Al’automne, Paris vibre de mille bruissements de feuilles. Celles, évidemment, des arbres que la saison dépose au sol. Mais également celles des pages de livres passionnément feuilletées par les Parisiens dans les librairies. Et pour cause, à partir de la mi-août, débute un temps essentiel de la vie de la capitale : la rentrée littéraire. « Un phénomène qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le monde », souligne Vincent Monadé, président du Centre national du livre (CNL). C’est en effet le moment où les éditeurs proposent leurs salves de nouveautés sur les tables des librairies. « La rentrée est surtout un moment de surexposition médiatique très bon pour le marché », analyse Philippe Touron, directeur de la mythique librairie Le Divan, propriété du groupe Gallimard, située dans le 5 e arrondissement. En 2018, 567 nouveaux romans sont ainsi attendus, dont 381 français. Parmi ceux-ci, 94 d’entre eux sont des premières œuvres. Maylis de Kerangal, Amélie Nothombou encore Alain Mabanckou font partie de cette cuvée 2018. Laquelle débouche sur la saison des prix littéraires qui s’enchaînent à l’automne. Goncourt, Femina, Médicis, Renaudot, Interallié – pour ne citer qu’eux – jalonnent l’automne parisien et donnent un coup de fouet conséquent aux ventes de livres. « La puissance du prix Goncourt est inégalable, estime Vincent Monadé. Même le prix Pulitzer américain ne peut rivaliser. » De fait, en 2017, L’Ordre du jour d’Éric Vuillard, prix Goncourt 2017, a tutoyé les 300 000 exemplaires vendus (quand Qu’avons-nous fait de nos rêves ? de Jennifer Egan, prix Pulitzer 2011, s’est vendu à 280 000 exemplaires). « Dans les trois derniers mois de l’année, entre les prix et Noël, nous réalisons 35% de notre chiffre d’affaires annuel », résume Philippe Touron. i PAULINE BUISSON Scout littéraire, cofondatrice de l’agence V & P scouting. « Avec mon associée, nous avons monté notre agence en 2015. Mon travail ? Les droits de traduction étant un domaine concurrentiel, le scout va défricher le meilleur à traduire pour le proposer à ses clients, les éditeurs étrangers. Notre agence a ainsi proposé le dernier roman de Yannick Haenel (Tiens ferme ta couronne) à l’éditeur italien avec lequel nous travaillons. À travers nous, l’ouvrage de Joël de Rosnay, La Symphonie du vivant, a trouvé preneur en Espagne, au Brésil et également en Italie. Auprès de nos interlocuteurs étrangers, la littérature française a bonne presse. Pour eux, Paris est une place qui compte car elle propose une production de qualité et, en raison du prix unique du livre, nous possédons un excellent réseau de librairies (que les éditeurs étrangers envient et aiment visiter). » Literary scout and co-founder of the V & P agency. "My partner and I opened our agency in 2015. Because translation rights are a competitive field, a scout finds the best books to translate and markets them to foreign publishers. Our agency recently sold Yannick Haenel’s latest novel,Tiens Ferme ta Couronne, to an Italian publisher. We also helped Joel de Rosnay’s La Symphonie du Vivant find publishers in Spain, Brazil, and Italy. French literature benefits from a positive image abroad. People see Paris as a place that counts because it offers quality publications and, thanks to controlled pricing for books, we have an excellent network of bookstores that foreign publishers envy but love visiting." SEPTEMBRE/OCTOBRE 104 - PARIS WORLDWIDE SEPTEMBER/OCTOBER 2018 |