground for creation ? Paris remains a major center of culture that continues to appeal to artists, despite competition from other world capitals. How has the Comédie-Française changed since you joined in 1997 ? There have been significant changes. The troupe renews itself quickly and actors ▲ |