Penser une architecture nouvelle, écologique et moins onéreuse. Conceiving a new architecture : more ecological, less costly. A PAR/BY STÉPHANE MALKA Architecte, urbaniste, designer, théoricien, maître conférencier, auteur du Petit Pari(s)*. Architect, town planner, designer, theorist, lecturer and the author of Petit Pari(s)*. l’heure des méga-agglomérations, plus d’un humain sur deux vit en zone urbaine. Jusqu’à peu, la migration vers les villes avait été source de progrès, surtout pour les classes modestes qui y trouvaient alors de meilleures conditions de vie que celles qu’ils avaient laissées dans les zones rurales. Ce phénomène de périurbanisation des mégalopoles génère de terribles pollutions. Suite à ces problématiques, mais aussi du fait de la crise immobilière, financière, démographique, économique, écologique et sociale, la notion de cité et d’urbanité doit être revue. La ville de demain imaginée à grand renfort de gratte-ciel vertigineux est une vision obsolète du xix e siècle. Aujourd’hui, il est nécessaire de penser la ville et de panser l’architecture comme un véritable « médecin » des villes, avec ses points d’acupuncture. Ces villes devront être compatibles « POUR UN URBANISME RÉVOLUTIONNAIRE » « REVOLUTIONARY URBANISM » avec les ressources limitées que notre environnement requiert. La vision univoque de la tabula rasa – détruire pour reconstruire – devra être remplacée par une logique plus douce et plus écologique de transformation et d’extension du patrimoine existant. Désormais, on peut conquérir les toits, découvrir de nouveaux urbanismes et de nouveaux horizons. Ces constructions « hors sol » s’affranchissent de l’acquisition d’une parcelle et permettent l’accession à des biens neufs avec des budgets plus accessibles, allant jusqu’à 60% d’économie sur leur prix d’achat. Moins onéreux, cet urbanisme révolutionnaire est aussi plus écologique car il évite la destruction d’un immeuble existant ; en effet, le bilan carbone pour la construction et la destruction d’un bâtiment moyen est d’environ 30 000 tonnes équivalent CO 2, ce qui correspond à la consommation annuelle moyenne de plus de 16 000 citoyens en zone urbaine. Cet urbanisme novateur permet aussi de recréer des nouveaux pôles de logements ou d’équipements au sein des centres-villes, évitant des pollutions liées à un étalement urbain démesuré. Cette nouvelle architecture intègre aussi bien des logements, que des bureaux, salles de spectacles et cafés, ateliers d’artistes, skateparks ou encore jardins suspendus sur les toits de Paris, Londres, Naples, Tokyo ou New York. La ville du futur sera non pas une, mais deux entités : la cité historique sur laquelle sera imbriquée et superposée celle de demain en mutation. C’est l’unique alternative à la sauvegarde du patrimoine, ainsi qu’aux constructions nécessaires au développement des villes. O u *Courtes et longues éditions, 2014. SEPTEMBRE/OCTOBRE 14 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 In this era of megacities, over half the world’s population lives in urban areas. Until recently, migration to cities was a source of progress and improved conditions, especially for people in lower income brackets. This phenomenon generated terrible pollution. The demographic, economic, ecological, and social crises we now face demand a reconception of cities and urban life. The futuristic city of vertiginous skyscrapers is an obsolete 19thcentury vision. Cities must consider limited environmental resources. The approach of destroying to rebuild must be replaced by gentler, more ecological ways of transforming existing structures. We can build on rooftops and discover new urban planning strategies. These « off-the-ground » buildings don’t require new land and can saveup to 60% on the price of a home. This cost-effective urbanism is more ecological because it doesn’t destroy existing buildings. In fact, the average carbon footprint for demolishing and rebuilding is the equivalent of 30,000 tons of CO 2, which corresponds to the annual consumption of more than 16,000 people in an urban area. Innovative planning also makes it possible to create housing and service clusters in city centers, avoiding the pollution associated with urban sprawl. The new architecture integrates housing, offices, theaters, cafes, studios, and gardens on the rooftops of Paris, London, Naples, Tokyo, or New York. The city of the future will be enfolded and interlinked with its past. This is the only way to both safeguard our heritage and develop our cities. O u ILUSTRATIONS : STÉPHANE MANEL |