Pour résister face à Amazon et à la Fnac, les libraires parisiens ont fait preuve d’ingéniosité en mettant à profit le numérique. Avec des collègues, Philippe Touron a lancé Paris Librairies : « L’idée est de donner à nos clients l'accès à nos stocks. Avec 130 librairies, nous avons à disposition 1,7 million de volumes. » Sur le site de l’association, il suffit de taper un nom d’ouvrage pour afficher les librairies dans lesquelles il est disponible. On peut l’acheter en ligne ou le réserver en boutique. Pour Philippe Touron, « le rare mérite d’Amazon » est d’avoir obligé les libraires à adopter la logique du « Qu’est-ce qu’Amazon ne peut faire ? ». « Nous avons embelli nos boutiques, travaillé l’accueil du client pour offrir une « expérience » à celui qui franchit notre seuil. » L’année passée, 130 auteurs sont venus en dédicace au Divan. Subsiste une difficulté : « Le poids des loyers commerciaux. » LES RÉSEAUX SOCIAUX À L'AIDE Pour Vincent Monadé, un autre point est à scruter : « la perte des grands lecteurs », ces personnes qui lisent plus de 16 livres par an. « Depuis des années, la durée de temps libre est la même mais internet, les réseaux sociaux ont démultiplié les possibilités. Il s’agit de faire comprendre que le livre est sexy ! » D’où l’intérêt de le sortir des lieux où il est attendu. Mais aussi de miser sur d’autres supports. À ce titre, les « booktubeurs » et autres « bookstagrammeurs », qui utilisent les réseaux sociaux pour valoriser le livre, peuvent apparaître comme un canal intéressant. Quand Le Studio Littéraire (lire p.111) évoque un roman, chaque publication suscite a minima 300 commentaires. « Ces influenceurs ont pris le relais de la presse traditionnelle », souligne Véronique Cardi. Cofondateur du bureau de presse Anne et Arnaud, dédié à la promotion littéraire, Arnaud Labory regarde l’avenir avec philosophie. « La littérature fait partie de l’ADN national. Dans le monde du livre, nous sommes des passeurs de textes, d’idées. » Qu’Hemingway se rassure : le livre, à Paris, est toujours une fête. O u MYRIAM ROBERT Libraire aux Presses universitaires de France (PUF). « Nous, éditeur et libraire, sommes les seuls à avoir l’Espresso Book Machine. Elle permet d’imprimer, à la demande, des livres de notre catalogue mais également tombés dans le domaine public via Google Books, soit, en tout, près de 3 millions de titres. C’était pour nous un enjeu majeur : notre catalogue est énorme et la demande est inégale. C’est aussi une réponse à Amazon qui fait ses choux gras de la vente de livres épuisés à des prix délirants (via sa marketplace). La machine permet d’imprimer 110 pages à la minute, jusqu'à 850 pages pour un livre. Nous pouvons donc imprimer à la demande 90 livres par jour. À Noël, nous avons même proposé un service permettant aux clients de faire une dédicace personnalisée en tête d’ouvrage ! » Bookseller at Presses Universitaires de France (PUF). "We are the only publisher and bookseller equipped with an Espresso Book Machine for printing books on demand from among 3 million titles, including the books from our catalog and those Google Books publications which are now in the public domain. This is our response to Amazon, which generates substantial revenues on out-ofprint books sold at very high prices via its Marketplace. Our machine can printup to 110 pages per minute, 850 pages per book, and 90 books on-demand a day. At Christmastime, we even offer a service for customers to write a personalized dedication at the front of the book." SEPTEMBRE/OCTOBRE 110 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 |