La rentrée littéraire, est-ce le signe que le monde du livre se porte plutôt bien dans la capitale ? De fait, Paris demeure une place littéraire de premier plan. En raison de son histoire d’abord. Les mythes ont la peau dure. Maison de Balzac ou d’Hugo, table de Sartre et Beauvoir au Café de Flore, tombe d’Oscar Wilde au Père-Lachaise, etc. Les fantômes des écrivains célèbres hantent encore les rues de la capitale. « Cette imagerie littéraire est inscrite dans l’inconscient collectif intellectuel », souligne Baptiste Liger, directeur de la rédaction du magazine Lire. LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES Mais Paris ne se repose pas uniquement sur ce passé magnifié. Si la ville est particulièrement dynamique sur le plan littéraire, c’est avant tout parce que les activités liées à l’édition y sont très concentrées. « La France demeure un pays centralisé, rappelle Sophie Langlais, responsable des droits étrangers pour les éditions Les Arènes. En Allemagne, Berlin, Stuttgart ou Hambourg abritent d’importantes maisons. Aux États-Unis, la côte Est prédomine. » En France, c’est Paris qui tient le haut du pavé. Les grandes maisons d’édition possèdent toujours leurs sièges entre le Quartier latin et Saint-Germaindes-Prés : Gallimard rue Sébastien-Bottin, Stock rue de Fleurus, les Éditions de Minuit rue Bernard-Palissy. « Paris abrite non seulement les maisons d’édition mais aussi la majorité des journalistes et des écrivains, rappelle Baptiste Liger. C’est une véritable République des Lettres ! » Une République dont les auteurs assurent également le rayonnement. « Le français fait partie du peloton de tête des langues les plus traduites », note Sophie Langlais. Et ses écrivains ont de nouveau les faveurs des éditeurs étrangers. « Nous sommes sortis des années 1990-2000, dominées par l’autofiction (littérature mêlant fiction et autobiographie, NDLR), analyse-t-elle. À ce moment-là, les éditeurs américains ou anglais boudaient nos productions. » Pour Anne-Laure Walter, rédactrice en chef adjointe de Livres Hebdo, le retour en grâce à l’échelle internationale est d’abord advenu grâce « aux auteurs avec une double culture comme Alain Mabanckou ou Marie NDiaye ». Il s’est poursuivi avec la fiction populaire : L’Extraordinaire Voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikéa (2013) de Romain Puertolas ou encore En attendant Bojangles (2016) d’Olivier Bourdeaut. Résultat des courses : « Ces dernières années, Petit Pays de Gaël Faye a fait l’objet de 30 sessions de droits à l’étranger, Dans le jardin de l’ogre, de Leïla Slimani, de 43 sessions », rappelle Sophie Langlais. Pour Véronique Cardi, directrice générale du Livre de Poche, « la force de Paris comme place littéraire tient à ses librairies ». Selon une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme sur l’évolution des commerces à Paris, la ville compte, en 2017, 703 librairies. C’est 48 de moins qu’en 57 bibliothèques de prêt, 15 bibliothèques patrimoniales : la capitale possède un beau réseau pour les amateurs de livres. Cette année, une nouvelle bibliothèque a d’ailleurs ouvert ses portes dans le 20 e arrondissement : avec sa superbe façade comme dorée à l’or fin, l’établissement, baptisé du nom de l’écrivaine Assia Djebar ne passe pas inaperçu. Si leurs fonds valent le détour, il en est de même pour leur forme, qu’il s’agisse de l’imposante BNF, de la silhouette médiévale de la bibliothèque Forney ou de la mythique bibliothèque Sainte-Geneviève, repaire des étudiants. SEPTEMBRE/OCTOBRE 106 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 mic is founded on the concentration of the publishing industry. « France remains a centralized country. In Germany, you find major publishers in Berlin, Stuttgart, and Hamburg, » explains Sophie Langlais, head of foreign copyrights at Les Arènes publishing. In France, Paris reigns supreme. The major French publishing houses still have their headquarters in the Latin Quarter and Saint-Germain-des-Prés : Gallimard on rue Sebastien-Bottin, Stock on rue de Fleurus, Editions de Minuit on rue Bernard-Palissy. « A majority of journalists and writers call Paris home. Its a true ‘Republic of Letters,’ » said Liger. French authors also contribute to Paris’global appeal. « The years between 1990 and 2000 were dominated by autofiction [fictionalized autobiography, -Eds], when American and UK publishers tended to ignore our books. But French writers are once again in foreign publishers’favor. French is one of the most translated languages, » notes Langlais. Anne-Laure Walter, deputy editor at Livres Hebdo, said that « Bi-cultural authors, like Alain Mabanckou and Marie NDiaye, have provoked renewed global interest » now extending to fiction, as with Romain Puertolas’The Extraordinary Voyage of the Fakir Who Got Trapped in an Ikea Wardrobe (2013) and Olivier Bourdeaut’s Waiting for Mr. Bojangles (2016). « The rights to Gaël Faye’s Small Country and Leïla Slimani’s In the Ogre’s Garden were sold in 30 and 43 countries Tous à la bibli ! Get thee to the library ! The capital’s outstanding network of 57 standard libraries and 15 heritage libraries is a boon to book-lovers. This year, the Assia Djebar Library opened its beautiful gilded doors in the 20th arrondissement. Other establishments worth visiting include the imposing BNF (Bibliothèque Nationale de France), the Forney library, set in a turreted mansion, and the Sainte-Geneviève library, a legendary haunt for students, all with exceptional treasures. |