Sur le bureau d’Yves Coppens, trône une sculpture du portrait de Lucy. A sculpted portrait of Lucy reigns over Yves Coppens’desk. de se diriger vers l’Eurasie. Voilà l’évolution de ce bonhomme qui, au fil des jours et du développement de son cerveau, devient Homo sapiens. Un amendement voté le 12 juillet prévoit la suppression du mot « race » de l’article 1 de notre Constitution. C’est un symbole important ? Très important. La division en races n’est plus tolérable. D’abord sur le plan scientifique. Dans l’état actuel des connaissances, la science constate que tous les hommes ont la même origine. En trois millions d’années, il y a eu une diversification des morphologies et des populations, mais jamais une différenciation de la race. Et sur le plan de l’idéologie, le mot « race » a pris une connotation très désagréable de supériorité et d’infériorité. Pour une fraternité entre les hommes, on ne peut pas continuer à penser qu’ils se rangent de manière hiérarchique, ne serait-ce que par couleur. Ces derniers millénaires, au gré des changements climatiques, l’homme a dû s’adapter. Aujourd’hui, entre surexploitation des ressources et biodiversité menacée, il a créé un environnement qui lui est défavorable. N’est-il pas devenu sa propre menace ? C’est vrai que depuis deux cents ans, l’environnement n’est plus durable. Il s’est retourné contre nous. On ne peut pas prévoir l’avenir. Mais grâce à mon regard sur 14 milliards d’années et ce que je sais du passé, je demeure optimiste. Contrairement à tous les autres êtres vivants de la terre, l’homme est libre, et donc responsable de sa destinée. Au lieu de subir, il agit car il a l’obsession de la conservation de l’espèce, mais aussi de la survie de la personne. En moins d’un siècle, il a pris conscience qu’il est entré dans une phase non durable, que sa survie est liée à ses propres actions contre ses propres actions précédentes. Et il s’efforce de le faire comprendre à l’humanité entière, et de trouver des moyens pour limiter ça. SEPTEMBRE/OCTOBRE 90 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 very unpleasant connotation of superiority and inferiority. For a fraternity between humans to exist, we cannot continue to think in terms of a hierarchy in rank or color. Humans have had to adapt to climate change over the past millennia. With the current overexploitation of resources and the threat to biodiversity we are creating an unfavorable environment. Have we not become a threat to ourselves ? It is true that over the last 200 years the environment the been increasingly unstable. It has turned against us. We cannot predict the future, but thanks to my study of 14 billion years and what I know of the past, I remain optimistic. Unlike all other living beings on earth, humans are free and therefore responsible for their destiny. Instead of being passive, we take action because we’re obsessed with the conservation of the species, as wellas the survival of the individual. In less than a century, humans have become aware of the fact that we have entered an unsustainable phase and that survival is related to our response to our own previous actions. And we strive to make all of humanity conscious of this fact and find ways to ameliorate it. Some people believethat our species’survival will be assured only by the augmented human. What are your views on transhumanism ? I am both in awe and concerned. The future is scary, that’s an eternal story. I follow research on transhumanism with great interest. There are things that will |