Y aura-t-il encore demain une rentrée scolaire où des millions d’élèves débarqueront dans des salles de classe face à des enseignants en chair et en os ? « On peut très bien imaginer la généralisation de bibliothèques virtuelles, qui remplaceront les livres sur les rayonnages et les cours donnés dans nos murs. Mais les étudiants continueront à venir sur les campus, à condition d’y vivre des expériences faites d’émotions, de plaisirs et d’échanges autour de travaux de groupes, de projets avec des participants venant de différents horizons, pronostique Philippe Monin, directeur académique d’EMLyon Business School. Pour répondre à leur demande, il va falloir abolir les frontières disciplinaires et créer des alliances entre plusieurs universités internationales. » Nous n’en sommes pas encore là mais l’agitation autour des EdTech (technologies appliquées à l’éducation) est palpable. Les levées de fonds ont atteint 7,7 milliards de dollars au niveau mondial en 2017. Et si ce secteur ne pèse que 3% dans le total des dépenses effectuées par les acteurs privés et publics de l’éducation, il vise une part de 10% à l’horizon de 2030. Et pour cause : « Sans s’appuyer sur le développement des technologies, les progrès dans les neurosciences, les capacités de traitement de données massives et l’intelligence artificielle (IA), il sera impossible de répondre aux besoins du milliard d’étudiants à former d’ici dix ans ou du milliard supplémentaire d’adultes qui vont devoir remettre à jour leurs compétences pour les besoins des entreprises », prévient Benjamin Vedrenne-Cloquet, partner du fonds d’investissement britannique Ibis Capital, spécialisé dans les EdTech. Avec le lancement des Moocs (cours massifs et gratuits en ligne) portés par des plates-formes telles que Coursera ou EdX, et menés par les enseignants vedettes des plus grandes universités mondiales, de 7,7 Mds Le montant (en dollars) des levées de fonds au niveau mondial, en 2017. US$ 7.7 billion : the total amount of funds raised globally by EdTechs in 2017. Source : ministère de l'Éducation nationale nouveaux acteurs relèvent le défi. Ils ont court-circuité le monde de l’éducation, comme l’avaient fait Netflix, Airbnb ou encore Spotify dans leur secteur d’activité. L’ÉCOLE, N’IMPORTE OÙ, N’IMPORTE QUAND Aujourd’hui, la plupart des universités se sont lancées dans la course pour limiter le temps de présence des étudiants sur le campus, et leur permettre de se former où et quand ils le souhaitent. La dématérialisation de l’apprentissage fait aussi des émules dans les écoles primaires, les collèges et les lycées. Après l’arrivée des ressources numériques dans les salles de cours, la bataille s’engage maintenant dans le champ du soutien scolaire ou de la préparation des tests d’admission. Bénéficiant de l’engouement des parents, soucieux d’assurer le meilleur avenir possible à leurs enfants en favorisant leur accès aux meilleurs établissements, l’EdTech chinoise Yuanfandao, la première « licorne » (entreprise du numérique valorisée à plus de 1 milliard de dollars) a levé, en 2017, 120 millions SEPTEMBRE/OCTOBRE 76 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 Tomorrow, will there still be a Fall « Back to School » period, when students return to physical classrooms ? « We can easily imagine virtual libraries replacing university books and courses, but students would still come to campus for social experiences and the pleasure of exchanging with other students and doing group work, » predicts Philippe Monin, director of EMLyon Business School. « To meet student demand, we’ll need to dissolve the boundaries between different fields and join forces with other international universities, » adds Monin. We’re not there yet, but the excitement around ‘EdTechs,’technologies applied to education, which globally raised $7.7 billion in 2017, is palpable. Although this sector accounts for only 3 percent of total expenditures by private and public educational institutions, it anticipates a 10 percent share by 2030. For good reason : « Without new technologies, advances in neuroscience, massive data processing, and artificial intelligence (AI), it would be impossible to satisfy the needs of the billion students who will be educated in the next decade, and the additional billion adults who will need toupgrade their professional skills, » emphasizes Benjamin Vedrenne-Cloquet, a partner at the UK Ibis Capital investment fund, specialized in EdTech. With the launch of Moocs ('massive open online courses'), hosted by such platforms as Coursera and EdX and conducted by star teachers from the world’s leading universities, new players are reinventing educational systems in the manner of a Netflix, Airbnb, or Spotify in their respective domains. EDUCATION ON DEMAND Most universities are actively seeking to limit the time students spend on campus so they can learnand study wherever, and whenever, they want. This dematerialization of CREATED BY ADRIEN COQUET FROM THE NOUN PROJECT |